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FRANCE

36 heures après les attaques à Paris, le point sur l’enquête

Ce dimanche matin, la police a découvert une voiture qui aurait servi à une des équipes de terroristes à Montreuil. Trois kalachnikovs et une arme de poing ont été retrouvées à l’intérieur de ce véhicule noir.
VICE News / Etienne Rouillon

Trois kalachnikovs et une arme de poing ont été retrouvées ce dimanche matin par la police française, dans une Seat noire stationnée à Montreuil, une commune limitrophe de l'est de Paris, a appris l'AFP de source judiciaire. Les assaillants qui auraient perpétré trois attaques à l'arme de guerre rue Bichat (15 morts), rue de la Fontaine-au-Roi (5 morts) et rue de Charonne (19 morts) entre 21 h 25 et 21 h 36 vendredi soir, ont été aperçus dans un modèle identique, une Seat Leon noire, par des témoins.

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L'équipage de la Seat noire ferait partie d'une des « trois équipes terroristes coordonnées » responsables des attentats de vendredi soir, d'après le procureur de la ville de Paris, François Molins. Samedi sur les coups de 19 heures, le procureur a tenu une conférence de presse pour faire le point sur l'enquête.

Les deux autres « équipes » sont celle du Stade de France, où trois kamikazes se sont fait exploser à proximité de l'enceinte sportive, faisant un mort ; et celle du Bataclan, où trois assaillants arrivés dans une Polo noire immatriculée en Belgique ont tiré dans la foule, avant de prendre en otage une partie du public et de se faire sauter lors de l'assaut du RAID et de la BRI. 89 personnes sont mortes dans la salle de concert parisienne d'après les derniers chiffres.

Le bilan toujours provisoire des attaques de vendredi était ce samedi soir de 129 morts, 352 blessés, dont 99 en « urgence absolue » d'après François Molins. Ce dimanche midi, Manuel Valls a annoncé que 103 corps sur les 129 avaient été identifiés.

La piste belge

Ce samedi, en milieu de journée, l'enquête avait pris le chemin de la Belgique, où 3 hommes ont été arrêtés à la frontière franco-belge. L'un d'entre eux, un ressortissant français qui vit en Belgique, a été identifié comme l'homme qui a loué la Polo noire des assaillants du Bataclan. On ignore pour le moment son implication dans les attaques de vendredi. Les trois personnes interpellées ne sont pas connues des services de renseignements français et séjournaient toutes à Bruxelles dans le quartier de Molenbeek.

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Plus tard dans l'après-midi de samedi, la police belge a procédé à plusieurs perquisitions dans le quartier de Molenbeek. Selon les informations de la RTBF, un homme aurait été arrêté au cours des perquisitions de ce samedi après-midi, alors qu'il essayait de s'enfuir. « Les policiers ont fait sortir un homme [d'une voiture] et ils l'ont menotté. C'était vers 17h00, la rue était bloquée. L'homme avait entre 30 et 40 ans, » témoigne un riverain auprès du média belge. Dimanche matin, la bourgmestre de Molenbeek a confirmé cinq arrestations.

Des médias rapportent de source policière qu'un ticket de parking de Molenbeek aurait été retrouvé dans une des deux voitures utilisées par les assaillants — donc soit la Polo ou la Seat. Ce quartier de Bruxelles est connu pour avoir été le lieu de résidence de Mehdi Nemmouche, l'auteur de l'attentat contre le Musée juif de Belgique, en mai 2014 à Bruxelles. Ayoub El-Khazzani, auteur de la tentative d'attentat dans le train Thalys, en août dernier avait aussi séjourné dans le quartier.

Un kamikaze du Bataclan identifié

Lors de sa conférence de presse, François Molins a annoncé ce samedi soir qu'un des assaillants du Bataclan avait été identifié grâce à des empreintes relevées sur un doigt sectionné. Né en 1985 en banlieue parisienne, il avait déjà été condamné à 8 reprises pour des petits délits — sans aucune incarcération. Depuis 2010, il fait l'objet d'une « fiche S pour radicalisation » mais « n'a par contre jamais été impliqué dans un dossier de filière ou d'association de malfaiteurs terroriste », a souligné le procureur.

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Selon des sources policières, il se nomme Omar Ismaïl Mostefaï et fréquentait la mosquée de Lucé en Eure-et-Loir, près de Chartres, où il résidait. Le maire de la ville, Jean-Pierre Gorges, a confirmé l'identité du kamikaze. D'après les informations du journal Le Monde, Mostefaï aurait voyagé en Syrie durant l'hiver 2013-2014. Les enquêteurs auraient retrouvé une trace de son passage en Turquie.

Aujourd'hui, la question qui se pose, c'est de savoir s'il existe une filière à Chartres ou si Ismaël Mostefaï était un individu isolé en lien avec d'autres réseaux belges ou autres », s'interroge le maire de Chartres.

Six proches de Mostefaï ont été placés en garde à vue pour procéder à diverses vérifications. Il s'agit de la procédure habituelle dans ces types d'affaires. Les domiciles du père et du frère de l'assaillant du Bataclan ont été perquisitionnés. Le frère de la victime s'était présenté de lui-même à l'hôtel de police de Créteil samedi soir.

« C'est un truc de fou, c'est du délire… », avait-il réagi samedi avant sa garde à vue auprès de l'AFP, la voix tremblante. « Moi, hier, j'y étais sur Paris et j'ai vu comment c'était la merde ! » Il a aussi précisé qu'il avait coupé les ponts avant son frère depuis plusieurs années, à cause d' « histoires de famille ». Toujours selon son frère, Ismaël Mostefaï était parti s'installer en Algérie il y a quelques années.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray