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au secours

Kelly Betesh : la it-girl de la droite hardcore

Ex-égérie du Front National, elle prête désormais sa jeunesse à Florian Philippot, et sera, ce week-end, la star du premier congrès des Patriotes. Rencontre.
Photo : Facebook

On a découvert son visage en 2015 sur l’affiche Front National invitant à « choisir sa banlieue ». D’un côté, une femme en niqab. De l’autre, Kelly Betesh, 19 ans à l’époque, joli minois peint aux couleurs du drapeau français. Trois ans plus tard, devenue étudiante en maïeutique (la formation pour devenir sage-femme), elle a quitté le FN et s’apprête à monter à la tribune lors du tout premier congrès des Patriotes, le parti de Florian Philippot, qui se tiendra ce dimanche 18 février, à Arras. Une belle prise, comme on dit dans le jargon : jeune, moderne et ultra-connectée, Kelly Betesh a été le visage de « dédiabolisation » du Front National. Placée au premier rang des meetings, ou bien en vue sur la scène aux côtés des cadres du parti, elle incarnait cette nouvelle extrême droite proprette et diplômée – loin, très loin des crânes rasés qui remplissaient les gradins. Cette fois, c’est pour les beaux yeux de celui qu’elle appelle « mon Floflo » qu’elle prêtera sa jeunesse.

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À 21 ans, Kelly Betesh a déjà bien roulé sa bosse dans les arcanes de la droite hardcore. Issue d’un foyer aisé de tradition « souverainiste », elle s’est engagée au FN quand elle n’était encore que lycéenne. Un choix qui n’est pas bien passé auprès de ses camarades du lycée Lavoisier, plutôt fréquenté par des rejetons de la gauche bobo. Isolée, Kelly a pris sa revanche sur les réseaux sociaux où ses selfies ont connu son petit succès, notamment grâce à sa passion pour les improbables tenues « bleu-blanc-rouge ». Contactée par Julien Rochedy, le président du FN Jeunesse, elle a très vite a été bombardée responsable locale des 5ème et 6ème arrondissements de la capitale.

« J’ai changé l’image du FN »

Au départ, c’est le concept de « priorité nationale », pierre angulaire du programme frontiste, qui l’a séduite. « Mais je n’y vois rien de raciste. C’est juste logique », assure-t-elle aujourd’hui, un peu mal à l’aise dans ce bar proche de la Sorbonne, où elle n’avait jamais mis les pieds avant cette interview pour Vice. Elle est venue accompagnée de Thomas Laval, son petit ami, lui aussi ex-FN et néo-Patriotes, à qui elle jette des regards inquiets. Et la voici qui déroule son itinéraire de it girl d’extrême droite : sa rencontre avec Marine Le Pen – « sincère, humaine, courageuse - , et avec Jean-Marie – « qui n’est pas un nazi » -, et sa mise en orbite par le parti. Elle se souvient notamment de ce défilé du 1 er mai où elle est photographiée les cheveux au vent, le regard exalté, dans une robe bleue blanc rouge (une obsession, décidément) : « pour beaucoup de gens, j’ai changé l’image du FN », assure-t-elle sans complexe.

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« Dans mon école, des jeunes femmes ont été sommées de retirer leur foulard et depuis, tout va mieux »

Pourtant, aujourd’hui, la rupture est consommée. Pendant la campagne pour les dernières présidentielles, Kelly n’a pas supporté de voir la présidente du FN renoncer à une sortie pure et simple de l’Union Européenne : « réformer l’Europe de l’intérieur, je n’y crois pas », lance-t-elle, sans en dire plus. Quand Florian Philippot a fondé les Patriotes, elle a naturellement rejoint cet anti-européen acharné. Tout en continuant de réciter le B.A BA de l’extrême droite tradi : extension de la loi sur les signes religieux à l’école, notamment à l’université et dans les centres formations professionnels – « dans mon école, des jeunes femmes ont été sommées de retirer leur foulard et depuis, tout va mieux » - ou régulation de « l’immigration massive ». Mais promis, aucun racisme dans tout cela car Kelly l’assure, sans rire : « les Patriotes s’intéressent au projet d’électriser l’Afrique ». C’est dit avec une telle candeur que l’espace d’un instant, on hésite à lui dire que les Africains n’ont pas attendu Florian Philippot pour voir la lumière…

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Photo : Instagram

Évidemment, ses copains restés au Front n’ont pas pardonné sa trahison à celle qu’ils surnomment « la félonne ». Davy Rodriguez assure même de ne pas la connaître. Même silence du côté de Jordan Bardella, à l’origine de la fameuse affiche invitant à « choisir sa banlieue ». Quand on demande à Kelly Betesh ce qu’elle en pense, la jeune femme coule un regard entendu à son petit ami et lance, dans un gloussement : « c’est mon ex… »

Ces chamailleries derrière elle, Kelly Betesh peut espérer une belle carrière : ce weekend à Arras, c’est elle qui présentera officiellement les différents secrétaires départements du parti devant les 500 militants attendues au congrès des Patriotes. Un baptême de feu pour celle qui jure ne se destiner qu’à une carrière de sage-femme…

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