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Crime

5 millions de personnes sont menacées par la famine au Nigeria

La guerre fait rage depuis 7 ans dans le nord du Nigeria, à cause de l'organisation terroriste Boko Haram.
Des femmes et des enfant attendent devant une clinique mobile de Maiduguri au Nigeria. (Photo de Tyler Jump/International Rescue Committee)

La guerre fait rage depuis 7 ans dans le nord du Nigeria, à cause de l'organisation terroriste Boko Haram. Aujourd'hui, 5 millions de personnes ont « un besoin urgent de nourriture » et 250 000 enfants souffrent de malnutrition avancée, a annoncé l'International Rescue Committee (IRC) en fin de semaine dernière.

Alors que les travailleurs humanitaires ont pu accéder ces derniers mois à des zones jusqu'alors inaccessibles (à cause de la présence de Boko Haram), ils ont été surpris par la gravité de la situation des populations libérées.

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« Ce qui est le plus rageant, c'est qu'il s'agit d'une famine créée par l'homme, » explique Sarah Ndikumana, la directrice de l'IRC au Nigeria. « Il y a d'innombrables enfants de moins de 5 ans qui sont sur le point de mourir parce qu'ils ont été coincés au milieu de ce conflit. »

Dans une clinique mobile de Maiduguri, la petite Falmata Usman, âgée de 6 mois, est traitée pour malnutrition aiguë. Une médecin mesure la taille de son bras, pendant que sa mère de 38 ans la maintient. (Photo de Tyler Jump/International Rescue Committee)*

Un père attend avec son fils, qui reçoit un traitement contre la malnutrition, dans un hôpital de l'État de Yobe. (Photo d'Ikram N'gadi/Médecins sans frontières)

L'appel lancé par l'IRC suit celui du sous-secrétaire général de l'ONU, Toby Lanzer, qui s'inquiétait de la famine imminente qui allait frapper la région.

« Nous allons assister, je pense, à une famine qui ne ressemblera à aucune autre, » a déclaré Lanzer, il y a deux semaines, à Bruxelles.

Environ 15 pour cent des enfants de moins de 5 ans dans le nord du Nigeria souffrent de malnutrition, et l'ONU estime que 184 enfants vont mourir chaque jour de la famine et d'autres maladies liées à l'état de famine.

« Il s'agit probablement d'une des plus graves crises sanitaires dans le monde en ce moment — sans doute la plus importante en terme numérique, » indique Nathalie Roberts, une médecin de MSF. « C'est ahurissant d'observer ces niveaux de malnutrition de nos jours au Nigeria. »

Des médecins de MSF installent un centre pédiatrique et nutritif dans la ville de Monguno. (Photo d'Ikram N'gadi/Médecins sans frontières)

Pendant l'été, il est devenu de plus en plus clair que le nord du Nigeria était au bord d'une crise sanitaire. Des organisations humanitaires avaient enfin réussi à pénétrer dans des zones qui étaient impossibles d'accès, à cause des combats — notamment dans l'État de Borno, où est né Boko Haram.

En juin, MSF a reçu une autorisation de l'armée, pour pouvoir accéder à la ville anciennement assiégée de Bama. Accompagnés d'un convoi militaire, les humanitaires sont tombés sur 24 000 personnes qui vivaient dans un camp, et 200 cadavres de personnes décédées à cause de la famine. Il y avait aussi des centaines d'enfants souffrant de malnutrition aiguë. À l'époque, MSF avait parlé d'une « urgence humanitaire catastrophique ».

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L'insurrection violente de Boko Haram a explosé en 2009, quand ses militants ont pris le contrôle de parties de territoires dans l'État de Borno — avant de s'exporter dans les pays avoisinants comme le Tchad et le Niger. Le Nigeria a véritablement lancé sa campagne militaire dans le Nord en 2015, isolant encore plus des millions de Nigérians du reste du pays, et donc des structures médicales, commerciales et des sources de nourriture. Les organisations humanitaires s'attendaient à ce que la situation soit critique, mais elles ont été surprises par le nombre de personnes concernées.

« Personne ne s'attendait à ce que cela soit aussi grave, » a indiqué Roberts.

Environ 15 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, vivent dans ce camp gardé par des soldats dans la ville de Bama. Les combattants de Boko Haram sont stationnés à quelques kilomètres de là. (Photo de Hakim Khaldi/Médecins sans frontières)

Depuis juin dernier, MSF a pu accéder à Bama environ une fois par mois, grâce à un hélicoptère. Un front encore particulièrement actif se trouve près de la ville. Les maisons de Bama se sont vidées, tout le monde ayant migré vers le camp gardé. Les travailleurs humanitaires ne peuvent rester que quelques jours, explique Roberts.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a depuis annoncé qu'elle allait amplifier son aide dans la région, l'un des endroits du monde les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. En plus de la malnutrition, l'agence de santé onusienne a découvert une épidémie de polio.

D'après MSF, la malnutrition a atteint un niveau endémique à Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, une ville pourtant bien desservie par l'aide humanitaire depuis des années. Des centaines de milliers de personnes vivent dans des camps et des abris informels autour de la capitale.

Roberts estime qu'il n'y a pas assez de nourriture pour la population. Les travailleurs humanitaires peuvent essayer de s'attaquer à la malnutrition et aux autres maladies, mais sans nourriture c'est un combat perdu d'avance.

« Il ne s'agit pas d'une solution à long terme, » explique Roberts. « Si la crise alimentaire continue, ils vont à nouveau souffrir de malnutrition. La situation s'aggrave de jour en jour. »


Suivez Kayla Ruble sur Twitter : @RubleKB