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Panama

5 questions pour comprendre le scandale des Panama Papers

François Hollande annonce des enquêtes après la révélation de noms français dans cette fuite sans précédent.
Panama City. (Photo via Matthew Straubmuller/Flickr)

C'est un trésor massif : des documents confidentiels d'une entreprise du Panama, appelée Mossack Fonseca. Ces données ont été rendues publiques ce dimanche. Elles dévoilent un large réseau offshore de sociétés écran derrière lesquelles on trouve de hauts fonctionnaires, des chefs de gouvernement, des personnalités du monde sportif.

On trouve derrière ces coquilles vides des membres d'une élite internationale qui ne fait pas toujours des choses illégales, mais cherche à payer le moins d'impôts possible, thésauriser un maximum d'argent, et contourner des sanctions économiques.

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1. Que trouve-t-on dans les Panama Papers ?

Cette fuite gigantesque d'informations a été surnommée les « Panama Papers ». Ces « papers » (« papiers » ou « documents ») consistent en plus de 11,5 millions de documents. 12 chefs de gouvernement, en poste ou anciennement aux affaires, sont cités. Les documents ont été obtenus par le journal allemand Suddeutsche Zeitung (SZ) et ont été partagés avec le International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), un groupe international de journalistes d'investigation.

« Les fuites exposent des possessions offshore de 12 anciens et actuels chefs d'États, et révèlent comment des associés du président russe Vladimir Poutine ont déplacé secrètement pas moins de 2 milliards de dollars via des banques et des sociétés écran, » écrit l'ICIJ dans sa présentation des fuites de dimanche. « Les documents apportent de nouveaux détails en liens avec des scandales majeurs, dont des vols d'or célèbres en Angleterre, une affaire politique de blanchiment d'argent en cours au Brésil, des accusations de corruption secouant la FIFA. »

2. Comment a-t-on mis la main sur les Panama Papers ?

Le journal SZ a expliqué qu'une source anonyme a contacté ses reporters il y a plus d'un an. La source leur a donné accès à 2,6 terabytes de données, provenant de Mossack Fonseca. Cette entreprise vend des sociétés anonymes offshore à travers le monde.

Le ICIJ et le SZ ont fait équipe avec des reporters du monde entier travaillant pour plus d'une centaine de médias. Ils ont fouillé dans cette immense base de documents. Les Panama Papers ne sont en ligne que depuis 24 heures, mais les répercussions sont déjà impressionnantes. L'étendue de ces fuites est sans précédent.

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3. Les Panama Papers dévoilent-ils des pratiques illégales ?

Les sociétés écran vendues par Mossack Fonseca « permettent à leurs propriétaires de masquer leurs deals financiers, aussi louches soient-ils, » écrit le SZ, relevant le fait que les clients de l'entreprise du Panama comptent des « criminels et des membres de divers groupes mafieux », en plus des membres de gouvernements et de leurs associés ou proches.

« Si l'on parle en général, posséder une société offshore ce n'est pas illégal en soi. En fait, monter une entreprise offshore peut être vu comme une étape logique pour tout un type de transactions financières, » explique SZ. « Toutefois, quand on regarde les Panama Papers, on voit très vite que cacher l'identité des véritables propriétaires des sociétés a été le but premier dans la majorité des cas. »

Image via The Panama Papers

4. Qui est visé ? Qui sont les Français cités ?

La personne qui semble pour le moment la plus touchée par ces révélations, c'est le Premier ministre islandais. Sigmundur Davîo Gunnlaugsson fait face à de fortes critiques et à une demande d'élections anticipées. Les Panama Papers révèlent qu'il est l'un des nombreux politiques à avoir utilisé des sociétés écran pour cacher son argent. Des documents révèlent que Gunnlaugsson, avec sa femme et associée Anna Sigurlaug Palsdottis, ont monté une société écran offshore en 2007. Elle a été établie dans les Îles Vierges en 2007, par Mossack Fonseca.

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Gunnlaugsson, qui a pris ses fonctions après la grave crise financière de 2008 en Islande, avait mis en avant le fait qu'il voulait défendre le pays des créanciers étrangers, qu'il avait présenté comme des « vautours ». Il était resté discret sur ses 4 millions de dollars en obligations placés dans une société écran offshore. Dans le passé, il avait nié avoir un compte offshore.

Parmi les célébrités citées par les Panama Papers, on remarque également Michel Platini, président de l'UEFA qui est aujourd'hui suspendu, ou Lionel Messi, joueur vedette du FC Barcelone.

On trouve aussi de nombreux membres de l'élite russe, des proches du président Vladimir Poutine comme le révèle l'analyse des documents par le Guardian. Le journal met à jour un réseau d'une valeur de 2 milliards de dollars qui remonterait sinon jusqu'à Poutine, du moins jusqu'à son cercle de très proches.

On retrouve également dans les Panama Papers, les noms de : Petro Poroshenko (président de l'Ukraine), des proches de Bachar al-Assad, le roi Salman d'Arabie saoudite, des proches d'un ancien Premier ministre chinois, d'Hosni Moubarak (ancien président d'Égypte).

Côté français, il y aurait un millier de personnes concernées. On mentionne les noms de Patrick Balkany, Jérôme Cahuzac ou encore Patrick Drahi. Le Monde annonce des révélations à venir, tout comme l'émission Cash Investigation de ce mardi soir, sur France 2.

En fin de matinée, le président François Hollande s'est exprimé sur l'affaire des « Panama Papers » et a annoncé que les révélations feraient l'objet d'enquêtes de la part des services compétents en France, en se félicitant de possibles rentrées fiscales.

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5. Comment a réagi l'entreprise Mossack Fonseca ?

Dans un communiqué publié ce dimanche soir par le Guardian, Mossack Fonseca indique que cette fuite de documents est un « crime », conteste de nombreux points des révélations, notamment le nom de certains clients, et laisse entendre que l'entreprise entreprendra des actions en justice.

« Pendant 40 ans, Mossack Fonseca a opéré sans qu'on lui fasse le moindre reproche, dans notre pays et sous d'autres juridictions, où nous avons des opérations. Notre entreprise n'a jamais été accusée ou condamnée pour des agissements criminels, » annonce Carlos Sousa, le directeur des relations publiques de Mossack Fonseca.


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_Tess Owens a participé à la rédaction de cet article. Suivez-la sur Twitter _@misstessowen__

Panama City. (Photo via Matthew Straubmuller/Flickr)