On a parlé avec l’un des Québécois de l’extrême droite présents à Charlottesville

Beauvais-Macdonald était jusqu'à cette semaine l'administrateur de la page anglophone de La Meute, un groupe québécois ultranationaliste qui dit compter plus de 55 000 membres sur Facebook. On le reconnaissait clairement dans l'épisode de VICE News Tonight qui couvrait les événements de Charlottesville. Il faisait partie d'un groupe affirmant être venu du « nord de la frontière » pour y participer. Dans le documentaire, on le voit serrer la main du militant suprémaciste blanc américain Christopher Cantwell.

« Je me suis rendu à Charlottesville pour protester contre l'effacement systématique de l'Histoire occidentale et pour défendre le premier amendement de la Constitution américaine, que j'envie en tant que Canadien », se justifie-t-il.

Beauvais-Macdonald affirme avoir fait le trajet de douze heures de Montréal vers la Virginie de son propre chef. Il refuse de nous confirmer s'il s'y est rendu avec d'autres Québécois. Il dit n'avoir aucun lien avec des groupes américains, mais qu'il est seulement « fier d'être blanc ».

« Je crois qu'on doit être fiers de notre race [sic] et de nos accomplissements, et qu'on doit arrêter de vivre dans la honte fabriquée et conférée par l'intelligentsia. »

Le militant d'extrême droite refuse d'être associé à des groupes suprémacistes blancs comme les néonazis ou le KKK, qui faisaient partie de l'organisation de la marche. « Je n'en sais pas assez sur eux pour commenter, dit-il. D'après moi, leur version moderne est différente du mouvement original. Honnêtement, je crois que c'est une opposition dirigée dans le but d'enterrer l'objectif de ces rassemblements en accaparant toute l'attention d'une façon qui correspond à la vision des médias. »

Dimanche, James Field, un homme de 20 ans, a foncé dans une foule de manifestants antifascistes avec sa voiture, tuant la militante Heather Heyer, 32 ans. Pourtant, Beauvais-Macdonald ne voit pas là un acte terroriste prémédité. « Je vois ici un homicide involontaire. Peu importe s'il l'a fait par exprès ou par peur, je n'appuie pas cet acte. »

Il met la faute sur les groupes antifascistes présents à la contre-manifestation. « Ce sont de pauvres idiots. Considérant leurs tactiques violentes, ils devraient être considérés comme un groupe terroriste. Ce sont eux qui avaient des projectiles dangereux tels que des bouteilles remplies de glace ou de ciment, qui ont poivré des gens, qui lançaient de l'urine et qui frappaient à coups de bâton. »

Le porte-parole de La Meute, Sylvain Brouillette nous a confirmé que Shawn Beauvais-Macdonald a été exclu du groupe cette semaine. « Il n'y a rien dans notre discours qui s'approche de celui des suprémacistes blancs, dit-il. La Meute est un groupe nationaliste, mais pour nous, notre nation inclut les Canadiens de toutes les races et de toutes les origines. Les gens qui ont des propos racistes dans notre groupe reçoivent un seul avertissement et s'il y a récidive, ils sont exclus du groupe. »

Shawn Beauvais-Macdonald respecte cette décision. « Mon implication dans la manifestation n'est pas en phase avec les visions de La Meute, explique-t-il. Malgré toutes les accusations auxquelles ils font face, ils se battent pour une cause juste et noble. »

L'identité de Beauvais-Macdonald, ainsi que celle du Montréalais Vincent Bélanger-Mercure, un autre manifestant d'extrême droite présent à Charlottesville, a été publiée en ligne par le groupe Anti-Pégida Québec.

Le prétexte de la manifestation du week-end dernier était le retrait de la statue de Robert E. Lee d'un parc, un général confédéré pendant la guerre de Sécession, de 1861 à 1865.

Avec Brigitte Noël

Simon Coutu est sur Twitter.