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Crime

Des manifestations éclatent en Turquie après une semaine d’opérations militaires meurtrières

La police a fait usage de gaz lacrymogène et de balles en plastique pour disperser les manifestants rassemblés à Istanbul et Diyarbakir, qui protestaient contre des opérations militaires qui auraient fait 110 morts parmi les militants kurdes.
Photo de Sedat Suna/EPA

Des affrontements armés se sont poursuivis ce dimanche à travers le sud-est de la Turquie, où une opération des forces gouvernementales turques se joue depuis 6 jours — une campagne qui a mené à la mort de 110 militants kurdes, d'après un bilan des forces de sécurité.

Des manifestations ont eu lieu ce dimanche à Istanbul et à Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est turc, où des centaines de personnes protestaient contre les opérations militaires dans la région. La police a tiré du gaz lacrymogène et des balles en plastique pour disperser la foule.

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Le gros des affrontements a eu lieu à Cizre et à Silopi, deux villes près des frontières avec la Syrie et l'Irak, où un couvre-feu est imposé depuis près d'une semaine. Nusaybin et Dargecit, deux villes de la province de Mardin et le quartier historique de Sur à Diyarbakir ont aussi été le théâtre de violentes batailles.

Footage from Cizre, southeastern — John Beck (@JM_Beck)December 20, 2015

More Cizre footage. Black smoke rising over the town after fighting as security forces impose curfew. — John Beck (@JM_Beck)December 20, 2015

S'ils sont enracinés dans la campagne turque, les militants du PKK se sont aussi installés dans les villes du sud-est turc depuis quelques années — creusant des tranchées et installant des barricades dans les rues pour maintenir les forces de sécurité à l'écart.

Les forces sécuritaires et des locaux estiment que près de 300 maisons de Cizre ont été endommagées dans les affrontements. Des obus qui n'ont pas explosé sont aussi à l'intérieur de certains bâtiments.

L'électricité a été coupée dans plusieurs quartiers de Silopi, alors que les transformateurs électriques ont été endommagés. La nourriture et l'eau potable commençaient à se faire rares d'après des habitants.

Un cessez-le-feu de 2 ans entre la Turquie et le PKK s'est effondré en juillet dernier, bouleversant les négociations de paix et relançant un conflit qui a ravagé le sud-est, à majorité kurde, pendant trois longues décennies.

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« Nous ne nous fatiguerons pas, » a déclaré le Premier ministre Ahmet Davutoglu, lors d'un discours prononcé devant des partisans du parti au pouvoir. « Nous nous battrons jour et nuit jusqu'à ce que toutes les montagnes, toutes les villes et tous les quartiers de ce pays soient débarrassés de ces centres de terreur. »

Ces dernières opérations — qui auraient été conduites par 10 000 policiers et soldats soutenus par des tanks, d'après les médias locaux — sont les plus importantes depuis la fin du cessez-le-feu.

Des tanks déployés sur les collines qui surplombent Cizre ont bombardé des cibles du PKK à l'intérieur même de la ville, pendant qu'un convoi militaire de 30 véhicules blindés a pris d'assaut un des quartiers.

Des centaines de personnes à Istanbul, à Diyarbakir et à Van, une ville de l'est turc, sont donc descendues dans les rues pour protester contre les opérations de sécurité et les couvre-feux.

La police a lancé du gaz lacrymogène, utilisé des canons à eau et tiré des balles en plastique pour disperser la foule qui criait « Longue vie au Kurdistan » sur la place Taksim d'Istanbul, d'après des témoins pour Reuters. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans les trois villes.

Un soldat turc, blessé ce samedi lors d'affrontements à Cizre, est mort de ses blessures ce dimanche, ont annoncé des sources sécuritaires. Un postier qui travaillait pour la compagnie d'État est aussi mort après que des militants du PKK ont attaqué son véhicule sur l'autoroute qui mène à Sirnak, toujours selon des sources sécuritaires.

Le PKK, qui a lancé son insurrection en 1984, est désigné comme un groupe terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne.

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