Toutes les illustrations sont de Pierre Thyss.Ça commence par ça : une difficulté à respirer, comme si l'air devenait de plus en plus compact. Puis après, c'est le cœur qui s'emballe. Le rythme cardiaque s'accélère, on a l'impression de respirer beaucoup trop fort, du coup la sensation d'étouffement est d'autant plus prégnante. Viennent ensuite les bouffées de chaleur, sans doute liées à l'hyperventilation ; on se met donc à transpirer. Et enfin, le pire : les sueurs froides. Celles-ci traduisent la sensation totale de perte de contrôle.
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Durant ces crises d'angoisse, aussi appelées attaques de panique, on se sent repéré, traqué, par les regards de toutes les personnes qui vous environnent. Et plus l'on pense que ça se voit, plus la crise d'angoisse s'accentue. C'est un cercle vicieux engendré par une réaction disproportionnée au stress, et c'est le propre même de toutes les crises.Elles peuvent se déclarer n'importe où. C'est un truc qui vous guette, en permanence, et vous ne savez qu'en faire. Imaginez une menace qui planerait au-dessus de votre tête chaque jour. Et pourtant, dans la tête, on a l'impression d'être tout à fait lucide, de disposer de tous ses moyens. Mais rien à faire, le corps trahit. Comme il trahit entre 5 et 10 % de la population française, soit au moins 3 millions de personnes.En ce qui me concerne, le phénomène a débuté dans les transports en commun à l'adolescence. Chaque fois que je montais dans un bus, un train, l'angoisse était là : mon corps allait-il me trahir ? Je venais de découvrir une nouvelle peur : l'angoisse d'angoisser. Et peu à peu, si on laisse la chose se propager, si on ne la soigne pas au bon moment pour y mettre un terme, elles touchent vite à tous les domaines de votre vie. Évidemment, c'est ce qui m'est arrivé.On réorganise donc peu à peu sa vie en fonction de ça. On sait qu'on ne peut plus sortir dans les grandes surfaces sans danger de crise, on ne prend plus de café, on essaie de diminuer la clope, on sait qu'il faut surtout ne jamais s'asseoir dans les carrés de 4 places des trains. Une raison à cela : avoir quelqu'un en face de vous durant toute la durée d'un trajet est devenu bien trop éprouvant. Dans les cas les plus extrêmes, le regard devient quotidiennement fuyant ; dans les pires moments, j'avais du mal à maintenir le moindre contact visuel sans ciller. La moindre sortie à l'extérieur était devenue une épreuve.
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J'ai essayé de compiler de la manière la plus sincère possible toutes les horreurs que j'ai vécues pendant les années où j'ai été victime de crises d'angoisse, et toutes les leçons que j'ai tirées de cette période.
QUE L'AUTODESTRUCTION EST MON HABITUDE ET MON FLÉAU
QUE L'ENFER, C'EST LES AUTRES DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN
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QUE MON IMAGE M'IMPORTAIT PLUS QUE LA PERSONNE QUE JE SUIS
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QU'ESPÉRER QUE « ÇA VA PASSER » NE RÉSOUT JAMAIS RIEN
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