Lucy (28 ans, Tanzanie)
L'une des premières choses que j'ai dû faire en Belgique, c’était de passer un entretien. Beaucoup de questions m’ont été posées, sur mon voyage par exemple. Mais la vraie question était de savoir si j'avais demandé l'asile à cause de mon orientation sexuelle. Quand j'ai dit que c’était le cas, on m'a demandé si j'étais lesbienne et comment je pouvais être à la fois chrétienne et lesbienne. J'étais choquée.« Quand j'ai dit que je demandais l'asile à cause de mon orientation sexuelle, on m'a demandée comment je pouvais être à la fois chrétienne et lesbienne. J'étais choquée. »
Le personnel n'avait pas la moindre idée de la manière dont il pouvait traiter les questions LGBT+, ni même de la manière dont il pouvait gérer les demandeur·ses d'asile et les procédures en général. Et d'après l'expérience que les personnes LGBT+ partagent avec moi, il semble que peu de choses changent, surtout du point de vue des procédures.La communauté bisexuelle aussi fait l'objet de beaucoup de discrimination. On leur dit qu'iels ne sont pas assez gays. On a eu un souci avec un homosexuel très macho, et selon les personnes qui l'ont interrogé, il était « trop macho pour être gay ». De plus, vous devez parler de ces questions d’identités sexuelles avec un interprète qui n'est pas toujours ouvert d’esprit. Tout cela doit vraiment changer.« La communauté bisexuelle aussi fait l'objet de beaucoup de discrimination. On leur dit qu'iels ne sont pas assez gays. »
Monica (23 ans, Géorgie)
Mais un jour, dans mon quartier, deux personnes transexuelles ont été assassiné·es par un groupe d'hommes. Depuis, j’avais toujours un couteau sur moi pour aller travailler, parce que j'avais peur d’être la prochaine.« Mais un jour, dans mon quartier, deux personnes transexuelles ont été assassiné·es par un groupe d'hommes. Depuis, j’avais toujours un couteau sur moi pour aller travailler, parce que j'avais peur d’être la prochaine. »
Finalement, je suis venue seule en Belgique. J'ai d'abord été choquée parce que l'une des premières choses que j'ai vues, c’est une masse de gens qui attendaient pour demander l'asile. J'ai des frissons quand je repense à cette période. Il y avait tellement de gens qui n'avaient pas l'air bien et qui voulaient simplement vivre une vie normale.Là, je vis en Belgique depuis un an. J'ai le sentiment que je peux être libre ici. Je me sens en sécurité. Ce n'était pas le cas en Géorgie. J'attendais juste que quelqu'un vienne me tuer. En Belgique, au début, j'étais seulement nerveuse parce que je ne savais pas trop si les gens me regardaient mal quand je marchais dans la rue.Mais j'ai de grands projets maintenant. Je suis chanteuse de pop et d'opéra et j’aimerais lancer ma propre chaîne YouTube ou participer à une émission comme Belgium's Got Talent. Je veux aussi ouvrir un petit restaurant géorgien ici avec mes amis. Retourner en Géorgie n'est pas sur ma liste des priorités. La Géorgie m'a trop blessée. Quand j'entends le nom de mon pays, j'en ai la chair de poule tant c'était effrayant.« En Géorgie, quand on est une femme transexuelle, on n'obtient aucune aide et on est considérée comme inexistante. Je voulais vraiment changer la situation, mais je devais aussi penser à ma sécurité. »
Beka (23 ans, Géorgie)
Beka et son partenaire, Vaska (22 ans)
« Ma mère m'a dit qu'elle voulait me couper les parties génitales et m’a menacé de mort. »
Je suis venu en Belgique pour ne pas être tué, mais je ne me sentais pas en sécurité du tout. Heureusement, nous avons découvert un refuge LGBT+ à Bruxelles, « Le Refuge ». Iels n'avaient pas de place pour nous, mais nous ont trouvé une auberge pour quelques nuits. Les Géorgiens qui nous ont menacés ont finalement été virés du camp et on y est retournés. Mais ça reste quand même dangereux. On est toujours ensemble, parce qu’on a peur d'être attaqués.D'un autre côté, j'ai aussi été choqué d'une manière plus positive. Des personnes qu’on n’avait jamais rencontrées essayaient de nous aider. Si on avait été en Géorgie, personne n’aurait bougé. On n’a pas eu la chance de vivre ensemble tous les jours là-bas. On est très reconnaissants des possibilités qui nous sont offertes ici. On n’a qu'une vie, alors pourquoi la passer à se cacher à cause de ce que les autres pensent de nous ?Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.« D'un autre côté, j'ai aussi été choqué d'une manière plus positive. Des personnes qu’on n’avait jamais rencontrées essayaient de nous aider. »