men's street style in lagos, nigeria ​
Photographie Stephen Tayo 
Mode

ne cherchez plus, les hommes les mieux sapés du monde sont à lagos

On a rencontré certains des hommes les plus élégants de la ville « qui concentre la plus grande population noire du monde », à l’occasion du GT Bank Fashion Weekend de Lagos. Straight-up.

Mowalola, Kenneth Ize, Orange Culture : vous connaissez peut-être ces noms, mais au-delà de ça, que savez-vous vraiment de la mode de Lagos, le centre culturel du Nigeria ? Une ville bouillonnante qui abrite plus de 22 millions de personnes et mêle avec passion création et tradition. Ajoutez à cela la confiance sans faille de ses habitants et le résultat est un endroit où (bien) s’habiller est aussi important que dans toute autre capitale de la mode – voire plus important.

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Et il y a peu d’endroits où ce constat apparaît aussi clairement qu’au GT Bank Fashion Weekend. Tenu chaque année depuis 2016, le rendez-vous offre à la fière population de Lagos, celle qui vit au rythme de la mode, l’occasion d’assister à des conférences données par des leaders mondiaux de l’industrie – comme la contributrice d’i-D Adesuwa, cette année – et à des défilés de designers africains pionniers tels que Imane Ayissi ou Tzar Studios.

Mais le moment le plus mémorable de l’événement se tient en extérieur, dans sa grande cour. Beaucoup plus accessible que les deux autres grands rendez-vous mode de Lagos (Arise Fashion Week et Lagos Fashion Week), le GT permet aux visiteurs de réellement prendre part aux festivités, de se rencontrer, d’échanger, de puiser l’inspiration chez d’autres créatifs, eux aussi visiteurs. Avec le photographe Stephen Tayo, i-D est allé à la rencontre de certains des hommes les plus stylés pour savoir ce qu’ils pensent de la mode actuelle de Lagos, et leur demander jusqu'où ils la pensent capable d'aller.

street style in lagos

TeeZee, 28 ans

Qu’est-ce qui t’amène ici ? Mon amie Adewusa donnait une conférence, je suis venu la voir. Qu’est-ce qui t’excite dans la mode en ce moment ? Certains designers, déjà, et particulièrement les Nigérians – j’ai forcément un avis un peu biaisé ! Des gens comme Kenneth Ize, ici à Lagos, et Mowalola, à Londres, qui sont de bons amis à moi et qui sont en train de construire quelque chose d’iconique. Ce sont des sources d’inspiration. Ils inspirent jusqu’à ton look ? Je dirais que j’aime bien faire appel aux matériaux locaux, comme le textile Adire, que je porte aujourd’hui. En ce moment, je suis à fond dans tout ce qui est traditionnel. Comment tu décrirais la mode de Lagos en quelques mots ? C’est… un merveilleux chaos ! Dans le sens où c’est immense et minuscule à la fois. Les différentes couleurs, les palettes, les matériaux, la tradition, l’international, le faux, le vrai – c’est tout ça en même temps. Où imagines-tu la mode de Lagos dans dix ans ? Dans dix ans ? Je prie pour qu’il y ait plus d’infrastructures en place pour permettre aux designers de se développer, pour que l’on ait de nouveaux Kenneth Ize et Mowalola. Et évidemment des gens comme Adesuwa, qui inspire toute la nouvelle génération de mannequins. Lagos concentre la plus grande population Noire du monde – le meilleur est à venir.

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a photo of lagos street style

Oluwagbenga, 21 ans

Qu’est-ce qui t’amène ici ? J’ai toujours aimé assister aux défilés de mode et aux fashion weeks, alors j’ai naturellement décidé de venir faire un tour. Qu’est-ce qui différencie cet événement des autres rendez-vous mode de Lagos ? Ça fait maintenant deux fois que je viens, et j’ai remarqué à quel point le GT Bank Fashion Weekend est génial pour le street style. C’est toujours très agréable de voir d’autres personnes qui donnent de l’importance à leur look et d’y puiser de nouvelles inspirations. Qu’est-ce qui inspire ta façon de t’habiller, justement ? Le Style Infidel a toujours été une grande source pour moi, c’est comme un mentor. Tout ce qu’il fait est incroyable. Comment décrirais-tu la mode de Lagos en quelques mots ? Folle, unique. Tout ce que tu vois, c’est… j’en perds mes mots, c’est impossible à définir.

a photograph of lagos street style

Ekow Barnes, 24 ans

Qu’est-ce qui inspire ta façon de t’habiller ? Pour cette tenue, c’était simplement le fait que je ne savais pas quoi mettre. Mon meilleur ami est un designer basé au Ghana, (…), il m’a simplement amené cette collection et m’a demandé de l’essayer. La chemise et le tablier viennent de lui, le pantalon est à mon père. Quel est l’élément le plus excitant de la mode de Lagos ? Son énergie ! C’est hyper dynamique et coloré. La culture nigériane est très différente de ce que tu peux trouver dans les autres pays africains. Les gens s’habillent comme si c’était leur dernier jour sur terre ! Quel est le dernier style qui t’a alerté ? J’ai vu un gars ici, avec un turban, et j’ai trouvé son look incroyable. Où imagines-tu la mode de Lagos dans dix ans ? Tu peux déjà voir les choses bouger aujourd’hui, des journalistes du monde entier viennent pour la fashion week de Lagos. Juste après Milan et Paris – Lagos va devenir la nouvelle destination.

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skateboarder style in lagos

Charles, 19 ans, Oreoluwa, 19 ans, Mike, 19 ans

Qu’est-ce qui vous amène ici ? Mike : C’est l’opportunité pour tous les gens de Lagos, du continent et de l’île, de se rencontrer. On se rassemble, on apprend à se connaître et à réaliser ce qu’il se passe en moment côté mode. Qu’est-ce qui différencie cet événement des autres rendez-vous mode de Lagos ? Oreoluwa : Ici, il y a à la fois des gens habillés de façon très traditionnelle et d’autres beaucoup plus expérimentaux avec leur look. Tout le monde vient pour montrer au monde son sens du style. Quel est l’élément le plus excitant de la mode de Lagos ? Charles : Je ne pense pas beaucoup à la mode. Mais j’ai vu énormément de personnes avec des styles totalement différentes et une créativité assez folle. C’est très inspirant. Oreoluwa : Mais il y a certains noms, comme Motherlan, Vivendii, Wafflesncream, qui sont incroyables ! Mike : J’adore les looks rétro, inspirés des années 90. Mais la mode change tellement vite, que je dois venir ici pour rester à jour. Comment décririez-vous la mode de Lagos en quelques mots ? Tous : Plein de couleurs ! Des couleurs partout. Où imaginez-vous la mode de Lagos dans dix ans ? Oreoluwa : Je pense que les gens viendront du monde entier pour voir ce qui se passe ici. Les designs et imprimés africains ont de l’avenir devant eux.

stylish men in lagos

Amoo Ridwan , 20 ans, Olaitan Oluwatemitope Joseph, 20 ans

Qu’est-ce qui vous amène ici ? Amoo : Je débute en tant que designer, donc je suis ici pour trouver de l’inspiration. Je suis aussi mannequin, donc je viens également découvrir de nouveaux designers et prendre la température de ce qui se passe cette saison. Qu’est-ce qui différencie cet événement des autres rendez-vous mode de Lagos ? Olaitan : C’est le meilleur ! Le plus unique, et de très loin. Amoo : Oui, honnêtement, c’est le meilleur rendez-vous, et je ne dis pas ça parce que j’y suis ! J’étais à la Lagos Fashion Week, et il y avait certaines choses auxquelles je n’avais pas accès. Ici, tout est accessible. Qu’est-ce qui vous excite dans la mode de Lagos, en ce moment ? Amoo : Tous nos designers sont les meilleurs du moment. Olaitan : Orange Culture, ce sont les meilleurs ! Ils nous font vraiment honneur, ils créent un look nigérian. J’adore ce qu’ils font. Comment vous décririez la mode de Lagos en quelques mots ? Amoo : Elle est plus folle et plus créative chaque jour qui passe ! Normalement, personne, nulle part ailleurs, ne porterait ce que je porte, mais je le fais. Et je m’en fous de ce que les gens peuvent bien en dire. Olaitan : C’est vraiment la seule ville pour la mode du Nigéria. Quand tu penses « mode », Lagos est la première qui vient en tête. Où imaginez-vous la mode de Lagos dans dix ans ? Amoo : Elle sera massive, on la comparera à Paris dans dix ans. J’en suis convaincu.

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two men wearing headscarfs in lagos

Wole Babalola, 23 ans, Chuka, 20 ans

Qu’est-ce qui vous amène ici ? Chuka : Je suis mannequin, mais je ne défile pas aujourd’hui. Je voulais juste venir pour afficher mon soutien. Wole : Je suis mannequin et photographe. Ça me saoule un peu de ne faire « que » défiler, j’ai voulu expérimenter les choses de l’autre côté de l’appareil. Qu’est-ce qui inspire votre façon de vous habiller ? Wole : Aujourd’hui, je porte simplement les vêtements de la marque de mon ami, Home Delivery. C’est une marque de skate et streetwear basée ici à Lagos. Mon style s’inspire principalement de ce genre de fringues, et de tout ce qui parvient à capter mon regard. Chuka : Je porte un foulard Louis Vuitton, du Vetements et un pantalon basique. Je me suis dit que tout irait bien ensemble, donc j’ai tenté le coup ! Qu’est-ce que vous trouvez d’excitant dans la mode de Lagos en ce moment ? Wole : Les jeunes nigérians sont de plus en plus créatifs, ils essayent vraiment de pousser les choses plus loin et de dépasser les frontières. Il y a tellement de marques que personne ne connaît ici, mais il suffit de gratter un peu la surface pour voir ce qu’il passe, et pour constater qu’il y a énormément d’ados qui montent leur truc. C’est une énorme scène… C’est très dur à décrire. Comment décririez-vous la mode de Lagos en quelques mots ? Chuka : Excitante, fraîche, innovante et stylée. Où imaginez-vous la mode de Lagos dans dix ans ? Wole : J’ai le sentiment que, dans les dix prochaines années, elle va devenir plus grande que ce qu’on peut imaginer aujourd’hui. L’Afrique va prendre la place qui lui est due, retiens ça.

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man wearing headscarf in lagos

Gabriel Anthony, 25 ans

Qu’est-ce qui t’amène ici ? C’est mon moment préféré de l’année, parce que je vis dans l’État d’Abia, à l’est du pays. Je fais le chemin jusqu’à Lagos exprès pour la Fashion Week, qui s’est tenue il y a deux semaines, et pour le GT Bank Fashion Weekend. C’est l’endroit parfait pour rencontrer des gens qui partagent les mêmes passions et intérêts – d’autres personnes de la mode avec qui entrer en contact. Qu’est-ce qui inspire ton look ? Je suis designer de mode, le directeur créatif de Vintage Nigeria, donc je m’inspire principalement de ce sur quoi je travaille. Ce week-end, pour mon look, je me suis inspiré de mon humeur du moment. Je voulais être incognito – demain aussi, je vais cacher mon visage. C’est génial ! Les gens te regardent avec un air de surprise. Ils ne connaissent pas mon visage, ils ne savent pas qui je suis, mais regarde en se disant que, c’est quand même assez cool. Qu’est-ce que tu trouves excitant dans la mode de Lagos ? Je trouve que, récemment, les gens ont vraiment commencé à s’aligner sur ce qu’ils pensent et attendent de la mode. Ils sortent des sentiers battus, prennent des risques, et c’est génial. Ils vivent leurs vies normales et s’expriment à travers leur look. Comment décrirais-tu la mode de Lagos en quelques mots ? C’est très chaud – et je parle autant de la mode que de la météo. Où imagines-tu la mode de Lagos dans dix ans ? Je la vois sur le devant de la scène mondiale. Les gens travaillent déjà très dur et font tout ce qu’ils peuvent, mais on a encore une immense marge de progression.

Crédits


Photographie Stephen Tayo

Cet article a été initialement publié dans i-D UK.