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Crime

Un homme a tenté de fonder un club de motards en Nouvelle-Écosse et ça a mal tourné

L’histoire est digne d’un film des frères Coen.
Un homme a tenté de fonder un club de motards en Nouvelle-Écosse et ça a mal tourné

Cet article a d'abord été publié sur VICE Canada.

Trois hommes s’en vont en prison après qu’un homme ait tenté de fonder un club de motards en Nouvelle-Écosse et que ça ait mal viré.

Les hommes en question sont des membres du Bacchus Motorcycle Club, le club dominant en Nouvelle-Écosse. Ils ont été jugés coupables d’extorsion, de harcèlement, d’intimidation et de comportement menaçant à l’égard d’un homme qui a tenté de fonder un club de motards sur leur territoire. Tentons de comprendre cette histoire rocambolesque et sa morale.

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D’emblée, entrer dans le monde des clubs de motards est un périple parsemé de risques et périls. Les gens impliqués peuvent être plutôt dangereux et il y a beaucoup de règles bizarres, ce qui fait que fonder un vrai club de motards est généralement une mauvaise idée. C’est à se demander pourquoi ce gars-là et ses amis n’ont pas juste continué de faire de la moto en paix, mais ce serait passer à côté du sujet. Ce qu’on sait, c’est que RM (c’est ainsi qu’il est surnommé dans les documents de la cour) est décrit comme un « simple amateur de motocyclette » et devait vraiment, vraiment vouloir fonder un club.

Après avoir vraisemblablement regardé trop d’épisodes de Sons of Anarchy, RM a « décidé que son club devrait avoir son propre nom et son logo. » Un logo qui comprend le nom et le territoire d’un club est ce qu’on appelle les « couleurs » d’un club, et indique généralement qu’il s’agit d’un groupe de motards criminalisé. Eh bien, notre cher RM, qui avait choisi le nom « Wolverines MC », a décidé de faire quelques recherches sur Internet. Ces recherches lui ont appris que fonder un club de toutes pièces était une mauvaise idée, et l’ont incité à communiquer avec le Bacchus Motorcycle Club, qui ont des liens avec les Hells Angels, afin d’essayer d’obtenir leur permission.

RM a donc parlé à Patrick James, un représentant de BMC, sur Facebook et l’a également rencontré en personne. James lui a dit en termes relativement fermes qu’il ne devrait pas poursuivre son idée puisque « ça serait perçu comme de la provocation et un manque de respect par les clubs de motards établis en Nouvelle-Écosse. » Notre protagoniste, plus motivé que jamais, a tenté de convaincre James de le laisser fonder une sorte de club qui aurait seulement un nom, mais qui n’aurait pas de couleurs et ne serait pas dérivé d’un club existant. Avec cette permission provisoire, RM a communiqué avec un club montréalais appelé « The Brotherhood » afin de fonder un chapitre en Nouvelle-Écosse qui ne porterait que leur nom. RM et ses copains se sont ainsi rendus à Montréal lors de la réunion annuelle du Brotherhood afin de faire connaissance avec leur nouveau club et recevoir leurs couleurs.

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C’est ici que – quelle surprise – les choses ont mal tourné pour RM et son club, qui avaient apparemment publié des photos d’eux à Montréal sur Facebook. À son retour de Montréal, James était, disons, froissé. Il a texté RM de nombreuses fois de manière menaçante. Un voisin a téléphoné à l’un des deux autres nouveaux membres du Brotherhood pour lui dire que cinq membres du BMC étaient chez lui et le recherchaient. Puis, lorsque RM était à la maison, James « s’est rendu en moto Harley-Davidson en portant les couleurs du BMC au lieu de travail de RM, s’est assis sur une chaise dans le bureau de RM et a attendu que RM arrive. » Lorsque RM est arrivé, James a fermé la porte et a commencé à lui demander de différentes manières « à quoi il avait bien pu penser ». Après que sa famille ait été menacée, RM s’est vu offrir une carte « Sortez de prison gratuitement » : retirer la publication sur Facebook, découper ses vêtements récemment décorés et demander au Brotherhood de dire qu’ils ne fondaient pas de chapitre en Nouvelle-Écosse.

RM a obtempéré. Son groupe et lui ont remis leurs vêtements de cuir découpés en main propre à James. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais des membres du BMC ont interagi avec RM lorsqu’ils se sont croisés dans un événement caritatif de motocyclistes récréatifs. Duayne Howe et David Pearce, les deux autres membres du BMC qui ont été jugés coupables, ont décidé d’exprimer leur mécontentement.

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Ce qu’ils ont dit à RM, selon les documents de la Cour, était plutôt détaillé et comprenait des citations comme : « La seule raison pour laquelle on ne te casse pas la gueule en ce moment, c’est qu’il y a trop de gens autour », « Va-t’en d’ici tout de suite où on va te défoncer la gueule » ainsi que « Qu’est-ce qui te fait croire que tu peux nous manquer de respect et te pointer ici? ». Vous voyez le portrait.

RM est sorti naturellement ébranlé de cette altercation. « J’étais entièrement satisfait que RM ait eu, dans ses mots, “très peur” », peut-on lire dans les documents. Par la suite, il a « immédiatement changé son apparence. Il a demandé à la police de le protéger et il a posé une alarme de panique dans sa maison. » Ce qui est le plus triste, ce que cet homme qui ne voulait que faire de la moto avec ses amis sous le nom des Wolverines MC a vendu sa moto et « ne circule plus en moto et n’assiste à aucun événement lié aux motos. »

Après avoir vu toutes les preuves et avoir entendu la Couronne soutenir que James, Pearce et Howe tentaient de solidifier la réputation du BMC comme étant un groupe violent et dominant sur le territoire de la Nouvelle-Écosse, le juge n’y est pas allé à la légère avec les accusés. Après avoir été jugé coupable à l’été, James a été condamné cette semaine à trois ans, tandis que Howe a écopé de deux ans et Pearce de 18 mois. Les trois hommes ont déposé un appel.

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Certes, personne ne devrait être traité comme RM l’a été pour la simple raison qu’il voulait fonder son propre club et avoir l’air cool comme les gens à la télé, et tout compte fait, « The Wolverines » n’est pas si mal comme nom, mais on ne vit pas dans un monde parfait. Malheureusement, dans le monde dans lequel nous vivons, on doit faire certains compromis, et éviter de fonder un groupe de motards avec ses propres couleurs en fait partie.

En tout cas, indépendamment des menaces proférées et des leçons tirées, cette histoire pourrait à tout le moins faire un très bon film des frères Coen.