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politique

C'est officiellement la guerre entre le PQ et Québec solidaire

Des jours sombres guettent le mouvement indépendantiste.

Fini le temps où Jean-François Lisée tendait la main de la convergence à Québec solidaire (QS). Ce matin lors d'un point de presse, le chef du Parti québécois (PQ) a abaissé tous ses doigts (sauf peut-être le majeur) et a définitivement tourné le dos au petit parti de gauche.

Déçu qu'une entente entre partis souverainistes ait achoppé à cause de QS, Lisée est allé jusqu'à affirmer que les solidaires sont dirigés par un obscur Politburo (terme associé au régime communiste de l'Union soviétique) et que les figures publiques de la formation ne sont rien d'autre que des porte-parole sans réel pouvoir.

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Qui mène à QS? « C'est pas les porte-parole. C'est pas les négociateurs. C'est ce genre de Politburo du comité de coordination, où il y a des gens qui sont les vrais patrons de QS et qui désavouent leurs négociateurs », a accusé Lisée.

L'entente morte avant de voir le jour

Cette attaque sur la place publique survient après que QS a rejeté une possible alliance avec le PQ aux élections de 2018, mais surtout après qu'une entente secrète sur la marche à suivre pour accéder à l'indépendance a été reniée par QS.

Au fil des mois, le PQ, QS, le Bloc québécois et Option nationale étaient parvenus à élaborer une feuille de route indiquant leur plan pour accéder à la souveraineté, en s'asseyant à la Table de concertation des Organisations unies pour l'indépendance (OUI Québec).

L'entente avait été signée le 10 avril par les quatre partis. À QS, on y avait apposé les signatures des deux représentants solidaires à la Table : Andrés Fontecilla et Monique Moisan.

Le plan de match était de soumettre la proposition commune aux délégués de chacune des formations politiques indépendantistes lors de leurs congrès respectifs, pour que ladite feuille de route soit formellement approuvée.

L'entente avait d'ailleurs été tenue secrète jusqu'au Congrès solidaire, à la demande du parti.

Mais voilà que dimanche, à l'occasion de ce Congrès, la formation a fait volte-face et a renié les signatures de ses deux représentants à la Table de concertation de OUI Québec. L'entente n'a pas même été présentée aux membres.

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« Aujourd'hui, on peut dire que Québec solidaire a raté un rendez-vous avec l'histoire du mouvement indépendantiste », a dénoncé la députée péquiste Véronique Hivon, qui a participé aux négociations à la table de OUI Québec, et accompagnait le chef devant caméras et journalistes.

Déçue, mais n'ayant plus de raison de garder le secret de l'entente, la présidente des OUI Québec, Claudette Carbonneau, a rendu publiques les conditions de cette entente jeudi lors d'une conférence de presse, en confirmant que celle-ci ne tenait plus.

Une entente pourtant signée de « bonne foi »

Dans un communiqué de presse diffusé jeudi, Manon Massé a fait le mea culpa de sa formation politique.

« La délégation qui représentait QS aux OUI Québec a mal évalué la situation en signant de bonne foi la proposition de travail. En raison de certains écarts et parce que d'autres débats étaient plus prioritaires, nous reconnaissons qu'il y a eu un certain imbroglio dont nous devons assumer la responsabilité dans ce dossier. »

Plus tôt vendredi, à Gravel le matin, Manon Massé a indiqué que le comité de coordination du parti n'a pas jugé que l'entente était mûre.

C'est cette explication qui a poussé Lisée à critiquer la prise de décisions au sein du parti.

Il a martelé « Politburo » à maintes reprises, assurant que QS manquait de transparence puisqu'ils avaient tenu à cacher l'entente à ses membres et que le « vrai visage du parti » n'avait rien à voir avec l'image « de modération, de rassemblement, de gros bon sens » que projetait Françoise David.

Lisée et Hivon jugent que Québec solidaire ne dit pas toute la vérité dans le dossier et les somment de donner l'heure juste sur ce qui s'est réellement passé. Selon eux, le fait que les négociateurs solidaires aient demandé deux petites modifications à l'entente au retour de la discussion avec leur parti était signe que le comité de coordination était auparavant d'accord avec l'entente.

Manon Massé a réagi par voie de communiqué vendredi, arguant qu'il fallait « respecter la démocratie interne » de QS. La façon de procéder pourrait cependant être appelée à changer. « Nous n'avons pas l'intention de changer notre structure, bien que certains processus doivent être améliorés, notamment lorsqu'il est question de délégation lors de négociations », concède-t-elle.

Malgré tout, il semble qu'une nouvelle entente avec les OUI Québec soit pour le moment impossible. Véronique Hivon a exprimé un refus catégorique de relancer les négociations. « La confiance est totalement anéantie », a-t-elle assuré.