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Crime

Le Kenya bombarde les Chabab en réponse au massacre de l'université de Garissa

C’est la première réponse militaire au massacre de l’université de Garissa, qui a causé la mort de 148 personnes, la semaine dernière.
Photo par Farah Abdi Warsameh/AP

L'armée de l'air kenyane a annoncé ce lundi avoir bombardé et détruit, en Somalie, deux camps liés aux islamistes Chabab. C'est la première réponse militaire au massacre de l'université de Garissa, qui a causé la mort de 148 personnes, la semaine dernière.

Les raids aériens ont eu lieu dimanche après-midi et lundi matin, dans la région de Gedo, le long de la frontière Sud de la Somalie. Le porte-parole de l'armée kenyane, David Obonyo, a déclaré que cette mission vise à empêcher les Chabab, alliés d'Al-Qaida, de lancer des attaques au Kenya, de l'autre côté de la frontière.

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« Les bombardements participent de l'engagement continu contre les Chabab, qui va se poursuivre », a affirmé David Obonyo à la BBC, en précisant que les frappes donnent suite à des « menaces ».

À lire : Le bilan porté à 147 morts dans l'attaque d'une université au Kenya revendiquée par les Chabab

Un témoin des bombardements a déclaré à l'antenne somalienne de la BBC que l'attaque a blessé trois civils et détruit des vivres et des biens dans une zone où les Chabab sont absents.

Le campus de Garissa, dans le Nord-Est du Kenya, est situé à environ 200 kilomètres de la frontière somalienne. Il a été le théâtre, jeudi dernier, d'une des attaques les plus meurtrières de l'histoire du pays. Les miliciens Chabab ont attaqué le campus en visant principalement les non-musulmans. 142 étudiants et six membres des forces de sécurité sont morts.

Le Kenya est engagé militairement en Somalie pour lutter contre les Chabab depuis 2011. Ses derniers bombardements remontent à juin dernier. En novembre, une mission aérienne et terrestre de l'autre côté de la frontière a tué plus d'une centaine de membres présumés des Chabab, en réponse à l'attaque meurtrière d'un bus visant des chrétiens au Kenya.

Le président kenyan Uhuru Kenyatta a appelé les musulmans du pays à surveiller la radicalisation, et a promis une riposte « des plus sévères » au massacre de Garissa.

Lors de l'assaut sur Garissa, les forces de sécurité kenyanes ont tué quatre miliciens Chabab présumés. Par la suite, cinq autres suspects liés à l'attaque ont été arrêtés. Le gouvernement offre une récompense de 220 000 dollars pour toute information sur le cerveau présumé de l'attaque, un ancien professeur du campus de Garissa, nommé Dulyadin Gamadhere.

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« Notre mission de contre-terrorisme a été rendue bien plus difficile par le fait que les organisateurs et ceux qui financent ces actions brutales sont profondément intégrés dans notre communauté, » a déclaré le président Kenyatta, ce samedi. « La radicalisation qui engendre le terrorisme n'a pas lieu dans le bush, la nuit. Elle advient en plein jour, dans les écoles religieuses, les maisons et les mosquées avec des imams-voyous. »

 À lire : La guerre contre Al-Shabaab

L'un des assaillants du campus, tué dans l'attaque, a été identifié dimanche. Il s'agit d'Abdirahim Mohammed Abdullahi, un ancien étudiant en droit et le fils d'un membre d'un gouvernement local.

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur kenyan, Mwenda Njoka, a affirmé à Associated Press que le père d'Abdirahim Mohammed Abdullahi est le chef du gouvernement de la région de Madera, dans le Nord-Est du pays. Ce dernier aurait dit être inquiet pour son fils, porté disparu depuis l'année dernière et qui aurait voyagé en Somalie.

Le gouvernement kenyan a créé, selon Reuters, une liste des personnes recherchées ou suspectées d'avoir rejoint les Chabab. Selon certains experts, les Kenyans sont les plus représentés parmi les combattants Chabab étrangers.

Les autorités kenyanes ont aussi affirmé que le camp de réfugiés de Dadaab, qui accueille 500 000 Somaliens dans le Nord-Est du Kenya, est utilisé comme camp d'entraînement par les Chabab et doit être fermé.

Le massacre de Garissa est l'assaut le plus meurtrier jamais commis par les Chabab au Kenya. En septembre 2013, les quatre jours de siège du centre commercial Westgate, à Nairobi, avaient fait 60 morts. En 1998, l'attentat d'Al-Qaida contre l'ambassade américaine à Nairobi avait tué 213 personnes.

Le campus de Garissa a été fermé à la suite de l'attaque. On ne connaît pas encore la date d'une possible réouverture.

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Suivez Kayla Ruble sur Twitter: @RubleKB