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Crime

« Amour Dangereux » et espionnage : la Chine met en garde contre les étrangers « attirants »

La Chine a lancé une nouvelle campagne baptisée « Amour Dangereux » qui raconte l’histoire d’un jeune étranger nommé David qui séduit Li, une fonctionnaire chinoise, dans l’espoir d’accéder à ses documents confidentiels.
(Stringer/Reuters)

La Chine a lancé une nouvelle campagne pour sensibiliser l'opinion à propos de la sécurité d'État, suite à la première « Journée d'éducation en sécurité nationale » qui était organisée vendredi dernier.

Une partie de cette campagne s'intitule « Amour dangereux », et vise à alerter les citoyens chinois au sujet des possibles dangers d'accorder sa confiance à des étrangers attirants, qui pourraient avoir des ambitions secrètes. Des vignettes publiées dans le cadre de cette campagne racontent l'histoire de « Petite Li », une jeune fonctionnaire chinoise qui rencontre David, un étranger roux à lunettes, lors d'un dîner.

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David, qui est en fait un espion travaillant pour un gouvernement étranger, séduit Li en la couvrant de compliments et de fleurs. Leur relation monte en puissance et Li accepte, pour une raison inconnue, d'emmener David dans son bureau pour lui montrer tous les documents secrets auxquels elle a accès.

Les deux amoureux sont alors arrêtés. Une dernière vignette montre Li qui est menottée, alors que deux agents de police la réprimandent en lui disant qu'elle a « une conception superficielle du secret pour une employée de l'État ».

Dating foreigners is 'dangerous love' - new poster campaign — James Leibold (@jleibold)April 18, 2016

Sortir avec des étrangers relève de « l'amour dangereux » — une nouvelle campagne d'affichage pour la Journée d'éducation en sécurité nationale.

Cette campagne reflète les efforts soutenus du président chinois Xi Jinping pour resserrer la mainmise du parti au pouvoir sur le développement rapide du pays ainsi que sur l'accès à l'information depuis l'extérieur, surtout en ligne. L'année dernière, les législateurs chinois ont voté une loi controversée portant sur la sécurité nationale, qui a accru le contrôle du gouvernement sur l'accès à Internet. Zhang Xuezhong, un avocat et ancien professeur à l'Université de droit et sciences politiques de Chine orientale, a déclaré à la BBC que cette loi était une « déclaration idéologique » qui permettrait « davantage de censure culturelle et une répression des dissidents ».

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Cette campagne coïncide avec l'annonce du média gouvernemental chinois de la condamnation à mort d'un citoyen chinois pour avoir livré plus de 150 000 documents contenant des secrets d'État à une « organisation d'espionnage étrangère » non-identifiée.

Huang Yu — un technicien informatique expert en cryptologie originaire du Sichuan — travaillait pour une agence du gouvernement où il manipulait des informations secrètes de manière quotidienne. Un portrait publié par le média gouvernemental chinois le montre comme un employé mécontent qui serait devenu amer après avoir été renvoyé de son poste.

Furieux, Huang — qui est âgé de 41 ans — aurait d'après ce média pris contact avec des agences étrangères sur Internet et aurait proposé de leur vendre des des documents contenant des détails sur un grand nombre de sujets, allant de l'économie chinoise aux secrets militaires, en passant par les rouages du Parti communiste au pouvoir.

Il avait finalement rencontré ses contacts plusieurs fois en Asie du sud-est et à Hong-Kong, et leur avait remis le trésor contenant 150 000 documents. Le média officiel chinois indique également que lorsque ses sources en documents confidentiels se tarissaient, Huang suppliait son beau-frère et sa femme — tous deux employés d'agences gouvernementales — de l'aider en lui fournissant davantage de documents classifiés. La chaîne CCTV a déclaré que Huang avait reçu 700 000 dollars pour avoir fourni ces documents entre 2002 et 2011.

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D'après la télévision d'État, Huang aurait été arrêté en 2011, quand les autorités ont trouvé suspects sa soudaine richesse et ses voyages fréquents, alors qu'il était au chômage. Cependant, le rapport ne contient pas de détails sur ce qui est arrivé après son arrestation — à savoir s'il avait été jugé, la date de sa condamnation à mort, ou si l'exécution avait déjà eu lieu.

En 2014, les médias d'État chinois ont annoncé qu'une personne ayant divulgué des documents classifiés et des photographies militaires à un espion étranger non identifié avait été condamnée à dix ans de prison. Il ou elle avait été approché par une agence de renseignement étranger, via une « plate-forme connue des réseaux sociaux» ont précisé ces médias.

La loi sur les secrets d'État — connue pour son étendue — est un principe fondamental de la République populaire de Chine (RPC) depuis sa création en 1949. La loi actuelle couvre un large panel de domaines, comme les données météorologiques, l'industrie, ainsi que les dates de naissance précises des fonctionnaires de l'État par exemple.

Des experts estiment que le redoublement des efforts pour renforcer le contrôle sur le pays est une réponse à la hausse du chômage et aux craintes d'une récession économique imminente, parmi d'autres facteurs.

La Chine continue d'être le pays qui exécute le plus ses propres citoyens dans le monde, d'après des groupes de surveillance comme la Fondation Dia Hua. Bien que leurs données d'exécutions ne soient pas accessibles au public, Dia Hua estime qu'il y a eu environ 2 400 exécutions en 2013. Il s'agit des données les plus récentes publiées par ce groupe, un chiffre relativement faible par rapport aux 12 000 exécutions qui ont eu lieu en 2002.

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Les efforts de la Chine pour réduire ces chiffres ainsi qu'une réforme du système de justice pénale en 2007 ont accordé à Cour suprême populaire le pouvoir de réviser les condamnations à mort au cas par cas. Pourtant, les accusés qui sont condamnés à mort sont souvent exécutés pour des crimes non violents d'après la Fondation Dia Hua. Il s'agit de condamnations pour trafic de drogue, collecte de fonds illégale ou pour espionnage notamment.


Avec Reuters.

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