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FRANCE

Après la mort d’un homme, tué chez lui par la police, un rassemblement dégénère à Paris

À l'origine de la colère des manifestants, une intervention de la BAC, qui s'est soldée par la mort de Liu Shaoyo, un père de famille de 56 ans.
Une voiture en feu rue d'Hautpoul?, à proximité du commissariat du XIXe arrondissement ce lundi soir, en marge de la manifestation pour Shaoyo Liu?. (Photo VICE News)

La situation était tendue ce lundi soir devant le commissariat du XIXème arrondissement de Paris. En début de soirée, plusieurs dizaines de personnes étaient venues rendre hommage à Liu Shaoyo, un père de famille décédé dimanche soir suite à une intervention de la police, dont les circonstances sont encore floues. Vers 22 heures, les esprits se sont quelque peu échauffés entre les manifestants et les policiers.

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Une poignée de manifestants devant le commissariat du 19ème crient Assassins. — Zhulin Zhang (@ZhangZhulin)March 27, 2017

Jets de projectiles, affrontements et incendie de voiture… La rue du commissariat s'est transformée en terrain d'affrontement entre les manifestants et la police, qui a répliqué par des jets de gaz lacrymogène. Trois policiers ont été légèrement blessés, tandis que 35 manifestants ont été interpellés, selon Le Parisien. Les échauffourées ont été filmées et partagées sur les réseaux sociaux, sur le fil du hashtag #mortdeLiuShaoyo.

La police en action III — Zhulin Zhang (@ZhangZhulin)March 27, 2017

À l'origine de la colère des manifestants, une intervention de la BAC rue d'Aubervilliers (XIXème arrondissement) ce dimanche soir. Selon les autorités, qui intervenaient pour un « différend familial », Shaoyo aurait tenté d'attaquer un policier au thorax à l'aide d'une paire de ciseaux. Un collègue aurait donc fait usage de son arme pour le défendre. Une enquête de l'IGPN (l'inspection générale de la police nationale) a été ouverte. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hua Chunying, a indiqué que Pékin avait officiellement protesté auprès des autorités françaises et « exigé » que Paris fasse « toute la lumière sur cette affaire ».

Une voiture en feu rue d'Hautpoul, à proximité du commissariat du XIXe arrondissement ce lundi soir, en marge de la manifestation pour Shaoyo Liu. (Photo VICE News)

En attendant, la famille conteste totalement la version des policiers. Maître Calvin Job, avocat de la famille, nous livre le récit de la fille de Shaoyo Liu : « Dimanche soir, la fille de Monsieur Shaoyo entend des policiers cogner bruyamment à la porte du domicile familial. Son père est en train d'écailler le poisson à l'aide de ciseaux. Il prépare le repas du soir pour ses enfants. Sa fille sait qu'il ne parle pas très bien le français, elle décide donc de l'accompagner, et crie fort à la porte "Nous allons ouvrir." Mais d'un coup, la porte s'ouvre, le père est projeté à terre. Le coup de feu part soudainement, sans sommation. Comme c'est un coup de fusil à pompe, le policier est lui aussi projeté à terre. Mais le seul sang au sol, c'est celui du père. Pendant que la police regroupe la famille dans une chambre, la fille entend une policière dire "Je sens encore son pouls". Puis "Ne t'inquiète pas, j'aurais fait pareil à ta place", s'adressant vraisemblablement à l'auteur du coup de feu. »

La famille sera auditionnée par l'IGPN ce mardi après-midi. Elle sera assistée par Me Job, qui compte poser beaucoup de questions aux enquêteurs. « Comment des nuisances sonores entraînent une telle intervention de la part de la police ? N'y avait-il pas moyen de neutraliser autrement Mr Shaoyo Liu ? ». L'avocat envisage le dépôt d'une plainte. « Cela ne ressemble pas à de la légitime défense, mais plus à la légitimation de violences », estime-t-il. Bien qu'il condamne toute forme de violence, l'avocat voit dans le rassemblement de lundi soir l'expression de la « colère des communautés », exaspérée par l'accumulation des violences policières.

Contactée par VICE News ce mardi matin, la police n'a pas souhaité communiquer sur cette affaire.


Suivez Bartolomé Simon sur Twitter : @iLometto