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FRANCE

Attaque du Thalys : Mise en examen du suspect pour des faits de terrorisme

Alors que le suspect continue de nier avoir voulu commettre une attaque terroriste dans un train vendredi dernier, les autorités françaises ont dévoilé de nouveaux éléments qui vont dans le sens d’une attaque préparée.
Image via Sébastien Santoro aka Dereckson / Wikimedia Commons

Suspecté d'avoir voulu commettre un attentat terroriste à bord d'un train Thalys reliant Amsterdam à Paris vendredi dernier en fin d'après-midi, Ayoub El-Khazzani a finalement été mis en examen et placé en détention provisoire, a annoncé le procureur de la République en charge de l'affaire ce mardi soir. Dans le même temps, en France comme en Belgique, des enquêteurs sont à la recherche d'éventuels complices et essaient de retracer le parcours du jeune marocain les jours et semaines précédant l'attaque.

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« Tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste », mais aussi « détention, port et transports d'armes, » et « participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes » : voilà les chefs d'accusation retenus contre Ayoub El-Khazzani, communiqués ce mardi soir par le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

Une bouteille remplie d'essence

Le procureur Molins a également confirmé qu'Ayoub El-Khazzani disposait d'un lourd arsenal à bord du train, plus important que ce qui avait d'abord été annoncé ce week-end. Le terroriste présumé était notamment en possession d'un fusil d'assaut AKM (d'origine est-allemande) accompagné de neuf chargeurs « chargés à bloc » d'après les termes employés par le procureur. En plus de cette arme de guerre, El-Khazzani était équipé d'un cutter ainsi que d'un pistolet automatique, mais aussi d'une bouteille d'un demi-litre remplie d'essence.

Depuis qu'il a été appréhendé vendredi dernier en gare d'Arras (nord de la France), Ayoub El-Khazzani n'aurait pas changé sa version des faits. L'homme affirme avoir trouvé ses armes par hasard dans un parc de Bruxelles (capitale de la Belgique) et aurait eu l'idée de s'en servir pour braquer les passagers d'un train. Plus de 500 personnes étaient à bord de ce Thalys vendredi dernier, le dernier bilan fait miraculeusement état de trois blessés.

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À lire : Attaque du train Amsterdam - Paris : Des médailles et des questions

Lors de la conférence de presse, le procureur François Molins a qualifié cette ligne de défense de « fantaisiste ». Pour les autorités, plusieurs éléments mettent en doute la version d'El-Khazzani, comme la consultation d'une vidéo djihadiste sur son téléphone portable depuis le train, juste avant l'attaque, ou encore le fait qu'il a choisi de ne pas monter dans un autre train parti quelques instants plus tôt. Autre fait troublant pour les enquêteurs, le portable du suspect a été acheté et activé le jour même de l'attaque.

Sur la base de ces nouveaux éléments, le procureur a décrit l'attaque fomentée par Ayoub El-Khazzani comme étant un projet « ciblé et prémédité ».

Plusieurs enquêtes en Europe

Selon des informations données par le journal Le Monde, le suspect de l'attaque du Thalys a beaucoup voyagé en Europe. Ces six derniers mois, El-Khazzani se serait notamment rendu en Belgique, en Allemagne et en Autriche mais aussi en France et en Andorre (un petit territoire situé entre la France et l'Espagne).

Pour les enquêteurs, El-Khazzani s'est rendu en Turquie. La piste d'un éventuel séjour en Syrie auprès de groupes djihadistes serait actuellement étudiée par les enquêteurs.

D'après le procureur Molins, l'enquête en cours des services français va également tenter de déterminer « la provenance des armes » et les éventuelles « sources de financement » dont aurait pu bénéficier Ayoub El-Khazzani, car le prix d'une arme de contrebande comme celle utilisée lors de l'attaque pourrait être prohibitif pour un homme apparemment sans emploi.

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En Belgique, l'une des soeurs d'Ayoub El-Khazzani résidant à Bruxelles s'est présentée à la police belge ce mardi matin de son plein gré. Entendue par des enquêteurs, elle est ressortie libre.

D'après le journal Le Soir, les autorités belges auraient également perquisitionné deux domiciles où El-Khazzani a pu séjourner avant l'attaque.

Les autorités espagnoles ont par ailleurs été remerciées pour leur « entraide » par le procureur Molins de mardi soir, sans autre détail concernant la poursuite ou non de leur coopération sur cette affaire. Le suspect avait d'abord été repéré il y a plusieurs années par les services espagnols

La sécurité en question

Suite à cette attaque, plusieurs responsables politiques ont critiqué l'état du dispositif de sécurité à bord des trains en France, alors que de nouvelles mesures pourraient être prises dans les prochaines semaines par la SNCF et le gouvernement français.

« Introduire des armes dans un TGV ? C'est un jeu d'enfant ! » a titré le média belge La Dernière Heure (DH) en racontant ce mardi l'histoire d'un de ses journalistes qui aurait pris le train avec dans son bagage une arme factice — mais assez visible — dans le but de tester les réactions des passagers et des forces de l'ordre lors d'un trajet effectué en train ce lundi entre Bruxelles et Lille (nord de la France).

Le visage caché par des lunettes de soleil et une capuche, ce journaliste de DH disposait également d'un couteau, bien réel celui-ci, long de 20 cm. Personne n'aurait remarqué l'homme à l'apparence volontairement suspecte. « Quant aux contrôles renforcés promis par le gouvernement [belge], on imagine qu'ils sont restés bloqués en gare… » a ironiquement commenté DH.

Ce mercredi matin, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé lors d'une interview accordée à la radio France Inter qu'une réunion exceptionnelle sera organisée ce samedi à Paris, à laquelle ont été invités les ministres des Transports et de l'Intérieur des pays de l'Union Européenne.

Au sujet du contenu de cette réunion, Bernard Cazeneuve a assuré que cette dernière sera l'occasion d'examiner des « propositions très concrètes ».

Suivez Pierre-Louis Caron sur Twitter : @pierrelouis_c

Image via Sébastien Santoro aka Dereckson / Wikimedia Commons