virée en grosse caisse

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Une virée en grosse caisse

Murray Cammick a passé les années 1970 à photographier les majestueuses Muscle Cars de la ville néo-zélandaise.

Murray Cammick est une figure majeure de la scène musicale néo-zélandaise. Fondateur de plusieurs maisons de disques, il a fait connaître nombre d'artistes locaux tels que Shiha, Upper Hutt Posse, Head Like A Hole ou encore Moana & The Moa Hunters. Il a présenté diverses émissions de radio et interviewé et photographié des musiciens pour différents magazines, dont Rip It Up, qu'il a co-fondé en 1977.

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Mais bien avant cela, Murray, muni de son appareil photo, a passé beaucoup de temps à arpenter la rue principale d'Auckland tard dans la nuit afin de photographier les jeunes qui bricolaient les moteurs de leurs Muscle Cars. La plupart des négatifs étaient portés disparus depuis près de 30 ans. Ils ont récemment été retrouvés et restaurés en vue d'une exposition.

VICE a discuté avec Murray au sujet des moteurs V8, de la Nouvelle-Zélande des années 1970 et de son exposition Flash Cars.

VICE : Vous êtes connu par le grand public plus pour votre musique que vos photos. Pensez-vous que ces deux passions se complètent ?
Murray Cammick : Quand on est jeune, on se cherche une identité et la mienne est devenue celle de photographe. J'ai lancé Rip It Up notamment dans le but de publier mes photos. Le magazine a fini par prendre tout mon temps et j'ai donc fait appel à d'autres photographes tels que Kerry Brown. Quand je dirigeais Wildside Records, j'aimais bien prendre en photos les concerts de Shihad. Dans la rue, les gens bricolaient leurs moteurs V8. Ils avaient beaucoup de choses en commun avec les fans de musique que je voyais dans les concerts. Ils aimaient tous profiter de la vie et rencontrer des gens.

Votre intention a-t-elle toujours été de faire de ces photos une série ?
J'étais un jeune homme assez sérieux et j'avais des connaissances en photographie documentaire. Néanmoins, je préférais capturer des moments sur le vif plutôt que réaliser des portraits. Je n'étais pas Dianne Arbus. Certains de mes meilleurs clichés sont ceux de gens qui m'ont demandé un peu brusquement de les prendre en photo. J'obtempérais et tout le monde était content.

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Vous avez travaillé exclusivement à Auckland ? Quels sont les autres sujets sur lesquels vous avez travaillé ?
J'ai travaillé pour Craccum, le journal étudiant de l'Université d'Auckland en 1975 et 1976. On m'avait demandé de photographier la Maori Land March. J'ai également photographié une conférence du Parti national à Wellington. Sinon, à part la musique, je n'ai traité aucun sujet en profondeur autant que Flash Cars. J'ai photographié ce phénomène pendant environ sept ans. Je faisais ça principalement le vendredi et samedi soir. Quand Rip It Up a démarré en 1977, il m'arrivait encore d'aller jeter un coup d'œil aux voitures dans le centre-ville après un concert.

Pensez-vous que les jours des Muscle Cars soient comptés ?
Ce sont comme des œuvres d'art vivantes – les feux arrière sont des œuvres majeures du design moderne du milieu du siècle, au même titre que l'architecture Googie. Aujourd'hui, ce sont des voitures du dimanche, car elles sont très énergivores. J'ai demandé à un ami qui possède six anciennes Ford d'en garer une devant l'exposition. Il n'a pas pu, car aucune d'entre elles n'était homologuée.

Quelle est la meilleure voiture que vous ayez eue ?
Je suis un plouc et je ne devrais pas être autorisé à conduire de belles voitures. J'ai instantanément noué des liens avec une femme la semaine dernière, car elle m'a dit qu'elle n'avait jamais lavé sa voiture, tout comme moi. J'ai été très attaché une Holden Barina rapide et minuscule. Le Honda que l'on utilisait pour Wildside Records était aussi pas mal. Je conduisais une Morris Minor quand j'ai commencé la série Flash Cars.

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Vous avez dit un jour que vous étiez immobile et que le temps se déplaçait en cercle autour de vous. Tous les dix ans, vous devenez démodé ; cinq ans plus tard, vous êtes en avance sur les autres. Certaines des images de l'exposition semblent avoir été capturées le week-end dernier. Vivez-vous aujourd'hui avec votre temps ?
Je parlais de la musique quand j'ai dit ça. Je suppose que mon amour de la soul, de la funk, de Motown et du disco se démode de temps en temps. Cependant, je n'ai rien contre la nouveauté. Mais prenez Tame Impala, par exemple : ils embrassent l'ancien avec « Let It Happen » et son ambiance disco. Voilà un groupe qu'on croirait tout droit sorti des années 1970.

En regardant ces photos, quels souvenirs vous reviennent le plus ?
J'ai environ 2 300 images de Queen Street qui datent de cette période-là. Ce qui me plaît le plus, c'est de voir tout le monde traîner et s'amuser. Certains des mecs les plus jeunes semblent sur la défensive, méfiants vis-à-vis des mecs plus âgés qui ont pu avoir des démêlés avec la justice. Les gens contribuent tellement aux photos en termes d'énergie et de caractère. À côté de ça, mes photos les plus récentes paraissent un peu ternes. Les jeunes – comme moi à l'époque – sont plus doués pour photographier leurs semblables.

Un selfie de Murray Cammick mangeant une glace.

Quels sont les aspects de la Nouvelle-Zélande des années 1970 qui vous manquent le plus ? Et ceux que vous êtes, au contraire, content de ne plus voir ?
En regardant les images les plus vétustes – celles où on ne voit que quelques voitures dans une rue déserte –, l'expression « petite ville du Texas » me vient à l'esprit. Auckland était une grande ville dans les années 1970, mais la vie s'était déplacée dans les banlieues. Quand le public des salles de cinéma rentrait chez lui, la rue principale d'Auckland était laissée aux mains des propriétaires de V8. Beaucoup de rivaux originaires de Zephyrs et de Vauxhalls entraient sur leur territoire à leurs risques et périls, bien que peu étaient assez courageux pour s'y garer. Heureusement que le gouvernement de Muldoon n'est plus au pouvoir et que la fermeture obligatoire des bars à 22 heures est révolue depuis longtemps. Durant cette décennie, le gouvernement s'est dit qu'il était possible d'accorder des licences aux clubs et aux bars désireux de fermer plus tard. Il a généreusement accordé deux licences à Auckland, deux à Wellington et une à Christchurch.

Bien que cette sensation de vieille petite ville fût cool, que ce soit dans American Graffiti ou sur Queen Street à Auckland, ce gouvernement qui agissait en tant que gardien moral devait disparaître.