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FRANCE

Avec son mouvement politique, Emmanuel Macron se met « En Marche » : mais vers quoi ?

Le ministre de l’Économie français a annoncé par surprise ce mercredi soir le lancement de son mouvement politique baptisé « En Marche ».
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via en-marche.fr

La rumeur traînait dans les cercles d'initiés déjà depuis plusieurs mois, mais c'est désormais officiel : le ministre de l'Économie français, Emmanuel Macron, a annoncé par surprise ce mercredi soir (juste avant les journaux télévisés) le lancement de son mouvement politique baptisé « En Marche ».

Depuis sa ville natale d'Amiens où il animait l'une de ses « rencontres citoyennes », le jeune ministre a confié avoir « mis du temps », « réfléchi » et « associé beaucoup de gens » pour créer ce « mouvement politique nouveau ».

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Le ministre sans étiquette du gouvernement Valls a précisé d'emblée que ce mouvement « ne sera pas à droite, pas à gauche ». Il a expliqué qu'il oeuvrait certes pour un gouvernement de gauche, mais qu'il souhaitait travailler avec des gens qui se sentent de droite.

Le lancement de son mouvement (qui porte les mêmes initiales que lui) s'est accompagné de toute une stratégie de communication, notamment numérique.

Lorsque l'on se connecte au site Internet en-marche.fr (l'adresse a été créée début janvier et dévoilé ce mercredi), on tombe directement sur une vidéo qui ressemble drôlement à un clip de campagne mixé à un spot pour l'Artisanat.

D'après la légende YouTube de la vidéo, le mouvement de Macron s'adresse à « ceux qui refusent que le pays reste bloqué, ont le goût du travail, du progrès et du risque, et comme valeurs la liberté, la justice et l'Europe ».

L'idée principale de ce clip de présentation est que les Français en ont marre de « l'immobilisme » et de ce pays « sclérosé par les blocages ». Heureusement explique la vidéo, la France a les talents nécessaires pour « repartir de l'avant » selon Macron. Ainsi, tout le monde dans le clip se met à marcher. Le spot se finit sur une jeune parisienne habillée en tenue de sport violette, qui vient de finir son jogging.

À la fin de la vidéo, on vous propose deux choix à cliquer : « Je marche » ou « Je reste assis sans rien faire ».

Capture d'écran via en-marche.fr

Si vous n'avez pas vraiment envie de marcher tout de suite, le site essaye de vous convaincre, notamment en vous expliquant que cela fait « plus de 30 ans que le taux de chômage des jeunes n'est pas descendu en dessous de 15 pour cent ».

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Si malgré cette statistique inquiétante, vous préférez « regarder les autres marcher », c'est possible, mais le site vous informe que « près d'1 député sur 5 était issu des classes populaires en 1950. Aujourd'hui, c'est moins d'1 sur 30 ». On vous dit ensuite qu'au moins 30 000 enfants sont sans domicile fixe en France.

Après avoir appris ces trois statistiques déprimantes, vous décidez finalement de vous mettre en marche et de rentrer dans l'univers EM en renseignant votre nom et adresse e-mail. Aucune cotisation n'est demandée — le mouvement est financé uniquement par des deniers privés.

Une fois sur le site, la vision de Macron pour la politique y est détaillée. Le sujet de l'emploi est central, comme l'éducation, la sécurité, la santé, l'environnement et l'Europe — les thèmes classiques d'un candidat en campagne en somme.

Pourtant, l'entourage de Macron l'assure, il n'a pas la campagne présidentielle de 2017 en ligne de mire. Lui-même a garanti ce mercredi soir que 2017 n'était pas sa « priorité aujourd'hui ».

François Hollande et Manuel Valls avaient été prévenus de son projet. Le président ne verrait en réalité pas d'un mauvais oeil le lancement d'En Marche. « Tout ce qui participe à la réussite de l'exécutif et du collectif va dans le bon sens », glisse un proche d'Hollande dans Le Figaro. En effet, en cas de présence d'Hollande au deuxième tour, Macron pourrait lui permettre d'élargir sa base (vers le centre).

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Dans les rangs du gouvernement, tout le monde n'a pas apprécié le lancement du mouvement de Macron. C'est le cas de Pascale Boistard, secrétaire d'État aux Personnes âgées, qui a tweeté ce mercredi soir « Écoutez "Je marche seul" de Jean-Jacques Goldman #Amiens. » — une pique à peine dissimulée envers son collègue de Bercy.

La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s'est elle contentée de déclarer sur Europe 1 ce jeudi matin, « Notre démocratie a un besoin vital : qu'on ramène à la politique un certain de nombre de Français qui s'en sont éloignés. Si ce mouvement peut contribuer à cette démarche, c'est une bonne chose ».

Dans l'opposition, chez Les Républicains, l'accueil a été parfois chaleureux. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a déclaré sur France 2, « C'est un pèlerin de plus sur le chemin de la République ».

De son côté, le président du Medef, Pierre Gattaz a trouvé l'initiative de Macron « rafraîchissante ».

Un enthousiasme pas vraiment partagé par le maire de Nice, Christian Estrosi (LR), qui estime que Macron « n'a aucune crédibilité » et « essaie de faire un petit club pour sauver le soldat Hollande et créer un écran de fumée. »

Que le mouvement de Macron serve ou non à un moment au candidat Hollande comme le pense Estrosi, le ministre de l'Economie jouit en tout cas d'une bonne image auprès des Français. En effet, dans un sondage de janvier dernier, il faisait partie des personnalités politiques les plus appréciées des Français. Avec 53 pour cent de bonnes opinions, Macron était seulement devancé par le favori à droite pour les présidentielles, Alain Juppé.


Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Image via en-marche.fr