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Bernie Sanders a un plan pour continuer son combat politique

Bernie Sanders a lancé mercredi dernier un groupe post-élections, appelé « Notre révolution », dans un contexte de conflits internes et de crise rapportés au sein de l’organisation.
Photo par Shawn Thew/EPA

Les ambitions présidentielles de Bernie Sanders peuvent être terminées, la révolution progressiste qui a alimenté sa campagne présidentielle ne s'arrête pas pour autant – du moins selon Bernie Sanders.

Dans un discours diffusé en direct mercredi de la semaine passée, Sanders a décrit la manière dont il continuerait à faire pression en faveur de son programme libéral et populaire, qui a été la pierre angulaire de sa candidature présidentielle, avec le lancement d'une nouvelle organisation à but non lucratif, intitulée fort à propos « Notre révolution ».

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« La question dans l'esprit de beaucoup de personnes ce soir est, 'ok, on a mené une super-campagne, nous avons réveillé le peuple américain, mais qu'allons-nous faire maintenant ?' », a déclaré Bernie Sanders lors d'un discours en direct depuis sa ville d'origine de Burlington, dans le Vermont. « Ce soir, je veux vous présenter une nouvelle organisation indépendante, à but non lucratif, appelée « Notre révolution », qui est inspirée par la campagne présidentielle historique « Bernie Sanders 2016 » ».

Le groupe travaillera à faire élire des candidats progressistes à tous les niveaux du gouvernement local, national et fédéral et fera campagne à travers le pays, a continué Sanders. Les buts de l'organisation sont pour bon nombre les mêmes que ceux dont il a traité pendant sa campagne : combattre les inégalités salariales, mettre un terme à l'influence de l'argent en politique, réformer le système de justice pénale et limiter les accords commerciaux internationaux.

Les projets pour utiliser la base d'adresses e-mails, de soutiens et de donateurs toujours active ont été en préparation depuis des mois. Sanders a d'abord annoncé la création de « Notre révolution » en juillet, peu de temps après qu'Hillary Clinton a finalement obtenu la nomination démocrate. La nouvelle organisation a commencé à solliciter des dons plus tôt ce mois-ci.

Mais avant même que « Notre révolution » soit officiellement lancée, des expressions d'opposition interne et de crise ont été rapportées. Pas moins de huit membres de l'organisation ont quitté le groupe plus tôt cette semaine, dont deux des principaux collaborateurs de campagne qui étaient proches de Sanders durant les primaires.

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Les départs dans l'équipe ont été largement dus à la nomination de Jeff Weaver, l'ancien directeur de campagne de Bernie Sanders, à la position de président de « Notre révolution ». Weaver a été le collaborateur le plus proche de Sanders pendant des années et a supervisé presque tous les détails de sa campagne présidentielle. Mais c'est aussi un personnage controversé au sein de « l'équipe Bernie », représentant la « vieille garde » qui était composée depuis longtemps des partisans fidèles de Bernie et qui affrontait souvent les membres les plus jeunes de l'équipe de campagne, selon d'anciens membres de l'équipe de campagne. Beaucoup de ces jeunes membres ont eu le sentiment que ce cercle interne n'était pas ouvert aux nouvelles idées ou à une organisation venant de la base citoyenne, ce qu'ils ont considéré comme l'une des raisons principales de la défaite de Sanders face à Clinton.

Moumita Ahmed, âgé de 26 ans, est l'organisateur en chef du groupe « Millennials for Bernie », un groupe national populaire qui a travaillé aux côtés de l'équipe de campagne et qui aide maintenant à porter le message de Sanders après l'élection. Il raconte qu'à plusieurs reprises pendant la campagne, « nous ne comprenions pas pourquoi les dirigeants ne s'engageaient pas avec nous ou ne collaboraient pas avec nous. »

Ahmed a déclaré que l'intransigeance des membres du cercle interne vis-à-vis des activistes plus jeunes a écarté ce qui avait fait que la candidature improbable de Sanders à la Maison Blanche a été un tel succès au départ – notamment son impressionnante stratégie sur les réseaux sociaux.

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Après l'élection, « nous espérons que l'équipe de campagne a appris de ses erreurs », dit Ahmed. « Mon inquiétude, c'est de savoir si [« Notre révolution »] va être fonctionnelle [si] les gens qui ont fait le succès de la campagne de Bernie s'en vont. »

Deux des principaux collaborateurs qui ont quitté « Notre révolution » sont Claire Sandberg et Kenneth Pennington. Les deux avaient supervisé les opérations numériques pendant la campagne et devaient faire la même chose dans « Notre révolution ».

Weaver lui-même ne semblait pas trop inquiet au sujet de l'apparente animosité de ses anciens membres. « Je ne le décrirais pas comme une crise », nous a expliqué Weaver. Après avoir accepté l'offre d'être président du groupe, il a déclaré que « clairement, certains membres de l'équipe voulaient aller dans une autre direction. »

Sanders s'est montré reconnaissant envers Weaver pendant son discours mercredi dernier, en le remerciant pour sa loyauté.

« Jeff a travaillé avec moi au cours des trente dernières années, depuis qu'il a été volontaire pour la première fois pour travailler lors d'une campagne pour devenir gouverneur que je menais en 1986 », a déclaré Sanders. « Il venait juste d'être expulsé de l'Université de Boston pour avoir protesté contre la politique raciste de l'Apartheid qui existait alors en Afrique du Sud. J'ai pensé que c'était d'assez bonnes qualifications pour ce boulot. »

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Mais ce n'est pas seulement le rôle de Weaver en tant que président qui a poussé certains partisans de Sanders à abandonner « Notre révolution ». En plus du mécontentement viennent s'ajouter différentes questions soulevées par les activités de financement électoral du groupe, et particulièrement le fait que « Notre révolution » soit désignée comme une organisation à but non lucratif 501 (c) 4 par le code fiscal. Cela signifie qu'elle n'a pas besoin de révéler l'identité de ses donateurs ni de plafonner ses contributions. Les organisations « 501 (c) 4 » sont destinées à être des organisations d'« aide sociale ». Leur but principal ne peut pas être uniquement politique et elles ne peuvent se coordonner directement avec des candidats ou des élus.

Weaver a déclaré qu'une partie de son rôle consisterait à être sûr que l'organisation soit conforme aux règles électorales fédérales. Cependant, a-t-il ajouté, l'organisation ne prévoit pas de révéler l'identité de ses donateurs, ni de plafonner la somme d'argent que les personnes peuvent donner.

Jusqu'ici, il semble qu'une grosse part des activités de « Notre révolution » se trouvent dans la sphère de la politique électorale. Sanders a déclaré que le groupe a l'intention d'annoncer la liste complète des candidats et des initiatives de contribution qu'ils soutiennent dans les prochaines semaines ou prochains mois, mais ils apportent déjà leur soutien à plusieurs campagnes. Le groupe en soutient deux : la campagne de Tim Canova pour les primaires de l'élection au Congrès en Floride contre l'ancien président du Comité national démocrate Debbie Wasserman-Schultz, et la campagne libérale de Zephyr Teachout pour le 19e district de New-York.

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Ce n'est pas la première fois qu'une organisation naît des cendres d'une campagne présidentielle. Le Comité national démocrate a essayé de s'emparer de la même vague d'activisme populaire qui a alimenté l'élection triomphante de Barack Obama en 2008, en créant un groupe 501 (c) 4 appelé « Organiser l'Amérique ». Howard Dean a fait de même, après sa candidature en 2004, avec la création de « Démocratie pour l'Amérique ». Mais malgré le buzz généré au début, aucune des organisations n'a réussi à faire plus qu'un peu de bruit.

Weaver a déclaré que « Notre révolution » considérait ces groupes — comme d'autres organisations à but non lucratif à gauche tel que « Move on » — comme des modèles pour « Notre révolution ».

Il n'y avait aucun signe de conflits internes à l'une des soirées organisées pour la retransmission du discours de Sanders à Manhattan, mercredi soir dernier. Devant du houmous, des chips, de la sauce salsa et du vin, plusieurs dizaines de partisans de Sanders et de volontaires se sont plongés joyeusement dans son discours.

Avant que le discours de Sanders ne commence, une femme s'est présentée sous le nom de Claudia et a déclaré qu'elle épouserait Sanders si elle n'avait pas déjà un mari.

« Pas si je l'épouse en premier ! », a lancé une autre femme qui se tenait à proximité.

Des témoignages d'amour pour Sanders ont résonné dans la pièce. Malgré la défaite face à Clinton durant les primaires et le lancement mouvementé de « Notre révolution » cette semaine, la plupart des partisans de Sanders était toujours heureux en pensant à sa campagne.

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« La gauche cherchait un espace où se situer depuis un moment », a expliqué Duncan Wall, un ingénieur en informatique de 36 ans qui a accueilli un « hackaton » pour Sanders pendant la saison des primaires. « Nous l'avons vu un peu avec « Occupy Wall Street », mais ça n'a pas vraiment existé au niveau national. » Il a déclaré qu'il est optimiste sur le fait que « Notre révolution » puisse garder cet esprit progressiste en élisant des candidats démocrates.

Claudia Brown est une professeur de danse à la retraite qui était aussi inspirée par les projets de Sanders pour le futur. À gauche depuis toujours, Brown explique s'être engagée auprès de Sanders après avoir réalisé qu'« à un certain point, tu ne peux pas râler à propos de tout ce qui va mal si tu ne fais rien. »


Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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