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Crime

Bientôt : une station essence volante et invisible pour l’armée US

L’armée américaine développerait un drone furtif capable de ravitailler un avion en vol.
Un bombardier B-52H teste un missile longue-portée au dessus de l'Utah. (Photo par Roidan Carlson/USAF)

Ashton Carter, le secrétaire de la défense des États-Unis, est actuellement en tournée pour promouvoir le budget 2017 du Pentagone, qui représente un investissement de $582.7 milliards.

Il en a profité pour dévoiler plusieurs secrets-défense sur des programmes de technologie et d'armement auparavant classifiés.

En particulier, Carter a révélé deux nouveaux systèmes de combat aériens qui, à première vue, semblent être complètement contradictoires. Mais, ensemble, ces deux projets permettent de comprendre les ambitions américaines en ce qui concerne la guerre aérienne.

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Dans son discours, Carter a expliqué que le premier projet serait la construction d'un "avion arsenal." Le deuxième projet — qui n'a pas-été-confirmé-mais-presque — concerne la construction de drones citernes furtifs pour ravitailler les avions de chasse en vol.

L'avion-arsenal

L'avion-arsenal est un genre aéronef ancien et lourd — de style B-52 ou bombardier B-1B — bourré d'équipement de communication et de missiles à longue portée. À bord de l'avion, on retrouve des missiles air-air longue portée, mais aussi des missiles de croisière, conçus pour frapper les cibles au sol.

Cet aéronef circule loin de la zone d'hostilité, hors d'atteinte des systèmes de défense aérienne ennemis. Il lance en continu des missiles vers des cibles qui se trouvent à des centaines, voire des milliers de kilomètres de là.

L'idée est d'abord apparue dans les années 1970. À l'époque, les États-Unis cherchaient à envoyer le plus d'ogives possibles sans avoir à débourser des millions dans des avions dernier cri.

L'idée était d'ailleurs plutôt novatrice puisqu'elle séparait deux choses auparavant liées:

1) frapper l'adversaire.

2) acheter des aéronefs hors de prix, conçus pour survivre aux attaques ennemies.

Prenons l'exemple de l'avion-arsenal qui pourrait bientôt voir le jour. Aux commandes de chasseurs furtifs type F-35, les pilotes américains vont d'abord survoler la zone ennemie à la recherche de cibles. Une fois les cibles repérées, elles sont communiquées à l'avion-arsenal qui se trouve parfois à plusieurs centaines de kilomètres de là.

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L'avion-arsenal tire ensuite quelques missiles longue-portée.

La station-essence furtive

Autre programme mis en avant par l'armée : un drone furtif capable de ravitailler un avion en vol. Pourquoi un drone ravitailleur plutôt qu'un drone furtif qui tue tout sur son passage? Le drone ravitailleur n'est qu'une étape intermédiaire.

La marine américaine investit énormément de temps, d'effort et d'argent dans le développement de drones furtifs longue-portée, capables de frapper des cibles lointaines, lourdement défendues. Baptisé UCLASS (Unmanned Carrier-Launched Airborne Surveillance and Strike), le programme en est encore au stade de développement et le drone ne sera pas déployé de sitôt.

En se focalisant d'abord sur leur programme de drones ravitailleurs — nommé CBARS (Carrier Based Aerial Refueling System) — les pilotes et les ingénieurs vont pouvoir se familiariser dans un premier temps avec les équipements, avant que la marine ne vienne ajouter tout un tas d'armes et de matériel électronique pour boucler la phase UCLASS du projet.

L'armée cherche également à fournir un appui aux combats aériens (comme le ravitaillement), au cœur de la zone de combat. [Note : Les avions de chasse ont une capacité minimale de ravitaillement entre eux en zone hostile — une manœuvre qui s'appelle le « buddy tanking ».]

Une drone-citerne permettrait donc aux avions furtifs tels que les F35 de survoler plus longtemps l'espace aérien ennemi avant de devoir rejoindre leur base. Les aéronefs de ravitaillement joueront également le rôle de relais de communication hautement sécurisés, pour communiquer les renseignements sur les cibles à frapper.

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L'avion-arsenal éloigne les activités de combat du danger, alors que les ravitailleurs furtifs amènent les activités d'appui au cœur des combats.

Deux programmes opposés, donc, mais qui se complètent.

La guerre peut se résumer ainsi : parfois il faut concentrer ses forces, parfois il faut les disperser.

Si vous pouvez rassembler et concentrer un grand nombre d'armes stratégiques, vous aurez des chances d'anéantir l'ennemi, quelle que soit sa défense.

Pour ce qui est de la défense, par contre, la dispersion est essentielle. Si vous dispersez vos équipements, les méchants qui veulent casser vos joujous vont avoir plus de mal.

Les deux programmes du Pentagone concentrent les équipements pour ce qui est de l'offensive (tous ces avions-arsenal peuvent lâcher leurs missiles sur une unique position) et les dispersent, en ce qui concerne la défense (les avions sont partout, pas seulement concentrés autour des cibles dans la zone de combat.)

Tout ceci est une suite logique des deux technologies qui dominent le combat aérien depuis environ 20 ans : la furtivité et les frappes de précision de longue portée. Avant, il fallait compter sur des dizaines d'avions et des opérations complexes, juste pour frapper une cible.

La furtivité permet aux aéronefs de pénétrer dans un espace aérien hostile, de se déplacer discrètement et de faire beaucoup de dégâts. Le seul problème est que la furtivité coûte cher et qu'elle est un véritable casse-tête qui nécessite des mises à jour.

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Les frappes précises de longue portée permettent de frapper des cibles très lointaines, ce qui a l'avantage de ne pas mobiliser des dizaines d'avions juste pour lâcher quelques bombes. Mais les munitions restent coûteuses et les opérations de repérage et l'évaluation des dégâts pour voir qui doit être bombardé (et parfois re-bombardé) sont un casse-tête.

La Russie semble, elle aussi, vouloir maîtriser la furtivité et les frappes de longue portée, et la Pentagone sait très bien que sa domination aérienne et son monopole de la furtivité ne sont plus des acquis.

C'est en partie pour cela que Carter parle ouvertement des programmes de défense des États-Unis — pour que la Russie et la Chine sachent que, malgré des années de bourbier en Irak et en Afghanistan, l'armée américaine sait également se battre contre des adversaires bien équipés.


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Photo via DVIDS

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Cet article est d'abord paru sur la version anglophone de VICE News