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Crime

Bilan porté à 3 morts après une attaque à la grenade devant le Parlement ukrainien

Alors que le Parlement de Kiev débattait lundi sur un éventuel élargissement de l’autonomie accordée aux régions russophones dans l’Est de l’Ukraine, des nationalistes d’extrême droite ont pris d’assaut le bâtiment.
Sergey Dolzhenko/EPA

Un garde national ukrainien a été tué par des manifestants nationalistes lors d'affrontements à l'extérieur du parlement ukrainien ce lundi alors que les parlementaires débattaient au sujet d'un projet de loi visant à accorder plus d'autonomie aux régions situées à l'Est du pays. Au moins 90 autres membres des forces de sécurité ont été blessés. Ce mardi, deux autres membres des forces de l'ordre sont morts des suites de leurs blessures ont indiqué des sources officielles ukrainiennes.

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Alors que les parlementaires étaient en train de débattre au sujet de cette mesure, environ 100 manifestants — dont beaucoup seraient proches des milieux d'extrême droite et notamment du parti Svoboda — se sont retrouvés face à face avec la police, à l'extérieur du bâtiment.

Une séquence vidéo tournée par un drone montre des colonnes de police antiémeute essayant de contenir une foule en colère devant le Parlement.

Certains individus dans la foule portaient des masques sur leurs visages et ont brandi des boucliers en métal et des clubs de golf. Un manifestant a lancé une grenade vers la police.

Dans une adresse à la nation, le Président ukrainien Petro Porochenko a décrit ces manifestations violentes comme « anti-ukrainiennes » et a déclaré que « tous les organisateurs doivent prendre leurs responsabilités. »

While our troops defend homeland, some kill them in Kyiv for the sake of party banners and several seats in a district council, - President.

— The Bankova (@TheBankova)August 31, 2015

Alors que nos soldats défendent notre territoire, certains les tuent à Kiev au nom des couleurs d'un parti et pour quelques sièges dans un conseil de district — Le Président. 

Le ministre de l'Intérieur ukrainien Arsen Avakov a condamné le chef de Svoboda, Oleh Tyahnybok, après cet épisode de violence.

« Dites-moi, en quoi Svoboda est-il différent des bâtards qui tirent sur notre garde nationale sur le front ? » a-t-il déclaré.

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Il a ajouté que plus de 30 personnes avaient été interpellées suite à l'attaque, y compris l'homme qui aurait lancé la grenade meurtrière.

« Aucun différent politique ne peut justifier ce que vous avez fait à l'extérieur de Rada aujourd'hui, » a déclaré Avakov, en faisant allusion au bâtiment du Parlement qui s'appelle la Rada d'Ukraine.

Pendant ce temps, le parti nationaliste de droite Svoboda a estimé que le gouvernement du Président Petro Porochenko — qui veut un changement constitutionnel afin de donner plus d'indépendance aux régions russophones du pays — avait « poussé les Ukrainiens à protester ». Le parti a décrit ce projet de loi comme étant une « capitulation face au Kremlin ».

Les affrontements de ce lundi sont symptomatiques d'un débat plus large Ukraine sur le processus de paix avec les séparatistes soutenus par les Russes à l'Est du pays.

En février, des séparatistes et le gouvernement central se sont accordés sur une trêve dont l'une des conditions était que Kiev permette à certaines régions russophones une plus grande indépendance. Les combats entre Kiev et les forces rebelles ont fait plus de 6 800 morts et ont provoqué des tensions géopolitiques entre la Russie, l'Union européenne et les États-Unis.

À lire : Rencontre avec Muslim, le commandant tchétchène qui se bat en Ukraine contre les séparatistes pro-Russes

Le projet de loi qui était discuté ce lundi a aussi déchaîné les passions à l'intérieur du Parlement. Des députés nationalistes ont scandé « La honte ! » en tambourinant sur les bancs du Parlement, au moment où le vote était demandé. 265 députés ont voté en faveur de la version préliminaire du projet, soit 39 votes de plus que le minimum exigé.

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Toutefois, certains alliés majeurs du président Petro Porochenko ont pris position contre la mesure, ce qui pourrait rendre difficile l'obtention des 300 votes dont elle aura besoin pour finalement être adoptée.

« Ce n'est pas une route vers la paix ni une route vers la décentralisation, » a dit l'ancienne Premier ministre Youlia Timochenko, un membre clé de la coalition au pouvoir qui est contre l'octroi de l'autonomie. « C'est un processus diamétralement opposé, qui mènera à la perte de nouveaux territoires. »

Le parlementaire Vladimir Groisman lui refuse l'idée selon laquelle ces changements mèneront à la perte de territoire. « Il n'y a aucune allusion au fédéralisme, » a dit Groisman. « L'Ukraine était, est et restera un état unifié, » a-t-il déclaré.

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