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Crime

Blaise Compaoré et l’hélicoptère de l'armée française

Le président déchu a bénéficié d’une aide du gouvernement français dans sa fuite vers la Côte d’Ivoire. Les modalités de cette aide restent floues.
Photo de AP/Francois Mori

Selon le journal Jeune Afrique le président déchu du Burkina Faso aurait été exfiltré par l'armée française, présente dans la région. Dans le même temps la présidence française reste floue sur son rôle exact dans la mise en sécurité de Blaise Compaoré dans l'État voisin de Côte d'Ivoire.

Le président de la République Française François Hollande, en déplacement au Canada, a annoncé lundi lui-même à l'AFP que la France avait fait en sorte que « l'évacuation [du président] Blaise Compaoré puisse se faire sans drame " mais « sans y participer » elle-même.

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Le journal Jeune Afrique a publié mardi après-midi un article en ligne décrivant le détail de l'opération, et affirmant que c'est un hélicoptère militaire français puis « un avion français » qui ont emmené l'ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré vers la Côte d'Ivoire. Pour le moment l'Élysée n'a pas réagi à ces nouvelles informations.

Selon Jeune Afrique, Blaise Compaoré aurait été héliporté depuis la région de Manga et de Nobéré vers la ville de Fada Gourma, à l'est du pays. De là, un avion venu de Côte d'Ivoire a décollé vers Yamoussoukro, la capitale de ce pays frontalier du Burkina Faso.

Exclusif. — Jeuneafrique.com (@jeune_afrique)November 4, 2014

Compaoré aurait tenté dans un premier temps de se rendre dans la ville de Pô avec un convoi de 28 véhicules civils sous escorte militaire burkinabè, mais aurait été bloqué à cinquante kilomètres de son objectif. Un hélicoptère français des forces spéciales françaises cantonnées à Ouagadougou, toujours selon Jeune Afrique, aurait alors rejoint le convoi pour exfiltrer Compaoré et ses proches. Ils sont toujours en Côte d'Ivoire.

Le Burkina Faso est un allié de la France dans sa campagne militaire contre les terroristes du Sahel, l'opération Barkhane.

Vidéo YouTube du site d'information Burkina 24 montrant ce qui est présenté comme étant le convoi de Blaise Compaoré 

Les informations du journal Jeune Afrique disent donc que la France a eu un rôle actif dans l'exfiltration de l'ex-président, en utilisant les forces françaises présentes dans le pays, mais aussi que Compaoré était en contact avec les autorités françaises durant les troubles de la semaine dernière.

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Journée de chaos à Ouagadougou. À lire ici.

François Hollande a effectivement indiqué à Québec que « Dès le début de cette crise, la France a joué son rôle et mis en garde [Blaise Compaoré] ». Le président français a confirmé avoir écrit au chef d'État burkinabè « de ne pas engager […] la révision de la Constitution » à l'origine du soulèvement burkinabè. Écrit suivi d'une déclaration « demandant à Blaise Compaoré de prendre les bonnes décisions, c'est-à-dire de partir. »

La France était dans un premier temps restée silencieuse durant les événements de la semaine dernière au Burkina Faso, qui est une de ses anciennes colonies ayant obtenu son indépendance en 1960.

En octobre 2012, François Hollande avait prononcé à Dakar un discours à l'occasion de sa première visite en tant que président sur le continent africain. Il avait notamment déclaré : « Le temps de ce que l'on appelait autrefois la Françafrique est révolu, » en référence au réseau d'influence économique et politique maintenu par la France avec ses anciennes colonies.

Ce type de relation a par le passé été dénoncé comme portant préjudice au développement démocratique des anciennes colonies africaines françaises. En janvier 2010, le journal Le Monde diplomatique consacrait un article au Burkina Faso de Blaise Compaoré, désigné comme étant un « pilier de la Françafrique ».

Blaise Compaoré est désormais sous la protection de son allié Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire.

Qui a placé Isaac Zida à la tête du Burkina Faso ?

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