FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Ce que l’on sait sur le lancement du « satellite » nord-coréen de ce week-end

La Corée du Nord a procédé au lancement d’une fusée longue portée, afin de mettre sur orbite ce que le pays annonce être un satellite. Il pourrait en réalité s’agir d’un simple bout de ferraille utilisé pour maquiller un test de missile balistique.
(Photo via EPA/Kyodo)

La Corée du Nord a procédé ce dimanche au lancement d'une fusée longue portée, afin de mettre sur orbite ce que les Nord-Coréens annoncent être un satellite. Il pourrait en réalité s'agir d'un simple bout de ferraille utilisé pour maquiller un vrai test de missile balistique. Ce lancement, qui avait été annoncé dès samedi, va à l'encontre des sanctions prévues par les Nations unies et survient quelques semaines après un test de bombe nucléaire.

Publicité

La fusée a décollé vers 9 heures 30 (heure locale) en suivant une trajectoire dirigée vers le sud. Le Fuji Television Network japonais a diffusé des images du lancement, saisies depuis la frontière entre la Chine et le royaume ermite. Sur les images, on voit une colonne de lumière vive qui s'élève vers le ciel.

Alleged photos of North Korean rocket luanch taken from Chinese border city Dandong being shared on Sina Weibo. — Tom Hancock (@hancocktom)February 7, 2016

Des images présentées comme des photos de la fusée nord-coréenne prises depuis Dandong, une ville chinoise située sur la frontière, et diffusées sur Sina Weibo (le Facebook chinois). 

KMS 4 orbit and current KMS 3-2 orbit: — Dr Marco Langbroek (@Marco_Langbroek)February 7, 2016

Citant leur agence de renseignement, les parlementaires sud-coréens ont déclaré que le satellite ne valait rien, d'après l'agence de presse Yonhap. La Corée du Nord avait déjà lancé une fusée longue portée en 2012, mettant sur orbite ce qu'il avait appelé un « satellite de télécommunications » — bien qu'aucun signal n'ait jamais semblé émaner de celui-ci. À la recherche d'indices sur ce nouveau lancement, la marine sud-coréenne a retrouvé ce dimanche un carénage qui aurait été utilisé pour protéger le satellite lors de son voyage vers l'espace.

Ce dimanche, l'agence de presse d'État nord-coréenne a diffusé la photo d'une fusée blanche quasiment identique à la fusée Unha-3 lancée en 2012. D'autres photos montrent Kim Jong-un entouré par des officiels de l'armée réjouis, dans ce qui ressemble à un centre de commande du lancement. Un autre cliché met en scène Kim, qui aurait 33 ans, en train de signer l'ordre de lancement.

Publicité

Just in: Still images broadcast on KCTV show Kim Jong Un at launch site — Martyn Williams (@martyn_williams)February 7, 2016

Cela vient de tomber : Des photos diffusées sur KCTV montrent Kim Jong-un dans un site de lancement. 

Just in: Launch images broadcast on KCTV — Martyn Williams (@martyn_williams)February 7, 2016

Cela vient de tomber : Des images du lancement diffusées sur KCTV.

L'agence nord-coréenne de développement aérospatial a déclaré que ce lancement était « un événement majeur pour le développement de la science, de la technologie, de l'économie et des capacités de défense du pays, grâce à l'exercice légitime du droit d'utiliser l'espace pour des raisons indépendantes et pacifiques. » Le satellite s'appelle Kwangmyongsong-4 ou « Étoile Brillante » — une appellation tirée d'un poème du père de l'actuel leader nord-coréen, Kim Jong-il, décédé en décembre 2011.

« Si la Corée du Nord peut communiquer avec le Kwangmyongsong-4, le pays va apprendre à faire fonctionner un satellite, » explique David Wright, co-directeur et chercheur au Global Security Program de l'Union of Concerned Scientists. « Et même s'ils n'y parviennent pas, ils auront emmagasiné de l'expérience pour les lancements et en auront appris un peu plus sur la fiabilité de leurs fusées. »

Le 6 janvier dernier, la Corée du Nord avait déclaré avoir mené son quatrième test nucléaire, en parvenant à faire exploser ce que le pays a annoncé être une bombe à hydrogène. L'explosion observée était bien moindre que celles qui accompagnent habituellement la détonation d'un dispositif thermonucléaire — jetant un sérieux doute sur les déclarations nord-coréennes. Le pays travaillerait aussi sur la miniaturisation d'une tête nucléaire pour l'incorporer dans un missile. Deux versions de ce potentiel missile balistique ont été présentées et pourraient bien être capables d'atteindre la côte Ouest des États-Unis.

Publicité

À lire : La Corée du Nord déclare avoir réussi à faire exploser une bombe à hydrogène

Le lancement de ce dimanche a obligé la Corée du Sud et les États-Unis à annoncer qu'ils allaient explorer la possibilité du déploiement « dès que possible » d'un système de défense antimissile en Corée du Sud.

La Chine et la Russie s'opposent à un tel plan.

La Corée du Sud et les États-Unis ont pourtant fait savoir que si ce système antimissile baptisé THAAD (pour Terminal High Altitude Area Defense) était déployé en Corée du Sud, il serait uniquement dirigé contre la Corée du Nord. La Corée du Sud se montre pour le moment peu disposée à débattre ouvertement du possible déploiement de THAAD.

« La Corée du Nord continue de développer ses armes nucléaires et ses programmes de missiles balistiques. La responsabilité de notre Alliance est de maintenir une défense forte contre ces menaces, » a déclaré dans un communiqué le Général Curtis M. Scaparrotti, le commandant des forces américaines en Corée. « THAAD ajouterait une nouvelle couche à une défense antimissile efficace déjà existante. »

So far they look pretty similar, but will get it into Photoshop to make more accurate measurements on Monday. — Melissa Hanham (@mhanham)February 7, 2016

Pour le moment, elles ont l'air plutôt semblables, mais ce lundi je procéderai à diverses mesures sur Photoshop. 

Kwangmyongsong and Unha-3 overlaid. Perfect fit. — Melissa Hanham (@mhanham)February 7, 2016

Publicité

Kwangmyongsong et Unha-3 l'un sur l'autre. Exactement pareil. 

La Chine, le principal partenaire commercial de la Corée du Sud, a répété ses inquiétudes envers THAAD — un système équipé d'un radar capable de pénétrer son territoire.

La Chine a fait savoir qu'elle regrettait ce lancement de fusée, tout en appelant chaque partie prenante à s'abstenir de toute décision qui pourrait faire monter les tensions dans la région. Le ministre des Affaires étrangères chinois a déclaré tard ce dimanche qu'il avait convoqué l'ambassadeur nord-coréen « pour lui exposer clairement la position de principe de la Chine ».

Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu une réunion d'urgence ce dimanche, à la suite de laquelle ses membres ont « fermement condamné » le lancement, dans un communiqué. Le Conseil de sécurité a annoncé que même si la Corée du Nord évoque un « lancement de satellite », le lancement était un test de la technologie de missile balistique, ce qui contribue au « développement de l'arme nucléaire » à Pyongyang. La Corée du Nord est déjà soumise à des sanctions strictes, mais le Conseil de sécurité a annoncé qu'il pourrait « aller rapidement plus loin. »

La Corée du Nord avait prévenu l'Organisation internationale maritime que son lancement était imminent, fournissant initialement une fourchette courant du 8 au 25 février pour le lancement. Ces dates ont été changées ce samedi (du 7 au 14 février), notamment pour profiter du temps clément de ce dimanche.

Publicité

À lire : De la K-pop contre la bombe à hydrogène : le retour de la guerre de propagande audio de la Corée du Sud


Avec Reuters.

Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR