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Un nouveau satellite pour nous protèger des éruptions solaires

Le satellite DSCOVR va renvoyer des images de la Terre et enverra des alertes aux scientifiques au sujet de radiations solaires capables d’endommager les systèmes de télécommunication ou les réseaux électriques.
Image via NASA

À plus d'un million de kilomètres de la Terre, un nouveau satellite garde désormais un oeil à la fois sur notre planète mais aussi sur les particules qui s'échappent du soleil. Le satellite, positionné à 148 km du soleil, s'appelle Deep Space Climate Observatory ou DSCOVR.

Après que la NASA a publié une image de la Terre photographiée par DSCOVR ce mardi, le Président américain Barack Obama a posté la photo sur Twitter. « Je viens de recevoir cette photo d'une bille bleue par la @NASA, » a-t-il écrit. « Une jolie façon de nous rappeler que nous devons protéger la seule planète que nous ayons. »

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Toutefois, ce nouvel engin spatial est bien plus qu'une machine qui prend des photos de la Terre. Le satellite a une double mission : il va à la fois examiner notre planète, mais aussi l'activité du soleil — grâce à son positionnement entre les deux corps célestes.

« La grande nouveauté, c'est qu'il a un point de vue unique, » explique à VICE News le directeur de l'Institut Goddard pour les études spatiales de la NASA, Gavin Schmidt.

Les données que DSCOVR collecte sur les caractéristiques de l'atmosphère terrestre — depuis son emplacement entre notre planète et le soleil — vont permettre de compléter les informations glanées par d'autres satellites en orbite autour de la Terre, mais sous d'autres angles. Ainsi, cela peut aider les scientifiques à perfectionner leurs systèmes d'étude de la météo et du climat, explique Schmidt — qui ne participe pas au programme DSCOVR.

Just got this new blue marble photo from — President Obama (@POTUS)July 20, 2015

En plus de contempler la Terre, le satellite a une autre fonction importante : elle va permettre d'aider les scientifiques de l'Administration océanique et atmosphérique américaine (NOAA) à comprendre les évolutions de l'activité solaire. Doug Biesecker, le responsable du programme scientifique pour DSCOVR à la NOAA, compare le rôle du satellite à celui une balise flottant au large des côtes floridiennes, capable de prévenir les météorologistes de l'arrivée d'un ouragan. Mais au lieu d'être stationné dans l'océan Atlantique, ce "satellite-balise" navigue dans l'espace et permet de prévenir les ouragans spatiaux.

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Un ouragan spatial est créé par phénomène solaire appelé « éjection de masse coronale ». Et cela peut grandement endommager les réseaux électriques sur Terre. Si la NOAA détecte un changement climatique solaire dangereux, elle peut émettre une alerte de 15 à 60 minutes aux entreprises qui gèrent les réseaux électriques, ou même aux compagnies aériennes qui ont des avions en activité autour du Pôle Nord.

« Le vent solaire souffle depuis le soleil à plus d'un million de kilomètres à l'heure, » a indiqué à VICE News David Hathaway, un scientifique du Centre de recherches Ames de la NASA, qui ne fait pas partie de la mission. Habituellement, le champ magnétique terrestre protège la planète de ce vent. Mais parfois, une éjection de masse coronale a lieu, ce qui peut ou non coïncider avec une éruption solaire, indique Hathaway. Selon son orientation, cette éjection peut constituer un danger pour les technologies sur le globe.

« C'est un peu comme sortir son doigt et tester le vent solaire, » a déclaré Hathaway. « [DSCOVR] measures la densité du plasma, sa vitesse, ainsi que la force et la direction du champ magnétique. Cela ressemble vraiment à une girouette dans le vent solaire, qui vous indique les conditions climatiques à chaque instant. »

Le nouveau satellite, placé à près de 1,5 million de kilomètres, est entré dans ce que la NOAA appelle la « phase d'engagement », et devrait être pleinement en ligne en octobre prochain. À l'heure actuelle, la NOAA utilise un satellite nommé ACE — qui date de 1998 — pour recueillir les données relatives au soleil. « C'était super, mais c'est un très vieux satellite, » a déclaré Biesecker, « et vu l'importance de ces données vis à vis de la protection du réseau électrique, et des autres systèmes comme le GPS, c'était très important de lui trouver un remplaçant à la hauteur. »

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À lire : « C'est déroutant » : La NASA a publié de nouvelles images de Pluton cette nuit

Le satellite DSCOVR a une longue histoire derrière lui. L'idée derrière ce projet serait venue d'Al Gore, dans un rêve qui date de 1998. La mission de ce satellite, qui a finalement été baptisé « Triana », était de prendre des photos de la Terre en continu et de les rendre disponibles au public. Mais ce projet a été consigné sous le gouvernement de George W. Bush.

Le satellite, qui avait déjà été construit et surnommé par certains le « GoreSat », était entreposé dans une pièce propre, et gardé en « parfaite » condition, a indiqué Biesecker. Quand la NOAA a réalisé qu'elle devait remplacer le satellite ACE, elle a demandé à la NASA si elle pouvait avoir le satellite de l'époque d'Al Gore.

« Alors, avec l'Armée de l'air nous avons financièrement aidé la NASA pour qu'elle sorte le satellite de son entrepôt. Nous l'avons vérifié, [et] nous avons vu qu'il était encore en bon état, » a raconté Biesecker, même si le satellite avait besoin d'une nouvelle batterie et d'autres réparations. « Nous ne l'avons pas voulu pour sa capacité à analyser la Terre, mais pour la météorologie spatiale, » a-t-il ajouté. Cela a nécessité des changements sur l'appareil.

C'est comme ça qu'un satellite dont la mission première était de photographier la Terre a fini par surveiller le soleil. Le satellite a été lancé en février dernier.

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L'image publiée par la NASA ce mardi montre l'Amérique du Nord sous des nuages tourbillonnants.

« J'ai eu la chance de voir les images du reste du globe, et [elles] sont spectaculaires — le monde entier va pouvoir participer, » a indiqué Biesecker. « C'était en fait l'idée originale, l'idée d'Al Gore. »

Les données relatives à la météo solaire vont être transmises en continu, alors que les images de la Terre seront téléchargées une fois par jour, quand les États-Unis se retrouvent face au satellite.

Les photographies de la Terre — les images de la « bille bleue » — seront prises plusieurs fois chaque jour a expliqué Biesecker. « Et donc ce qui est plutôt cool, c'est qu'au fur et à mesure que l'on récupère ces images, si on les rassemble dans un film, » a-t-il ajouté, « vous verrez la façon dont tout bouge autour du globe, notamment les nuages et les tempêtes. »

Suivez Rob Verger sur Twitter : @robverger