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Crime

Certains mangas devraient-ils être interdits pour pédopornographie ?

Une envoyée des Nations unies a appelé les pays d’Asie de l’est à interdire les contenus pédopornographiques dans les mangas. Des artistes soutiennent que rien de tel n’existe.
Photo via Flickr

Les Nations unies ont relancé le débat sur les images d'enfants sexualisés dans l'art du manga japonais après que son envoyée spéciale pour la protection des enfants, Maud de Boer-Buquicchio, a appelé les pays d'Asie de l'est à interdire certains contenus dans des dessins animés.

« Lorsqu'on en arrive précisément à du contenu pédopornographique extrême, les mangas devraient être interdits, » a déclaré Boer-Buquicchio, en ajoutant que ce qui était important était de « trouver le juste équilibre ».

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« J'accepte que l'argument qui invoque la liberté d'expression doit prévaloir lorsqu'il s'agit de pornographie adulte, » a-t-elle dit.

Le Japon a interdit la possession de pédopornographie l'année dernière. Malgré tout, si posséder des photos ou des vidéos explicites d'enfants maltraités peut être condamné d'une amende d'un million de yen (environ 7 500 euros) et d'un an de prison, les dessins de mangas n'ont pas été inclus dans la législation — le contrôle de la production de bandes dessinées étant une attaque à la liberté d'expression, selon les artistes.

Les commentaires de Boer-Buquicchio ont été accueillis par la colère de certains dessinateurs. Dan Kanemitsu, un traducteur de manga, a déclaré que la porte-parole des Nations unies avait mélangé « la réalité et la fiction ».

« Il n'existe pas de mangas ou de dessins animés contenant de la pédopornographie, » a-t-il dit au Guardian. « La pédopornographie implique des enfants, et elle doit être combattue pour cela. [De Boer-Buquicchio] voulait parler de représentations sexualisées de personnages à l'air enfantin dans les mangas et les dessins animés. Beaucoup d'artistes hommes et femmes au Japon dessinent des personnages d'une façon qui apparaît comme enfantine pour des yeux occidentaux. Par conséquent il s'agit du rejet d'un art populaire au Japon. »

Pour Kanemitsu cette affaire est aussi une attaque contre la liberté des artistes. « Je pense que beaucoup de gens comprendront la logique de protection de la liberté d'expression, tant que cela ne porte atteinte à aucune personne réelle, » a-t-il dit.

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Entre-temps, Shihoko Fujiwara, responsable de l'organisation à but non lucratif Lighthouse, a déclaré à l'AFP que la représentation « d'enfants de moins de 18 ans clairement destinée à satisfaire l'excitation sexuelle devrait être réglementée de la même manière que la pédopornographie enfantine. »

L'industrie du manga génère énormément d'argent au Japon, pour une valeur que l'on estimait à 420 milliards de yens (environ 3,2 milliards d'euros) en 2009.

Le Japon a précédemment été la cible de critiques pour avoir mis du temps à se confronter au problème de la maltraitante des enfants et de leur sexualisation.

Le rapport du département d'État américain sur les droits de l'homme de 2013 a qualifié le Japon de « plate-forme internationale pour la production et le trafic de pédopornographie. »

En 2009, le Centre de protection de l'enfance du Canada a classé le Japon en quatrième position dans la liste des pays qui hébergent des sites de pédopornographie.

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Photo via Flickr