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C’est officiel : 2015 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée

Deuxième record d’affilée pour les températures du globe en 2015 qui dépasseraient largement celles de 2014 — déjà tenantes du titre — comme l’ont déclaré des scientifiques spécialistes du climat ce mercredi.
Image via Flickr/Scientific Visualization Studio/Goddard Space Flight Center

Des agences scientifiques américaines ont confirmé ce mercredi qu'en 2015, le monde n'a pas seulement atteint un deuxième record d'affilée en termes de températures globales, mais aussi que la Terre a fait la moitié du chemin vers le point au-delà duquel certains scientifiques estiment que le changement climatique pourrait devenir catastrophique.

Dans le monde entier, les températures marines et terrestres de 2015 étaient en moyenne supérieures de 0,9 degré par rapport aux moyennes enregistrées tout au long du XXème siècle, d'après un rapport de l'Administration américaine en charge des questions océaniques et atmosphériques (NOAA).

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Par ailleurs, des chiffres la NASA ont montré que les températures de 2015 étaient supérieures de 0,87 degré par rapport aux moyennes de la période 1951-1980. Même sans le phénomène climatique El Niño — qui accélère la hausse des températures depuis l'Océan Pacifique — cette année 2015 aurait quand même été l'année la plus chaude jamais enregistrée, d'après Gavin Schmidt, directeur de l'Institut Goddard d'études spatiales de la NASA.

« Cette année si chaude s'explique par une tendance sous-jacente de long terme » a déclaré Schmidt à la presse. « Il n'y a aucune preuve montrant que cette tendance a ralenti, s'est arrêtée ou a connu des interruptions à aucun moment ces dernières décennies. » a-t-il ajouté.

L'année 2015 n'a pas seulement battu le record tenu par 2014, elle l'a largement devancé. Le relevé de la NOAA des températures de 2015 est finalement 0,16 degré plus haut que le précédent en 2014 — ce qui représente une différence énorme dans un domaine où les mesures évoluent habituellement de quelques centièmes de degrés tout au plus.

« Ce n'est pas seulement un record, c'est un record fracassant », a déclaré Katharine Hayhoe, une scientifique spécialisée dans les études atmosphériques à l'Université technologique du Texas à Lubbock (États-Unis). « C'est un peu comme si quelqu'un gagnait le sprint du 100 mètres aux Jeux Olympiques, avec 10 mètres d'avance. »

2015 avg global temperature record warm at 1.62°F (0.90°C) above avg: https://t.co/ZVoiHfpHUr #StateOfClimate pic.twitter.com/h3jCaXCg9I

— NOAA NCEI Climate (@NOAANCEIclimate) January 20, 2016

Le record des températures moyennes en 2015 monte à 0,9 degrés Celsius au-dessus de la moyenne

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« Il ne s'agit pas d'un ou deux mois qui étaient tellement au-dessus des normales que cela a fait basculer l'ensemble de l'année », a déclaré Scott Weaver, un responsable scientifique de l'ONG américaine Environment Defense Fund. « C'était vraiment persistant [en 2015], dans le monde entier, sur toute l'année. » Et même si un nouveau record était attendu, « la marge a vraiment été surprenante ».

L'Office météorologique britannique a publié des chiffres similaires ce mercredi matin, proches de ceux figurant dans un bilan rendu par l'Agence météorologique japonaise en décembre dernier.

Neuf des dix années les plus chaudes enregistrées depuis 1880 ont eu lieu entre les années 2000 et 2015. De plus, c'est en 2015 que les températures moyennes ont pour la première fois dépassé de plus d'un degré les normales enregistrées depuis la fin du XIXème siècle (époque à laquelle ces relevés ont débuté) d'après Thomas Karl, directeur des Centres d'information environnementale de la NOAA.

Ces chiffres sont proches des 2 degrés de réchauffement, soit le point à ne pas dépasser d'après les 190 pays qui se sont mis d'accord en décembre dernier,lors de la COP 21 organisée à Paris. Des scientifiques ont alerté l'opinion publique sur le fait qu'au-delà des 2 degrés, le réchauffement pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Des chefs d'états du monde entier se sont par ailleurs mis d'accord sur un seuil de 1,5 degré au lieu de 2 degrés, dans l'espoir de minimiser les risques de désastre — un chiffre qui se rapproche rapidement selon Thomas Karl.

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« Si nous étions amenés à voir plusieurs années comme celle-ci, nous ne tarderions pas à atteindre 1 degré et demi », a-t-il déclaré.

Les négociations de la COP 21 à Paris visaient à inciter les membres des Nations Unies à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre qui ont participé à l'augmentation des températures. Le record de chaleur et les autres étrangetés du climat en 2015 ont réellement donné un nouvel élan aux négociations d'après Katharine Hayhoe, qui a assisté à cette conférence.

Une sélection des anomalies et événements climatiques de grande ampleur en 2015.

Dans l'est des États-Unis et du Canada, l'hiver a été chaud et humide, avec des tornades frappant la pointe sud-est des États-Unis au moment des fêtes de fin d'année. Les températures de décembre à New York ne sont jamais descendues en dessous de zéro, alors que l'océan Atlantique — anormalement chaud — a vu naître des tempêtes qui se sont abattues sur les côtes et ont causé de graves inondations au Royaume-Uni.

Des vagues de chaleur et des épisodes de sécheresse ont frappé le Moyen-Orient et l'Asie du sud-est, aggravant les feux normalement destinés à déboiser les forêts humides d'Indonésie pour l'industrie du papier et de l'huile de palme — ce qui a plongé le pays dans un étouffant nuage de fumée. Avec l'arrivée de l'automne, les pluies de mousson en retard ont causé des inondations qui ont causé la mort de centaines de personnes dans le sud de l'Inde.

« Nous avons vu des tempêtes tropicales qui ont augmenté en l'espace d'une nuit pour devenir des tempêtes de Catégorie 5 », a indiqué Hayhoe. « Alors que je traversais le Royaume-Uni en rentrant de Paris, les unes de journaux disaient que les jonquilles et les tulipes étaient désormais des fleurs de Noël — au lieu d'apparaître en mars, elles fleurissaient en décembre. Et je rentre à Toronto, d'où je suis originaire… et il y avait des jonquilles éclosant au Canada le jour de Noël. »

D'après Scott Weaver, ces nouvelles sont un signe que l'accord de Paris « doit quitter la phase de discussion et vraiment atteindre la phase de mise en place. »


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