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FRANCE

Charlie Hebdo, Hyper Cacher : une chronologie des attaques et de leurs suites en 2015

Un an après l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo qui a marqué le début de trois jours de violences terroristes, nous publions une chronologie revenant sur les attaques elles-mêmes et listant les événements politiques ou législatifs qui ont suivi.
La rédaction de Charlie Hebdo après l'attaque le 7 janvier (Etienne Rouillon / VICE News)

Un an après l'attaque de la rédaction de Charlie Hebdo qui a marqué le début de trois jours de violences terroristes, nous publions une chronologie revenant sur les attaques elles-mêmes et listant les événements qui ont suivi sur le plan politique, législatif, militaire.


Mercredi 7 janvier 2015

Vers 11h30, profitant d'une porte ouverte par une factrice, les deux frères Chérif et Saïd Kouachi (des Français âgés de 32 et 34 ans) s'introduisent dans les locaux de Charlie Hebdo et tuent 11 personnes au fusil d'assaut, avant de s'enfuir en voiture avec un troisième complice. Lors de leur fuite, ils font une douzième victime, un policier de 42 ans.

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Moins d'une heure plus tard, le Premier ministre Manuel Valls déclenche l'alerte attentat, soit le niveau maximal du plan Vigipirate, et ce sur tout le territoire d'Île de France. Des effectifs policiers sont dépêchés pour protéger les grandes rédactions de journaux parisiens ainsi que les lieux de culte.

Aux alentours de 13h, le président de la République François Hollande arrive sur les lieux de l'attaque accompagné d'Anne Hidalgo (maire de Paris) et de Bernard Cazeneuve (ministre de l'Intérieur).

À 14h, une réunion de crise est organisée à l'Élysée. Sont notamment présents Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, ainsi que les ministres Jean-Yves Le Drian (Défense), Christiane Taubira (Justice), Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Fleur Pellerin (Culture et Communication).

Les condamnations de l'attentat se multiplient à travers le monde. La Maison Blanche parle de « fusillade terrifiante ». Les mots « barbarie » et « terrorisme » reviennent très fréquemment.

En fin d'après-midi, les forces de l'ordre recherchent toujours activement deux hommes dans un véhicule qui aurait déjà quitté Paris. Dans de nombreuses villes en France, des marches citoyennes rassemblent plusieurs milliers de personnes.

C'est à 18h que le procureur de la République François Molins donne une conférence de presse dans les locaux de la préfecture de Paris. Le bilan est lourd : 12 morts et 11 blessés. Il indique que les recherches sont toujours en cours et en appelle à la « responsabilité des médias » quant au secret de cette enquête antiterroriste.

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Vers 20h, le président François Hollande s'exprime à la télévision depuis l'Élysée. En hommage aux victimes — qu'il appelle des « héros » — il décrète que le jeudi 8 janvier sera un jour de deuil national.

Durant la nuit, les hommages se multiplient aux quatre coins du monde.

Un appel à témoins est également lancé par la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ), reprenant les noms et portraits des deux frères Kouachi.

Jeudi 8 janvier 2015

La presse française est en deuil, comme le montrent les unes des tirages du matin. Ailleurs dans le monde, des médias publient certains dessins controversés de Charlie Hebdo, à l'instar du Washington Post.

À lire : Des caricaturistes européens réagissent au massacre de « Charlie Hebdo »

Peu avant 8h, à l'antenne de la radio RTL, Manuel Valls insiste sur la nécessité de « laisser la police faire son travail ». Il confirme que les deux suspects étaient « suivis » avant de faire référence à « une menace terroriste sans précédent, intérieure et extérieure ».

À 8h10, une fusillade éclate à Montrouge (sud de Paris). Une policière municipale et un agent de voirie sont touchés par un tireur qui prend la fuite.

Peu avant 11h, la policière succombe à ses blessures. Elle était âgée de 25 ans.

À lire : Charlie Hebdo : journée de deuil et de traque

Vers 10h30, les frères Kouachi sont aperçus aux environs de Villers-Cotterêts (nord de la France) lors du braquage d'une station-service.

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Au cours de l'après-midi, plusieurs partis politiques déclarent qu'ils participeront à la marche républicaine à Paris dont la date est fixée au dimanche 11 janvier 2015. La participation du Front National à ce rassemblement fait débat, le parti n'ayant d'ailleurs pas reçu d'invitation officielle.

Le gouvernement étend le niveau maximum du plan Vigipirate à la région Picardie, là où se trouveraient les frères Kouachi. La zone de recherche fait plusieurs dizaines de kilomètres carrés, principalement des champs et des bois.

En fin d'après-midi, l'un des directeurs du journal Libération annonce que sa rédaction hébergera celle de Charlie Hebdo « tant qu'ils en auront besoin ». Cela avait déjà été le cas en 2011, suite à un incendie criminel dans les locaux de l'hebdomadaire satirique.

Vendredi 9 janvier 2015

Aux alentours de 9h, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve confirme qu'une opération est en cours à Dammartin-en-Goële (une ville située à moins de 40 km au nord-est de Paris). Après avoir volé une voiture et échangé des tirs avec les forces de l'ordre, les frères Kouachi sont retranchés dans une imprimerie. Un cordon de sécurité est installé.

Le tireur de Montrouge, toujours en fuite, est identifié comme une connaissance de Chérif Kouachi. Pour la première fois, le lien entre les deux attaques est fait.

Peu après 11h, François Hollande se rend au ministère de l'Intérieur afin d'évoquer l'état des opérations en compagnie de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve.

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Autour de 13h30, une fusillade éclate Porte de Vincennes (Est de Paris), le tireur se retranche dans une épicerie juive, l'Hyper Cacher, où il prend plusieurs personnes en otage. Il est rapidement identifié comme étant Amedy Coulibaly, un Français âgé de 32 ans.

Peu avant 15h, les autorités déclarent que Coulibaly est également l'auteur de la fusillade qui a éclaté la veille à Montrouge. Le périmètre autour de l'épicerie est totalement verrouillé alors que le preneur d'otages exécute deux victimes et menace d'en tuer d'autres si les forces de l'ordre venaient à lancer l'assaut sur l'imprimerie où sont retranchés les frères Kouachi.

Aux alentours de 17h, l'assaut est lancé à Dammartin-en-Goële. Des ambulances sont aperçues aux abords du site de l'intervention.

Quelques minutes plus tard, la police et la gendarmerie déclenchent leur opération contre Amedy Coulibaly à Vincennes. Des détonations et de nombreux coups de feu sont entendus.

Peu après 18h, les autorités annoncent la mort des frères Kouachi (abattus alors qu'ils sortaient de l'imprimerie en tirant au fusil d'assaut) ainsi que celle d'Amedy Coulibaly, abattu également. À ces décès s'ajoute le bilan des victimes : 4 otages exécutés et 2 autres blessés à Vincennes. Trois policiers sont également blessés lors de cet assaut.

Retrouvez en images le récit de cette journée dans notre article — Fin des prises d'otages

À 19h50, le président de la République François Hollande revient sur ces trois jours d'attaque lors d'une adresse à la nation depuis l'Élysée. Il en appelle « à la vigilance, à l'unité et à la mobilisation », avant d'annoncer la venue de « nombreux chefs d'État du monde entier » pour les premières commémorations.

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Dimanche 11 janvier 2015 :

Un journal allemand, le Hamburger Morgenpost, est la cible d'une attaque au petit matin. Des pierres et un projectile enflammé atteignent les locaux de ce journal qui avait publié plusieurs caricatures issues de Charlie Hebdo.

En France, plus de quatre millions de personnes descendent dans la rue à travers tout le pays lors de manifestations organisées par divers partis, associations et groupes de citoyens.

À Paris, où près de 2 millions de manifestants prennent part à la « Marche républicaine », étaient également présents des chefs d'État du monde entier dont le Premier ministre britannique David Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel ainsi que les Premiers ministres espagnols et turcs, Mariano Rajoy et Ahmet Davutoglu.

À lire : En Photos : La Marche républicaine

Une vidéo est publiée sur Internet, montrant un homme ressemblant fortement à Amedy Coulibaly dans diverses situations, notamment en train de prêter allégeance au groupe État Islamique. La traque pour retrouver la compagne du terroriste continue.

Lundi 12 janvier 2015 :

Des marches anti-Islam voient leurs rangs gonfler en Allemagne, certains manifestants brandissant des caricatures de Charlie Hebdo. À Dresde (est du pays), près de 25 000 personnes défilent aux côtés du mouvement islamophobe PEGIDA.

Mardi 13 janvier 2015 :

Les députés de l'Assemblée Nationale rendent hommage aux victimes. Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Manuel Valls, annonce une série de mesures « exceptionnelles » afin de muscler les dispositifs de surveillance. Les députés votent la poursuite des frappes aériennes en Irak contre l'organisation État islamique (EI).

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Au coeur du débat reviennent également quelques cas de perturbation de la minute de silence du 8 janvier dans les établissements scolaires, ainsi que la question de la liberté d'expression.

À lire : Liberté d'expression : ce que dit la loi en France

Mercredi 14 janvier 2015 :

La branche d'Al-Qaida au Yémen met en ligne une vidéo de revendication des attaques contre Charlie Hebdo. On y voit l'un des leaders d'Al-Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA), Nasser Al-Ansi, se féliciter des attaques avant de lancer des menaces, évoquant d'avantage de « tragédie et d'horreur ».

Le même jour, le premier numéro de Charlie Hebdo post-attentat sort en kiosques. Partout en France des queues devant les kiosques se forment et le journal se retrouve rapidement en rupture de stocks. Sa couverture, représentant une nouvelle fois le prophète Mahomet, provoque toutefois l'indignation et parfois la censure dans plusieurs pays.

À lire : Comme tous les mercredis, Charlie Hebdo est sorti

François Hollande présente ses voeux aux armées depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, un navire sur le départ pour aller appuyer l'opération militaire française Chammal qui vise l'EI en Irak et en Syrie.

Jeudi 15 janvier 2015 :

Une fusillade éclate lors d'une opération antiterroriste à Verviers (une ville francophone dans l'est de la Belgique). Trois suspects ouvrent le feu sur les forces de l'ordre, deux d'entre eux sont tués et le troisième arrêté. D'après les autorités belges, ces hommes préparaient des attentats « de grande ampleur » sur le sol belge.

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Lundi 19 janvier 2015 :

Le Niger (Afrique de l'Ouest) se réveille après deux jours d'émeutes autour de la couverture polémique du numéro post-attentat de Charlie Hebdo. Un bilan fait état de 10 morts et d'innombrables incendies de voitures, bars et même des églises.

Le même jour, des dizaines de milliers de Tchétchènes se réunissent à Grozny (capitale de cette république russe majoritairement musulmane) à l'appel du président Ramzan Kadirov pour manifester contre « l'immoralité » de Charlie Hebdo.

Mercredi 21 janvier 2015 :

À la sortie du Conseil des Ministres, Manuel Valls détaille plusieurs mesures visant à améliorer l'efficacité de la lutte contre le terrorisme. Sont annoncées des augmentations budgétaires, l'embauche de plus de 2 600 personnes dont des aumôniers dans les prisons, ainsi qu'une loi sur le renseignement.

28 janvier 2015

Trois semaines après l'attentat contre Charlie Hebdo, le gouvernement français dévoile une plateforme qui entend contrer la propagande de l'organisation État islamique (EI), sur son terrain de prédilection, Internet. Intitulée « Stop Djihadisme » la plateforme contient des outils qui pourraient aider les familles et proches d'individus en voie de radicalisation.

À lire : #Stopdjihadisme : la vidéo de contre-propagande du gouvernement français

31 janvier 2015

Des centaines de manifestants protestent dans les rues de la capitale afghane, Kaboul, aux cris de « Mort à la France » et « Mort aux infidèles ». Ils réagissent contre les caricatures récentes du prophète Mahomet publiées dans le dernier numéro de Charlie Hebdo.

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Au moins 24 personnes ont été blessées au cours de la manifestation. La semaine précédente, le 23 janvier, une manifestation avait rassemblé près de 20 000 personnes à Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan.

1er février 2015

Lors du premier scrutin de « l'après-Charlie », le Front National arrive en tête. En ce début février, l'enjeu n'est pas énorme : il s'agit de trouver un remplaçant à Pierre Moscovici nommé commissaire européen, qui doit donc quitter son poste de député de la quatrième circonscription du Doubs. À l'issue du premier tour, Sophie Montel (FN) cumule 32,60 pour cent des voix et prend la première place.

À lire : Doubs : le score du Front National est-il lié aux attentats ?

Pascal Perrineau, spécialiste de la sociologie électorale et de l'analyse de l'extrême droite, confiait alors à VICE News, « que l'effet 11 janvier est beaucoup plus faible dans les urnes que ce qu'on a voulu dire. » Sophie Montel perd au second tour face au candidat socialiste.

2 février

VICE News rencontre l'un des dessinateurs de Charlie Hebdo, survivant de l'attaque contre son journal.

Regardez notre reportage : Le Caricaturiste - entretien avec Luz de Charlie Hebdo

3 février

Les abonnement à Charlie Hebdo sont passés de 10 000 à 200 000 après les attaques. Cette hausse des abonnements pourrait représenter un gain de 13,3 millions d'euros pour l'hebdomadaire. Les derniers chiffres de l'année 2015 faisaient état de 183 000 abonnés.

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17 février

On apprend que les enquêteurs trouvent des SMS qui relient Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, quelques heures avant l'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo.

20 février

Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur français, conclut sa tournée dans la Silicon Valley sur la côte ouest américaine. Le ministre est allé à la rencontre d'Apple, de Google, de Facebook, de Twitter et de Microsoft pour les « sensibiliser » au problème du « terrorisme en libre accès ».

Cazeneuve est persuadé que « 90 pour cent de ceux qui basculent dans le terrorisme, basculent par Internet » (un chiffre largement surestimé selon des spécialistes du phénomène djihadiste), d'où l'intérêt de se rendre dans la « Valley » pour aboutir à une « meilleure coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroriste sur Internet », selon les mots du ministre.

À lire : Pourquoi le ministre de l'Intérieur français rencontre les géants de la Silicon Valley

21 février

Le groupe islamiste somalien des shebab diffuse une vidéo dans laquelle les militants de l'organisation, affiliée à Al Qaïda, appellent à attaquer des centres commerciaux aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en France, où deux cibles potentielles sont citées : le Forum des Halles à Paris et la galerie marchande des Quatre-Temps située dans le quartier d'affaires de La Défense, en région parisienne.

La Défense était aussi une cible choisie par Abdelhamid Abaaoud, avant qu'il ne soit tué en novembre, lors de l'assaut de la police contre l'appartement de Saint-Denis où il s'était retranché.

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À lire : Pourquoi des islamistes somaliens veulent s'en prendre aux Halles de Paris

23 février

Les autorités françaises confisquent leurs passeports à 6 individus suspectés de vouloir rejoindre les rangs d'une organisation terroriste en Syrie ou en Irak. Il s'agit de la première confiscation de passeports, rendue possible grâce à une nouvelle loi antiterroriste adoptée en novembre 2014.

26 février

Pour lutter contre la radicalisation en prison, les autorités françaises décident de la création de « quartiers dédiés » aux détenus radicalisés dans les établissements pénitentiaires comme c'est déjà le cas à la prison de Fresnes. On annonce aussi ce jour-là — à l'occasion d'une visite à Fresnes de Christiane Taubira, ministre de la Justice, et Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur — la création de 60 nouveaux aumôniers musulmans pour intervenir dans les prisons.

À lire : La prison de Fresnes regroupe les islamistes radicaux

11 mars

Deux mois jour pour jour après la marche du 11 janvier, une centaine de personnes se rassemble place de la République en réponse à l'appel du Mouvement du 11 janvier.

À lire : Place de la République, deux mois après, qui est encore Charlie ?

16 mars

Le ministère de l'Intérieur annonce que cinq sites Internet faisant l'apologie du terrorisme ont été visés par un dispositif de « blocage administratif » (c'est-à-dire sans avoir besoin de l'accord d'un juge) prévu dans le cadre de la loi pour la lutte contre le terrorisme votée en novembre 2014.

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Plusieurs observateurs doutent de l'efficacité d'une telle mesure, de nombreuses stratégies de contournement existent pour accéder aux sites bloqués. Il suffit par exemple de faire croire virtuellement que l'on tente d'accéder au site depuis un autre pays.

19 mars

Deux mois après les attaques contre Charlie Hebdo, le Premier ministre français, Manuel Valls, annonce les grandes lignes de son projet de loi pour renforcer les pouvoirs des services de renseignement. « Des moyens d'action légaux mais pas de moyens d'exception ni de surveillance généralisée des citoyens, » c'est ainsi que Manuel Valls résumait à l'époque sa loi.

À lire : Les nouveaux super-pouvoirs des services de renseignement français

1er avril

Quinze journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo plaident pour une « remise à plat de l'architecture de Charlie ». Ils veulent « échapper au poids des millions » d'euros récoltés grâce aux dons, aux abonnements et aux ventes historiques, et militent pour un actionnariat salarié pour « prendre part collectivement aux décisions qui engagent le journal ».

Une demande qui sera refusée notamment par Riss (directeur de rédaction), le directeur financier Eric Portheault et le rédacteur en chef Gérard Biard. Ce refus contribuera à des tensions au sein de la petite équipe, symbolisées notamment par le départ d'un des dessinateurs star de l'hebdomadaire : Luz.

16 avril

L'ancien directeur de Charlie Hebdo et dessinateur Stéphane Charbonnier, alias Charb, a été tué le 7 janvier. Trois mois plus tard, un livre intitulé Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes est publié à titre posthume. Il avait fini de l'écrire deux jours avant l'assaut des frères Kouachi contre sa rédaction.

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À lire : On a lu le livre posthume de Charb sur l'islamophobie

19 avril

Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien en informatique de 24 ans, se fait arrêter par la police après avoir appelé le SAMU. Il s'est tiré une balle dans la jambe. Fouillant l'appartement de Ghlam, la police se rend compte que le jeune homme préparait un attentat contre une église de Villejuif.

Les enquêteurs ont aussi fait un lien entre une arme retrouvée chez Ghlam et celle qui a servi au meurtre d'Aurélie Châtelain, une professeure de fitness de 32 ans, retrouvée morte dans sa voiture en flammes à Villejuif le 19 avril. L'ADN de Ghlam a aussi été retrouvé dans la voiture incendiée de la jeune femme.

Ghlam a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et écroué.

On apprendra fin novembre, après les attaques du 13 novembre, qu'Abelhamid Abaaoud (un des assaillants des terrasses, mort dans lors du raid de la police à Saint-Denis) aurait fourni des instructions très précises à Ghlam concernant ce projet d'attentat contre une église.

24 avril

Des pro-Poutine lancent leur « version » de Charlie Hebdo pour se moquer de l'Occident. Le magazine Sharz i Pero (Dessin et Crayon) a été créé par des partisans de Vladimir Poutine venus du mouvement russe Anti-Maidan. L'un des artistes travaillant pour le magazine a déclaré que son objectif est de contrer la propagande anti-Russe.

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29 avril

La France va ouvrir une structure d'accueil pour des jeunes qui reviennent du djihad. « Une structure qui sera créée d'ici la fin de l'année afin de prendre en charge, sur la base du volontariat, des jeunes de retour de zones de conflit et ne faisant pas l'objet de poursuites judiciaires, » expliquait alors le Premier ministre Manuel Valls.

19 mai

Le dessinateur Renald Luzier, dit Luz, annonce au journal Libération qu'il quittera, en septembre Charlie Hebdo. Son départ de l'hebdomadaire, devenu malgré lui symbole mondial de la liberté d'expression, est « un choix très personnel » en partie motivé par une envie de « reprendre le contrôle de [soi]même ». Il confie au journal français ne plus arriver à s'intéresser à l'actualité, ce qui crée chez lui une certaine angoisse et la peur d'être moins bon.

À lire : Le dessinateur Luz va quitter l'hebdomadaire Charlie Hebdo

24 juin

Les députés français votent la version finale du projet de loi sur le renseignement. Cette loi détaillée par Manuel Valls en mars donne un cadre légal aux agissements des services de renseignement français. Plusieurs députés se sont élevés contre cette loi, craignant des dérives, mais le Premier ministre a assuré au perchoir que « Le projet de loi n'autorise pas la surveillance généralisée, mais bien au contraire, l'interdit. »

À lire : Le Parlement français adopte définitivement la loi sur le renseignement

26 juin

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Yassin Salhi décapite son employeur en Isère. Après avoir accroché sa tête à une grille de l'usine Air Products, il a projeté son véhicule sur le bâtiment pour provoquer une explosion en chaîne, faisant deux blessés.

L'enquête révélera que Salhi s'est pris en photo avec la tête décapitée de son patron. L'image a été envoyée via l'application WhatsApp. Le destinataire final, selon les enquêteurs, serait un certain « Yunes-Sébastien », un Français qui a rejoint la Syrie en novembre 2014. Deux bouts de tissu avaient aussi été retrouvés à côté de la tête décapitée. Ils sont « marqués de la Chahada », la profession de foi de l'islam.

Quelques jours plus tard, le 29 juin, il niera toute motivation religieuse. Il se suicide en prison le 22 décembre.

30 juin

La contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) en France critique le dispositif de regroupement des islamistes radicaux en prison, annoncé par le gouvernement français en janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. « Outre son caractère potentiellement dangereux, le regroupement de personnes détenues au sein de quartiers dédiés ne découle d'aucune disposition légale applicable, » résume l'avis de la CGLPL.

À lire : Regrouper les détenus radicalisés ? Mauvaise idée pour la contrôleure générale des prisons

16 juillet

Quatre personnes âgées de 16 à 23 ans — dont un ancien militaire — sont placées en garde à vue, suspectées d'avoir eu pour projet un attentat contre une base militaire du sud de la France.

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À lire : Un projet d'attentat déjoué contre une base militaire du sud de la France

15 août

Un homme, de nationalité française selon certains médias locaux, est mis en examen par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) de France, alors qu'il était revenu de Syrie, parce qu'il aurait eu comme projet de commettre un attentat dans une salle de concert en France.

À lire : La France arrête un homme soupçonné d'avoir projeté un attentat dans une salle de concert à son retour de Syrie

21 août

Le train Thalys Amsterdam-Paris est la cible d'une attaque terroriste évitée de peu grâce à plusieurs voyageurs qui parviennent à arrêter Ayoub El-Khazzani qui s'apprête à tirer à la Kalachnikov dans le train.

15 septembre

Charlie Hebdo sort un numéro avec une couverture sur la crise migratoire qui met en scène Aylan Kurdi, un enfant syrien retrouvé mort quelques jours plus tôt sur une plage turque — dont la photo avait ému la planète entière.

21 septembre

Le PNR (Passenger Name Record), un registre européen des données des passagers aériens, est effectif en France. Ce fichier contient plusieurs informations comme le nom et prénom du passager, son trajet ou même le choix de son repas. En revanche, le PNR n'est pas encore mis en place au niveau européen, malgré les multiples prises de parole de Manuel Valls dans ce sens.

7 octobre

Neuf mois après le lancement de la plateforme Stop Djihadisme, le gouvernement français lance une série de 4 vidéos destinées à sensibiliser le grand public à la question du départ de Français vers la Syrie ou vers l'Irak pour faire le djihad. Il s'agit de quatre témoignages de proches de jeunes devenus djihadistes.

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À lire : Voici les nouveaux spots anti-djihad du gouvernement français

14 octobre

Depuis les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les policiers sont surmenés et décident de manifester devant les fenêtres du ministère de la Justice contre une justice française « incohérente » selon les syndicats de police, qui ne leur permet pas de travailler dans de bonnes conditions.

Dans les rangs des manifestants, la menace terroriste est dans tous les esprits. Pour un commissaire croisé lors de la manifestation, « les assaillants avaient des Kalachnikovs. Les balles de ces fusils de guerre transpercent les gilets pare-balles. On voudrait être à armes égales avec ceux à qui on a parfois à faire. »

À lire : La police a allumé des fumigènes et fait hurler ses gyrophares sous les fenêtres du ministère de la Justice

12 novembre

Patrick Pelloux, collaborateur de Charlie Hebdo et médecin urgentiste, décide de quitter l'hebdo pour se consacrer à son métier. Il sort un livre en hommage à ses anciens collègues et amis qui ont péri lors de l'attaque contre la rédaction en janvier dernier.

13 novembre

Paris est à nouveau touché par des attaques terroristes. 130 personnes meurent lors de plusieurs attaques coordonnées : au Stade de France, sur des terrasses parisiennes et au Bataclan.

23 novembre

Le nombre de jeunes Français qui espèrent s'engager chaque jour dans les forces armées a triplé depuis le 13 novembre, jour des attaques qui ont tué 130 personnes dans la capitale française. Ils étaient entre 300 et 400 lors des campagnes de publicité, et environ 500 après Charlie Hebdo. Depuis le 13 novembre, chaque jour, ils sont 1 500 à déposer une demande.

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À lire : Après les attaques, les jeunes Français veulent s'engager en masse dans l'armée

4 décembre

Le gouvernement français diffuse une fiche conseil pour bien réagir en cas d'attaque terroriste (à la manière des consignes de sécurité que l'on trouve dans les avions). Ces conseils catégorisés en trois temps — s'échapper, se cacher, alerter — peuvent « vous sauver » avant l'arrivée des forces de l'ordre, d'après le sous-titre de l'affiche.

À lire : Réagir à un attentat : les conseils du gouvernement français

6 décembre

Pour le premier scrutin après les attaques de novembre, le Front National réalise un premier tour historique pour les élections régionales. Le parti de Marine Le Pen se retrouve en tête des scrutins au niveau national avec 27,96 pour cent des voix. Finalement, le FN ne remportera aucune région au second tour, une semaine plus tard.

3 janvier 2016

La couverture du nouveau Charlie Hebdo, prévu pour le 6 janvier en hommage aux victimes du 7 janvier 2015, est dévoilée. En Une de ce numéro double de 32 pages, on retrouve un personnage présentant les attributs d'un dieu monothéiste assassin, caricaturé par Riss, le directeur de l'hebdomadaire. En guise de sous-titre, on peut lire « 1 an après : l'assassin court toujours ».

À lire : Un dieu assassin « court toujours » en Une du numéro spécial de Charlie Hebdo



Où en est l'enquête sur les attentats de Janvier ?

  • Deux pistes potentielles pour les donneurs d'ordre

Pour le journal Le Monde, deux profils ressortent : Peter Cherif, (qui faisait partie de la filière des Buttes-Chaumont au début des années 2000 avec Chérif Kouachi) et Salim Benghalem, qui a voyagé avec Saïd Kouachi au Yémen en 2011.

Peter Chérif serait aujourd'hui en Syrie après avoir été un cadre important d'AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique, au nom duquel les frères Kouachi ont revendiqué leurs actions). Salim Benghalem avait lui rejoint l'EI courant 2013 (l'organisation pour laquelle Amedy Coulibaly dit avoir opéré).

  • Les liens entre les frères Kouachi et Coulibaly

On a appris de notes de la DGSI que l'aîné des Kouachi, Chérif, et Amedy Coulibaly ont passé du temps ensemble chez Djamel Beghal en 2010 dans le Cantal. Beghal y était assigné à résidence suite à un passage en prison après avoir fomenté un projet d'attentat. Cette même année, Beghal, Coulibaly et Chérif Kouachi sont tous les trois impliqués dans un projet d'évasion d'un des auteurs des attentats de 1995 à Paris : Smaïn Aït Ali Belkacem. Beghal et Coulibaly sont condamnés et Kouachi simplement entendu.

Chérif Kouachi et Coulibaly se sont vus la nuit précédant l'attaque contre Charlie Hebdo, et Coulibaly a expliqué lui avoir fourni des armes. Avant de passer à l'acte, un des deux frères Kouachi a envoyé un SMS à Coulibaly pour lui dire qu'ils se dirigent vers les locaux de l'hebdomadaire.

  • De mystérieux mails

Amedy Coulibaly a échangé plusieurs mails avec un mystérieux interlocuteur avant et pendant les trois jours de janvier qui ont secoué la capitale française. Le contenu de ces échanges laisse penser à un possible commanditaire.

Deux heures après l'attaque contre Charlie Hebdo, cet interlocuteur envoie à Coulibaly « Fais ce que tu as à faire mais simple (…). Tu planques et tu vérifies l'adresse 1 tous les jours: indications bientôt pour récupérer amis aider toi ». Mais deux heures plus tard, Coulibaly apprend qu'il va devoir se débrouiller seul quand il reçoit par mail : « 1) pas possible amis, travailler tt seul. »

Le lendemain, soit la veille de la prise d'otage à l'Hyper Cacher, l'individu demande à Coulibaly de faire une vidéo pour « parler de ce qui se passe ici en particulier ». Les enquêteurs n'ont à ce jour toujours pas réussi à retrouver la trace de l'interlocuteur de Coulibaly, mais 7 personnes de l'entourage de Coulibaly ont été mises en examen pour soutien logistique.



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