FYI.

This story is over 5 years old.

cop21

Climat et terrorisme à la tribune de la COP21

S’ouvrait ce lundi matin, la conférence de l’ONU sur le climat (COP21) à Paris, en plein état d’urgence, dont l‘instauration fait polémique. Encore une fois, c’est une réunion de la dernière chance dont le but est delimiter le réchauffement climatique.
Pierre Longeray
Paris, FR
Etienne Rouillon / VICE News

La veille, des militants scandaient sur la place de la République « C'est le climat qui est en état d'urgence ». Ce lundi, à quelques kilomètres plus au nord de Paris, au Bourget, ce sont 159 chefs d'États et de gouvernement qui se sont retrouvés pour lancer la COP21 dans un pays en état d'urgence. Le lancement était de fait encadré par un impressionnant dispositif de sécurité, deux semaines après qu'une vague d'attaques terroristes a fait 130 morts en France.

Publicité

Cette conférence de l'ONU sur le climat fait office de réunion de la dernière chance — encore une fois — pour tenter de juguler le dérèglement climatique dont les experts réunis s'accordent à dire qu'il est motivé par l'action des hommes. Sous l'égide de la France, présidente de la COP21, les pays du monde entier doivent, entre autres, se mettre d'accord dans les onze prochains jours sur la réduction des gaz à effet de serre. L'objectif annoncé : limiter le réchauffement du climat en dessous des 2°C d'ici 2100.

En photos : Fin de manifestation écologique sous tension entre des militants masqués et la police

Les attaques du 13 novembre dans tous les esprits.

Si le climat est à l'honneur au Bourget, le terrorisme s'est invité de fait dans les esprits et discours de chacun. C'est dans un Paris en état d'alerte qu'ont débarqué les représentants des pays du monde entier. Le 13 novembre dernier, la capitale française était frappée par de sanglantes attaques qui ont fait 130 morts — le plus grave attentat de l'histoire française depuis la Seconde guerre mondiale. Quelques heures avant l'ouverture de la COP21, le président américain Barack Obama est allé déposer un bouquet de fleurs devant le Bataclan — où 90 personnes ont perdu la vie.

Avant le début de la cérémonie d'ouverture officielle de la COP21 sur les coups de 11 heures, les chefs d'État ont observé une minute de silence en hommage aux victimes des attaques de Paris (mais aussi celles qui ont touché Beyrouth et Bamako) à la demande du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. « Je salue le leadership courageux de Hollande, qui a rassemblé ce sommet alors que Paris est en deuil. Je souhaite présenter mes condoléances aux victimes, » a déclaré le Secrétaire général.

Publicité

Terrorisme et climat : « Les deux principaux défis du siècle »

Le président français, François Hollande, et son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius (également président de la COP21) ont été les deux premiers à prendre la parole, avec Ban Ki-moon, lors de la cérémonie. Ils ont chacun lié le terrorisme et le réchauffement climatique : « les deux grands enjeux de notre époque » pour Hollande et « les deux principaux défis du siècle » pour Fabius.

Les deux porte-drapeaux français de la lutte contre le réchauffement climatique ont alerté leurs auditeurs sur l'urgence de la situation et leur responsabilité. « 2014 a été l'année la plus chaude enregistrée, et 2015 sera pire encore, » a averti Laurent Fabius. Embrayant le pas à son ministre, François Hollande a enjoint les parties prenantes à aboutir à un accord universel et « contraignant » — ce qui signifie que les pays signataires seraient tenus de remplir les objectifs fixés (soit via des sanctions ou des mécanismes de contrôle).

.— COP21 - Paris 2015 (@COP21)November 30, 2015

À la fin du discours de Laurent Fabius, les représentants des États ont posé pour une photo historique, puisqu'il s'agit de la première conférence sur le climat qui réunit autant de participants.

Photo de famille des 150 chefs d'État et de gouvernement présents pour le lancement de la — France Diplomatie (@francediplo)November 30, 2015

« Nous sommes à la source du problème » dit Obama.

Publicité

Vers 12h30, les chefs d'États et de gouvernements ont prononcé chacun leur tour (et en simultané dans les deux salles plénières surnommées « Loire » et « Seine ») leurs déclarations.

Selon l'ordre protocolaire, le président paraguayen a ouvert le bal, suivi ensuite par le représentant de Mohammed VI, le roi du Maroc, qui accueillera la prochaine COP. Sur les coups de 12h50, le président américain, Barack Obama est arrivé à la tribune. Après un nouvel hommage appuyé aux victimes des attentats, le président s'est voulu concerné.

« Nous sommes la première génération à avoir ressenti le changement climatique, mais nous sommes peut-être la dernière à pouvoir faire quelque chose, » a déclaré Obama. « En tant qu'une des premières économies du monde, je suis tout à fait conscient que nous sommes à la source du problème. »

"There is such a thing as being too late, and when it comes to climate change, that hour is almost upon us." —@POTUS https://t.co/oSNQEb3gQK — Eric Schultz (@Schultz44) November 30, 2015

Représentant d'un autre gros pollueur du monde, Xi Jinping, le président chinois, a ensuite pris la parole. Il a prôné une « responsabilité commune mais différenciée », donc une différence de traitement entre les pays. « Il ne faut pas priver les pays en développement du besoin légitime de faire reculer la pauvreté et d'améliorer le niveau de vie de leur population, » a posé Xi Jinping.

Angela Merkel, la chancelière allemande, à la tête d'un poids lourd de l'UE, a appelé à un accord contraignant et a insisté sur le « déblocage de 100 milliards de dollars annuels » pour aider les pays vulnérables à lutter contre le changement climatique ». La chancelière qui avait commencé son discours par un « nous allons nous montrer plus forts que les terroristes, » le conclut en lâchant « Tentons de ne pas décevoir ».

Publicité

Autre acteur majeur de la scène internationale à prendre la parole ce midi : le président russe ; Vladimir Poutine, qui s'est notamment félicité des progrès de son pays en la matière. « Nous avons réduit très largement nos émissions de gaz à effet de serre, et évité le rejet de quelque 40 millions de tonnes de CO2, » s'est félicité Vladimir Poutine.

Rencontres bilatérales et premiers accords annexes

Peu avant 14 heures, les chefs d'États sont allés manger. Au menu, de la soupe de navet, du supreme de volaille, du risotto aux herbes fraiches, du reblochon bio et un Paris-Brest. À table, François Hollande était encadré par Angela Merkel et Ban Ki-moon.

COP 21 : d'Obama à Poutine, le plan de table des maîtres du monde — Le Parisien (@le_Parisien)November 29, 2015

Après le repas, les déclarations des chefs d'États ont repris. Si on parle climat (et terrorisme) au Bourget, c'est aussi l'occasion pour certains de mener des rencontres bilatérales. Pendant trente minutes Poutine et Obama se sont rencontrés à huis clos, ils auraient évoqué la lutte contre l'organisation terroriste État islamique. Ce matin, François Hollande a lui échangé avec les présidents palestinien Mahmoud Abbas et égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Dans l'après-midi, les premiers accords annexes sont annoncés comme le don de 234 millions d'euros au Fonds pour les pays les moins avancés (FPMA) par onze pays, dont la France, l'Allemagne et les États-Unis.

Les chefs d'État devraient repartir dans la soirée ou demain et laisser la place dès ce mardi aux équipes de négociateurs qui sont chargés de rédiger le texte de l'accord.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray