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Sivens

Comment fonctionne une « grenade offensive »

Composition et effets de l’arme qui pourrait avoir causé la mort de Rémi Fraisse.
Photo by Remy Gabalda/Getty

Les résultats préliminaires de l'autopsie pratiquée sur le corps de Rémi Fraisse, mort pendant les manifestations d'opposition au projet du barrage de Sivens de ce week-end, indiquent que des traces d'explosifs venant de grenades utilisées par les forces de l'ordre ont été retrouvées sur des vêtements de la victime. Le type de grenade en question, c'est celui des « grenades offensives », un modèle parmi d'autres grenades autorisées pour le maintien de l'ordre. Depuis les dernières conclusions de l'autopsie, l'utilisation de ces grenades est suspendue.

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À Lire: Ce que l'on sait de la mort de Rémi Fraisse

VICE News a contacté les constructeurs de ces armes qui n'ont pas souhaité nous répondre pour en décrire la composition et les principes de fonctionnement. Nous nous sommes entretenus avec Christophe Crépin, délégué syndical de l'UNSA-Police qui nous explique comment la police utilise les grenades offensives.

Qu'est-ce que l'on appelle une « grenade offensive » ?

Ça ressemble à une grenade cylindrique de couleur gris foncé. On a la possibilité soit de la jeter à la main en faisant une cuillère, soit de la jeter à l'aide d'un lanceur à la main de type cougar. La grenade offensive contient un mélange de tolite et de tétryl. Au contact du sol, ces deux éléments mélangés provoquent une déflagration.

C'est l'effet de bruit que l'on recherche. Une grenade offensive a la même utilité qu'une grenade de désencerclement. Bien que ce ne soient pas les mêmes produits à l'intérieur, l'idée est de provoquer un choc qui fait peur aux individus violents. C'est une arme de très grande qualité qui nous permet de neutraliser les manifestants sans les blesser.

Quand est-ce que l'on utilise une grenade offensive ?

Lorsque des individus au moment de la dispersion de certaines manifestations s'en prennent aux forces de l'ordre, on utilise les gaz lacrymogènes qui touchent les glandes lacrymales, provoquent une sensation de picotement. Cela doit suffire à éloigner autant que possible les individus. Mais quand on a des gens qui sont très jusqu'au-boutistes, on utilise la grenade offensive.

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Que se passe-t-il lorsque la grenade est lancée ?

Quand elle touche le sol, elle produit un effet de déflagration, de souffle, et elle fait un bruit intense. Le but c'est de pouvoir, par l'assourdissement de la déflagration, provoquer une sensation de peur et disperser les manifestants. C'est une arme qui est utilisée avec parcimonie. Elle n'est utilisée qu'une fois sur mille. On n'est pas tous les jours confrontés à une telle violence.

Qui décide de l'emploi de la grenade?

Le règlement d'emploi est celui de la police nationale. On juge une situation : quand on est face à des gens armés, véhéments, et quand on n'a plus de solutions. Alors, on décide d'utiliser ce type d'arme. Les instructions viennent du commandant de la compagnie. On les utilise avec parcimonie parce que cela coûte cher, mais aussi parce que ce sont des armes de guerre. On ne peut pas les utiliser partout. Par exemple, on ne peut pas les lancer dans des endroits exigus, parce que c'est très dangereux.

Est-ce que cette arme peut tuer?

Ce n'est pas une arme létale, ça ne provoque pas la mort. De toute ma carrière je n'ai jamais vu une grenade offensive tuer quelqu'un. J'attends les résultats de cette enquête [concernant la mort de Rémi Fraisse] pour savoir comment la personne est décédée. Il faut laisser les secteurs administratifs et judiciaires faire leur travail car toutes les hypothèses sont plausibles. C'est pour ça qu'il faudrait pouvoir filmer. Nous, les syndicats, on a toujours voulu avoir des vidéos. Personnellement, je suis pour une transparence totale pour notre profession. Je voudrais pouvoir équiper les fonctionnaires de GoPro pour filmer ce qui se passe.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter : @meloboucho