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Tunisie

Condamnation des assaillants de l’ambassade américaine de Tunisie en 2012

Vingt personnes accusées d’avoir participé à l’attaque de l’ambassade américaine, qui avait fait quatre morts, ont été condamnées à des peines de deux à quatre ans de prison.
Image via Flickr / US Army Africa

Mercredi 18 février, la Cour d'appel de Tunis a condamné vingt personnes à des peines de prison ferme de deux à quatre ans, pour avoir participé à l'attaque de l'ambassade des États-Unis en 2012. Les peines prononcées sont plus lourdes que lors de la première instance en 2013. Les prévenus avaient été condamnés à deux ans de prison avec sursis.

La cour d'appel condamne les assaillants de l'ambassade US à la prison ferme — Observatoire Tunisie (@Marsad_Tunisie)19 Février 2015

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Le 14 septembre 2012 à Tunis, environ 10000 personnes manifestent pour dénoncer le film jugé islamophobe L'Innocence des musulmans. Dans la capitale tunisienne, les manifestants attaquent l'ambassade et l'école américaine, où la sécurité était minimale. Quatre manifestants avaient été tués par balle, et une quarantaine de personnes, dont vingt policiers avaient été blessés.

L'Innocence des musulmans, est film amateur dont une quinzaine de minutes ont été visibles sur Internet à partir du 2 juillet 2012, une longue bande-annonce produite avec un petit budget aux États-Unis et diffusée sur Internet. Dans celle-ci le prophète Mahomet est dépeint comme un défenseur de la pédophilie, un voleur. La bande-annonce de ce film pamphlet avait provoqué la colère dans la plupart des pays musulmans, et avait donné lieu à des manifestations contre des délégations des États-Unis. Dans ce contexte, l'ambassadeur américain de Libye avait été assassiné le 11 septembre dans une attaque du consulat américain de Bengazi, toutefois les informations sur les origines de cette attaque ne permettaient pas de savoir s'il s'agissait d'une réaction à la publication de cette vidéo ou d'une attaque planifiée de longue date par un groupe terroriste qui aurait profité de ces manifestations comme d'une diversion.

Le gouvernement de Tunisie d'alors, dirigé par le parti islamiste Ennhada, avait été accusé de laxisme envers les manifestants du 14 septembre et le premier verdict, rendu en mai 2013 avait été très critiqué par Washington, qui avait, par la voix de son ambassadeur, déclaré être « profondément perturbé » face à cette décision de justice. Le parquet avait fait appel.

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Mercredi, douze des prévenus ont été condamnés par contumace, rapporte le porte-parole de la Cour d'appel à l'AFP. Seules six personnes étaient physiquement présentes au procès ; ils ont tous nié avoir participé à la manifestation.

Le département d'État américain a déclaré mercredi dans un communiqué que le verdict en appel était « une réponse sérieuse » à l'attaque, mais s'est dit « déçu que la justice dans cette affaire ait été aussi longue et reste incomplète avec plusieurs suspects toujours en fuite. »

Les autorités tunisiennes désignent le groupe salafiste radical Ansar al-Charia comme l'instigateur de cette attaque. Ansar al-Charia, que l'on peut traduire par « partisans de la Charia » s'est formé en 2011 à la libération de prisonniers politiques du régime de Ben Ali, tombé à l'occasion des événements dits du printemps arabe. Son dirigeant actuel, Abou Iyadh est en fuite, recherché par les États-Unis depuis l'attaque de l'ambassade. Le mouvement est classé par Tunis comme groupe terroriste depuis 2013.

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho

Image via Flickr / US Army Africa