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Slovenië

Crise des migrants : En 24 heures, plus de 12 600 personnes entrent en Slovénie

La «route des Balkans» ne cesse de se compliquer pour ceux qui tentent de rejoindre l’UE. La Slovénie voit arriver de très nombreux migrants après que la Hongrie a décidé vendredi de fermer une partie de sa frontière par laquelle ils arrivaient à...
Photo Harriet Salem / VICE News

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog « Migrants »

12 676 personnes sont arrivées en Slovénie en 24 heures, entre mercredi et jeudi matin, a annoncé la police slovène ce jeudi. C'est un record pour ce petit pays de l'Union européenne qui compte 2 millions d'habitants. L'afflux de migrants dans ce petit pays d'Europe de l'est a débuté samedi, après la fermeture vendredi dans la nuit par la Hongrie d'une nouvelle partie de sa frontière.

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Certains ont été filmés par un drone ce jeudi, au petit matin.

via FRANCE TV INFO 

La plupart des migrants qui souhaitent rejoindre l'Europe et qui arrivent en Grèce remontent vers le nord en passant par la Serbie. Ils entraient jusqu'à mi-septembre dans l'Union européenne en passant directement de Serbie en Hongrie. Mais leur route s'est peu à peu compliquée, à mesure que la Hongrie a décidé de fermer ses frontières.

Après avoir installé des barbelés, la Hongrie a annoncé le 15 septembre dernier qu'elle fermait sa frontière avec la Serbie. Les migrants ont donc commencé à longer celle-ci vers l'est, jusqu'à la Croatie voisine, afin de contourner l'obstacle. Ils continuaient alors à pouvoir passer en Hongrie à partir de la Croatie.

Image via Google Maps.

Mais vendredi dernier, la Hongrie a également fermé sa frontière avec la Croatie. C'est pour cette raison que les migrants ont continué leur route vers l'est, jusqu'à la Slovénie. Depuis la Slovénie, ils peuvent ainsi passer directement en Autriche, puis en Allemagne — et n'ont donc plus besoin de traverser la Hongrie.

La Slovénie est un petit pays de 2 millions d'habitants, souvent surnommé « la Suisse des Balkans » pour souligner l'idée que cet État de l'UE connaît des jours plutôt calmes. Tout comme la Hongrie, mais à la différence de la Croatie, il fait partie de l'espace Schengen, qui désigne un ensemble de pays membres de l'Union qui ont signé un traité qui supprime les contrôles frontaliers au sein de cet espace. En pratique, une fois dans l'espace Schengen, on ne contrôle plus le passeport d'une personne qui veut se rendre d'un pays à l'autre. Toutefois il est prévu que les pays membres puissent rétablir certains contrôles s'ils en estiment le besoin.

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Après l'annonce de la fermeture de la frontière croato-hongroise, les migrants déjà présents ou arrivants en Croatie ont marché ou ont pris des bus et des trains vers la Slovénie.

Buses have arrived on Slovenian side - everyone's rushed to the metal barriers — Oscar Webb (@owebb)19 Octobre 2015

En tout, depuis samedi, près de 35 000 migrants seraient entrés dans ce petit pays d'Europe de l'est, selon la police slovène.

Ce mercredi matin, l'armée slovène a été autorisée par le Parlement à aider la police à gérer l'afflux de migrants entrants dans le pays. Ils sont ainsi habilités à fouiller, rediriger et interpeller les migrants.

Le froid saisit les migrants

Les camps de fortune installés en Slovénie sont déjà surchargés. Celui de la petite ville de Brezice, juste à la frontière avec la Croatie a dû être partiellement évacué ce mercredi matin après un incendie dont les causes ne sont pas claires. Quelque 300 personnes y étaient installées sous des tentes, certaines ont dû être acheminées vers d'autres camps.

Le feu aurait été déclenché, selon la police slovène, par les migrants eux-mêmes, qui auraient protesté contre leur confinement dans le camp depuis 24 heures par les forces de police. Pour les pompiers, le feu n'a pas été déclenché intentionnellement, et serait parti de brasiers de fortune allumés pour se protéger du froid qui complique désormais cette « route des Balkans ».

Fire at migrant holding centre in Brezice, Slovenia now out. Not started deliberately say fire crews — Mark Stone (@Stone_SkyNews)21 Octobre 2015

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La nuit, il fait moins de cinq degrés actuellement en Slovénie, alors que l'hiver n'est pas encore arrivé. «On risque de se retrouver avec plus en plus de personnes dépourvues de soins. On a déjà constaté des cas d'hypothermie chez des enfants… et l'hiver n'est pas encore arrivé, » a déclaré à l'AFP Stéphane Moissaing, coordinateur régional de Médecins sans frontières (MSF).

Au début du mois d'octobre, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge (IFRC) avait déjà tiré la sonnette d'alarme face à l'arrivée de l'hiver. « L'automne et l'hiver peuvent être vraiment sévères dans la région, » avait alors déclaré Vesna Milenovic, la secrétaire général de la Croix Rouge en Serbie. « Nous distribuons des imperméables, et nous stockons du matériel supplémentaire pour l'hiver, comme des couvertures thermiques, des thermos, des vêtements chauds et des chaussures. »

« L'arrivée de l'hiver va pousser les gens dans leurs retranchements, » avait averti dans le communiqué Simon Missiri, directeur général de l'IFRC pour l'Europe. « Après un voyage souvent très long par la mer et par la terre en quête de sécurité, on ne peut pas attendre des gens qu'ils supportent la souffrance apportée par de telles températures, » a-t-il dit.

À lire : « L'hiver va être rude » : Le froid tombe par surprise sur les migrants qui marchent à travers l'Europe

Un sommet dimanche pour les pays de la « route des Balkans »

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Ce mercredi matin, la Slovénie a appelé l'Union européenne à l'aide, en demandant des renforts de police de la part d'autres pays membres et une aide financière. Ce jeudi, le commissaire européen chargé des migrations Dimitris Avramopoulos se rendait en Slovénie pour discuter de la situation et des demandes formulées par le pays.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker a quant à lui convoqué un sommet européen réduit dimanche, avec les huit pays de l'Union européenne concernés par « cette route des Balkans », soit du sud vers le nord : la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie, la Hongrie, la Slovénie, l'Autriche et l'Allemagne.

Le but de ce sommet est d'améliorer la coopération entre ces pays dans la gestion de cette crise, alors qu'ils s'accusent mutuellement de décharger leur responsabilité sur les autres. Tour à tour, la Hongrie puis la Slovénie ont par exemple accusé la Croatie d'acheminer des milliers de migrants vers leurs pays, sans contrôle.

Par ailleurs, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'hommes Zeid Ra'ad Al Hussein a vivement critiqué ce jeudi la politique menée à l'égard des migrants en République tchèque, qui les soumet à une période de détention de 40 jours. Cette pratique semble « faire partie intégrante de la politique du gouvernement tchèque pour décourager les migrants et les réfugiés d'entrer dans le pays ou d'y rester », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Suivez Lucie Aubourg sur Twitter : @LucieAbrg

Des migrants sur la route des balkans, fin septembre. Photo Harriet Salem / VICE News