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Crime

Dans le quartier de Yassine, tueur du musée du Bardo

Le jour de l’attaque, Yassine Laabidi, 27 ans, s’est réveillé, a bu un café avec sa famille, et s’est dirigé vers son lieu de travail.
Photo de Michel Euler/AP

La famille de l'un des terroristes responsables de l'attaque du Musée du Bardo à Tunis explique qu'elle n'avait aucune de raison de soupçonner quoi que ce soit le jour de l'attentat.

« Si j'avais su, je l'aurais arrêté, » a confié Mohammed Laabidi, le père de Yassine Laabidi. « Nous sommes sa famille, les gens les plus proches de lui, et on n'a rien soupçonné, » a-t-il dit à VICE News devant la maison de la famille à Tunis.

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Le jour de l'attaque, Yassine Laabidi, 27 ans s'est réveillé, a bu un café avec sa famille, et s'est dirigé vers son lieu de travail. Il était coursier. Il n'y est resté qu'une heure avant de disparaitre vers dix heures. Ses patrons sont tombés sur son portable éteint quand ils ont essayé de le contacter.

La famille a suivi le fil des évènements, vers 13h00 heure locale, sans savoir que leur fils était impliqué. Ils ne l'ont appris que quand la police s'est présentée le soir même.

Armés de Kalashnikovs, Yassine et un autre jeune homme de 19 ans, Saber Khachnaoui, ont tué au moins 20 touristes étrangers et trois Tunisiens. Plus de 40 personnes ont été blessées au cours de l'attaque. Des touristes ont échappé à la mort en se badigeonnant de sang pour faire croire qu'ils étaient morts.

Les autorités tunisiennes ont arrêté plus de 20 suspects dont dix sont soupçonnés d'être directement impliqués dans cette attaque du musée du Bardo.

Dans le quartier de Yassine, plusieurs habitants ont raconté à VICE News que c'était un musulman pratiquant mais qu'il ne montrait pas de signe évident de radicalisation. Ils racontent qu'il avait pu boire de temps en temps par le passé, mais qu'il avait arrêté de le faire ces dernières années. De jeunes hommes du quartier résidentiel d'El-Omrane, à Tunis, ont raconté que Yassine plaisantait avec ses amis au sujet des filles. La plupart s'accordent à dire qu'il s'est radicalisé en ligne. Mais beaucoup de détails restent vagues.

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Le père de Yassine n'a pu répondre qu'à quelques questions avant que des individus, sans doute des policiers en civil, lui demandent d'arrêter de parler et ne le fassent partir. Il dit que sa famille a été placée en garde à vue pendant 24 heures après l'attaque, puis pendant sept heures le vendredi. Il dit qu'ils ont à peine dormi et qu'ils sont en état de choc.

L'oncle de Yassine, Abdel Malik Laabidi, nous en a dit plus.

Un homme et une femme devant le musée du Bardo à Tunis, le jeudi 19 mars, à une manifestation.

En décembre ou janvier, Yassine a dit à ses parents qu'il partait à Sfax, le centre économique de la Tunisie, pour trouver du travail. Les autorités révèlent qu'en réalité, il s'est rendu dans un camp d'entraînement en Libye. Sa famille confirme qu'ils avaient eu des soupçons quand il était parti. Les avait-il appelés quand il était en voyage ?

« Bien sûr, il a téléphoné, » a dit son oncle à VICE News. « Mais on l'a soupçonné d'être en Libye parce qu'il nous appelait via Internet et pas d'un numéro tunisien. »

L'organisation État islamique (EI) a revendiqué l'attentat dans un enregistrement audio diffusé sur Internet, mais un autre groupe rival, lié à Al-Qaïda, l'a également revendiquée.

L'attaque a soulevé la question de l'ampleur des réseaux de recrutement pour de nombreux groupes armés qui sont parvenus à étendre leurs activités jusque dans la société tunisienne, recrutant des jeunes hommes (et, parfois, des femmes) pour qu'ils ou elles partent se battre en Libye, en Syrie et en Irak.

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Le groupe Ansar al-Sharia, lié à Al-Qaïda, s'est implanté en Libye et en Tunisie en 2012, à la suite de la révolution tunisienne de 2010.

Des membres d'Ansar al-Sharia ont plus tard été liés à l'attaque du consulat américain à Benghazi fin 2012, et à deux assassinats politiques en 2013 qui ont provoqué un chaos politique en Tunisie. Certaines personnes étaient liées aux deux attaques, en Tunisie et en Libye.

À lire : Condamnation des assaillants de l'ambassade américaine de Tunisie en 2012

Sous la pression grandissante de l'opinion publique, Ansar al-Sharia a été déclaré illégal par les autorités mi-2013.

Des Tunisiens se demandent à présent si l'attaque du musée aurait pu être évitée si le système politique et judiciaire du pays avait mené ses enquêtes plus en profondeur. Des questions se posent aussi au sujet de la sécurité du musée, qui n'était pas très élevé alors qu'il se trouve à côté du Parlement.

Admettant que son neveu a participé à l'attentat, l'oncle de Yassine a aussi expliqué que le jeune homme n'était qu'un des acteurs de cette attaque.

« C'est vrai, Yassine a mené cette attaque, mais Yassine était lui-même une victime, » a dit Abdel Malik à VICE News. « Qu'en est-il de ceux qui les ont financés, qui leur ont donné des armes et des passeports et se sont occupé de la logistique ? »

Suivez Yamine Ryan on Twitter: @yasmineryan