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Indonésie

Dans les stades indonésiens, les fans de foot continuent de s'entretuer

Le football est l'un des sports les plus populaires d'Indonésie. Mais cette passion intense a déjà entraîné la mort de huit supporters depuis le début de l'année.

Le football est l'un des sports les plus populaires d'Indonésie. Mais cette passion intense a déjà entraîné la mort de huit supporters depuis le début de l'année. Le manque de sécurité et les bagarres entre hooligans ont fait du « beautiful game », un sport dangereux et sanglant en Indonésie.

La veille de l'Aïd-El-Kébir, Haikal et ses deux cousins Taufik et Catur Juliantono se sont rendus au stade Patriot Candrabhaga à Bekasi pour assister à un match amical entre l'équipe nationale indonésienne et les Fidji.

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C'était la première fois qu'Haikal, 13 ans, voyait un match de football professionnel depuis les tribunes. Ils n'avaient pas pris de billets à l'avance – pensant que des revendeurs traîneraient devant le stade. Ils ont finalement réussi à récupérer des tickets et se sont dirigés vers les tribunes.

La quasi-totalité du match s'est déroulée sans incident majeur. Après tout, ce n'était qu'un match amical. Mais vers la fin du temps réglementaire, une fusée éclairante a été jetée vers les jeunes fans. La fusée est passée juste au-dessus du crâne d'Haikal pour atterrir dans le visage de Catur, qui a perdu connaissance.

« Les pétards sont passés au-dessus de ma tête et ont touché Catur. J'étais choqué. Les gens courraient de partout, mais les supporters indonésiens ont immédiatement aidé Catur en lui versant de l'eau sur le visage, » a dit Haikal aux médias locaux.

Catur est décédé lors dans son transfert à l'hôpital.

C'est la huitième personne à mourir lors d'un match de football en Indonésie depuis le début de l'année. Le dernier décès remonte au mois de juillet, quand Ricko Andrean est mort dans une bagarre lors d'un match opposant Persib Bandung et Persija Jakarta. Ricko est mort dans les bras de ses amis.

L'ONG Save Our Soccer (SOS – Sauvez notre football) a répertorié 51 décès liés au football entre 1995 et 2016 en Indonésie. 13 personnes sont mortes dans des bagarres, 12 ont été poignardées, et 11 autres ont subi des blessures à la tête. Les autres décès sont dus à diverses raisons. La plupart des données de SOS reposent sur les rapports officiels des incidents, mais vu que de nombreux décès ne sont pas signalés, le bilan pourrait être bien plus lourd.

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Le coordinateur de SOS, Akmal Marhali, a confié à Rappler qu'il était désormais temps que l'Indonésie mette en place des mesures pour protéger les spectateurs en s'inspirant du Football Spectators Act (FSA), déployé en Angleterre pour calmer les violents hooligans à la fin des années 1980.

« Le principal problème est que ces matchs ne sont pas bien gérés et que les procédures ne sont pas respectées, » explique Fajar Junaedi, un expert des Bondo Nekat – les supporters du club de football de la ville de Surabaya. « Les organisateurs et les services de sécurité ne semblent pas suivre les règles. Et c'est un problème depuis un moment. »

Fajar dit que les contrôles à l'entrée des stades indonésiens sont quasiment inexistants. « Il y a pourtant une loi qui interdit de rentrer dans un stade avec des pétards et des fusées. Mais en réalité, personne ne contrôle tout ça. Les services de sécurité préfèrent regarder le match que maintenir l'ordre. »

De son côté, Gatot Widakdo, le responsable des relations publiques et de la promotion de l'Association indonésienne de football (PSSI), assure que des mesures de sécurité ont été mises en place, afin de répondre aux standards fixés par la FIFA et la confédération asiatique de football (AFC).

« Deux semaines avant un match, on organise une réunion avec les services de sécurité et la police. On met en place plusieurs rideaux de sécurité lors des matches. Mais, il n'est pas simple de maintenir l'ordre et le contrôle à chaque instant. Il y a toujours un râté ici et là, » dit Gatot.

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Afin de garantir la sécurité des spectateurs, la PSSI va signer un protocole d'accord avec la police pour que la surveillance soit plus efficace.

« On devrait pouvoir emmener ses enfants regarder un match de football. Mais, le fait est que nos matchs sont loin d'être parfaits. Les chants racistes et vulgaires sont souvent entendus pendant les matchs, » explique Fajar.

Mais pour Fajar, le fanatisme et le football sont comme le jour et la nuit – ils sont inséparables.

« Le fanatisme est seulement la deuxième raison qui explique pourquoi les familles n'aiment pas aller au stade, » dit Fajar. « La première raison est la mauvaise gestion des matches. » D'après Fajar, le fanatisme dans le football sert de bouc émissaire pour faire oublier à quel point ce sport est mal géré.

« En Indonésie, un petit conflit grandit vite et peut courir sur des générations, » dit Fajar. « En Espagne, le séparatisme catalan et la guerre civile espagnole auraient dû déclencher une bataille entre les supporters du Real Madrid et de Barcelone. Mais cela n'a pas été le cas. La rivalité s'expose uniquement sur la pelouse quand un match est bien géré. »


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