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Canada

De plus en plus de migrants fuient les États-Unis pour le Canada

Le Québec est la province canadienne qui connait la plus forte progression de traversées illégales de la frontière depuis l'élection de Donald Trump.
Christinne Muschi/Reuters

Quatre nouvelles personnes ont été arrêtées ce mardi par la police canadienne après avoir traversé la frontière américano-canadienne entre le Vermont et le Québec.

Le Québec est la province canadienne qui connait la plus forte progression de traversées illégales de la frontière depuis l'élection de Donald Trump, qui souhaite drastiquement réduire le nombre de réfugiés dans le pays.

CBC News rapporte que 452 personnes ont demandé l'asile à la frontière québécoise au cours du dernier mois, dont de nombreuses familles accompagnées d'enfants qui n'ont pas hésité à se lancer dans ce périlleux voyage malgré des températures glaciales. Il s'agit d'une augmentation de 230 pour cent par rapport à l'année dernière.

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D'autres provinces canadiennes, comme le Manitoba, ont aussi vu une augmentation du nombre de traversées de demandeurs d'asiles, alors que Trump cherche à faire appliquer son décret anti-immigration qui interdit temporairement de séjour aux États-Unis les ressortissants de 7 pays majoritairement musulmans.

Le Colonel Camille Hadel, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Québec, n'a pas confirmé les chiffres de CBC à VICE News. Hadel a néanmoins précisé que des officiers tombent plus régulièrement qu'à l'accoutumée sur des migrants qui essayent de passer la frontière.

« Si vous traversez la frontière sans déclarer votre entrée, c'est illégal et puni par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, » nous a dit Hadel. « Ils sont arrêtés peu importe d'où ils viennent et ils sont envoyés dans l'un de nos bureaux ou à un poste frontière. »

Au cours du week-end dernier, 42 demandes d'asile ont été déposées par des gens qui ont traversé la frontière au Québec, d'après les chiffres fournis par l'Agence des services frontaliers du Canada à CBC. Ces demandes viennent s'ajouter aux 1 000 autres qui ont été déposées en janvier. Sur l'ensemble de l'année 2015, 2 529 demandes ont été faites lors de traversées de la frontière au Québec, d'après l'Agence des services frontaliers du Canada.

Hadel a précisé qu'au Québec, la GRC ne demande pas pourquoi les gens traversent la frontière. Cependant, ces traversées, notamment celles observées près de Lacolle, sont proches de grandes villes américaines. « La frontière où nous voyons la plupart des gens traverser n'est rien d'autre qu'un… fossé, » a dit Hadel. « C'est donc facile de traverser. »

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L'année dernière, Radio-Canada indiquait que le nombre de demandeurs d'asile qui ont traversé illégalement la frontière pour rentrer au Québec a plus que triplé au cours des trois dernières années. Le mois de novembre 2016 a été le plus actif, avec 273 entrées.

Les migrants ayant traversé illégalement la frontière essayent de contourner un accord américano-canadien, l'Entente sur les tiers pays sûrs, qui permet de refuser automatiquement l'entrée à la plupart des migrants qui demandent l'asile à la frontière canadienne, s'ils sont arrivés aux États-unis en premier — et vice versa. Les migrants peuvent faire une demande d'asile une fois qu'ils sont sur le sol canadien, ce qui explique pourquoi ils sont si nombreux à faire le pari de la traversée illégale. Un nombre grandissant d'avocats et d'experts appellent le gouvernement canadien à abandonner cet accord, puisqu'il encourage les migrants à prendre des risques de plus en plus grands.

Le week-end dernier, des journalistes du Toronto Star ont vu trois groupes de gens, dont une famille soudanaise avec 3 enfants, marcher dans la forêt aux États-Unis pour traverser la frontière à Lacolle au Québec, afin de demander l'asile.

Si le Québec affiche le plus grand nombre de traversées de la frontière, l'attention médiatique est principalement concentrée sur les dizaines de demandeurs d'asile qui ont franchi la frontière dans la ville frontalière d'Emerson, dans le Manitoba. Le week-end dernier, 21 personnes ont été arrêtées par des officiers de la GRC après avoir pénétré dans la province. Elles ont toutes été emmenées dans des bureaux de l'agence frontalière canadienne où ils ont déposé une demande d'asile. Des dizaines d'autres ont traversé à cet endroit, qui n'est autre qu'un grand champ, au cours des derniers mois.

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La GRC promet d'augmenter la surveillance de la frontière pour intercepter ceux qui veulent traverser sans s'annoncer aux check-points.

Les associations qui viennent en aide aux réfugiés indiquent qu'il y a de plus en plus de traversées en Colombie britannique. Une femme hondurienne qui est enceinte de 7 mois, son mari et son fils de 11 ans sont arrivés la semaine dernière. Cette famille a confié au Vancouver Sun qu'ils avaient quitté leur maison au Honduras craignant d'être forcés à travailler pour un gang violent. Ils s'étaient ensuite installés dans un État de l'ouest américain. Mais après l'élection de Trump ils ont commencé à s'inquiéter et ont décidé de partir.


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