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Crime

Des soulèvements liés à Ebola révèlent la marginalisation de la jeunesse sierraleonaise

Deux personnes seraient mortes dans la ville de Koidu après qu'un ancien leader de la jeunesse a refusé que sa grand-mère soit emmenée dans un centre Ebola.
Photo via Storyful

Des émeutes ont éclaté mardi dans l'est du Sierra Leone, quand des responsables de santé ont tenté de prélever un échantillon de sang sur une femme soupçonnée d'avoir Ebola. Les affrontements dans la ville de Koidu auraient fait deux morts. Un couvre-feu a été décrété.

La situation a dégénéré après que des travailleurs de la santé ont tenté de tester une femme de 90 ans et de l'emmener dans un centre de traitement d'Ebola. Son petit-fils - l'ancien président des jeunesses du parti politique All People's Congress - a refusé de laisser les autorités emmener sa grand mère. Située dans le district de Kono, à l'est du pays, la ville de Koidu ne dispose pas de son propre centre de traitement pour Ebola et les patients sont pris en charge dans une ville voisine.

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Après que les émeutes ont éclaté, des groupes de jeunes qui erraient dans les rues, auraient attaqué des bâtiments.

Un responsable de Koidu raconte avoir vu deux corps portant des traces de blessures par balles, selon l'agence Reuters. Des médecins locaux ont confirmé à l'AFP que deux personnes avaient été abattues lors des émeutes. Le commandant de la police locale, David Koroma, a toutefois déclaré à Reuters que des coups de feu avaient été tirés sur les policiers par de jeunes gens, mais que personne n'avait été tué.

La violence dans cette région riche en diamants témoigne de la méfiance que les citoyens ont envers leur gouvernement dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dans lequel au moins 1 259 personnes sont mortes d'Ebola. En juillet dernier, des manifestants se sont rassemblés devant un centre Ebola après qu'une infirmière a lancé des rumeurs complotistes sur les origines de la maladie.

Les incidents de mardi sont préoccupants au moment où le virus continue de se propager dans le pays. La dernière région du Sierra Leone où Ebola ne s'était pas encore manifesté a enregistré son premier cas le 16 octobre dernier. Dans son dernier rapport, publié mercredi, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la transmission du virus Ebola dans la région « restait intense ». D'après l'OMS, 325 nouveaux cas ont été enregistrés la semaine dernière, et le gouvernement estime qu'il y a plus de 20 décès par jour.

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Koidu est un exemplaire d'une région dans laquelle les jeunes ont été historiquement marginalisés par le gouvernement et par les industries d'extraction minière du Sierra Leone, explique à VICE News l'anthropologue Rosalind Shaw de la Tufts University.

« Les jeunes ont été utilisés, leurs vies ont été usées par d'autres, » explique Rosalind Shaw.

L'effondrement de l'économie du pays dans les années 1980 a été suivi par une violente guerre civile qui a débuté en 1991 et qui a duré plus d'une décennie. La jeune génération qui grandit dans ce contexte, a développé une grande méfiance envers son gouvernement et pense que la classe politique est largement corrompue. Rosalind Shaw explique que ce qui déclenche des émeutes comme à Koidu, ce ne sont pas les rumeurs qui courent sur les débuts de la propagation d'Ebola en Afrique de l'Ouest. D'après elle, cela a moins à voir avec la peur de la médecine moderne qu'avec un scepticisme légitime envers le gouvernement.

Lutter contre Ebola. Regardez notre documentaire ici. 

Suivez Kayla Ruble on Twitter: @RubleKB