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Crime

Un vétéran canadien forme des Occidentaux qui veulent combattre l’EI

Des centaines de Canadiens, Américains et Britanniques postulent pour recevoir une formation psychologique, physique et logistique avant de rejoindre les forces kurdes qui combattent l’organisation État islamique.
Photo via AP

Pour Ian Bradbury, beaucoup d'anciens soldats nord-américains qui constatent les massacres qui secouent le Moyen-Orient vont s'y rendre pour se joindre au combat contre les troupes de l'État islamique - qu'ils y soient préparés ou non.

Bradbury, qui est un ancien soldat de l'armée canadienne, préférerait qu'ils soient préparés. Le caporal à la retraite et une petite équipe composée d'autres vétérans canadiens ont donc mis sur pied un groupe de soutien appelé le 1st North American Expeditionary Force (1st NAEF), pour donner des bases de survie nécessaires aux hommes et aux femmes qui s'envolent pour l'Irak et la Syrie.

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« On a des anciens de l'armée qui font leurs bagages et partent dans des conditions très difficiles » déclare Bradbury à VICE News. « Ils n'ont pas de réseaux ou de contacts sûrs. On ne peut pas les empêcher de partir, et franchement quelqu'un doit veiller sur ces gens-là. »

26-year-old Dillon Hillier volunteers to fight with— Rudaw English (@RudawEnglish)November 21, 2014

Ce groupe est une organisation en pleine expansion, formée il y a seulement un mois dans le cadre d'une hausse du nombre de citoyens canadiens s'envolant vers la Syrie pour se joindre aux forces kurdes, qui se battent là bas contre les soldats de l'État islamique. Des centaines d'entre eux, dont des Américains, des Australiens, et des Britanniques, ont fait part de leur intérêt à Bradbury, mais seulement une poignée fera partie du prochain groupe entrainé par le 1st NAEF à se rendre en Syrie. Leur départ est prévu pour janvier, dit-il.

Tous les candidats sont sélectionnés selon des règles strictes, et doivent fournir la preuve d'un entraînement et d'un service militaire, passer par deux tests de personnalité, et subir une évaluation psychologique menée par l'organisation pour déterminer les raisons qui les poussent à vouloir rejoindre les combats.

« On essaie de choisir ceux qui vont être les plus précieux » explique Bradbury. « La dernière chose dont on a besoin c'est un paquet de bleus courant dans tous les sens. »

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Une fois les vétérans sélectionnés, le 1st NAEF leur fournira des conseils relatifs à leur engagement militaire - allant des implications légales de leur engagement sans le consentement de leur État d'origine et jusqu'à la préparation d'avant le départ. On leur explique par exemple comment bien soigner une blessure à la tête une fois rentré dans la mêlée.

La semaine dernière, VICE News Canada a publié un article sur l'ex-soldat canadien Dillon Hillier, 26 ans, considéré comme l'un des six (au moins) anciens membres de l'armée canadienne à avoir rejoint les combattants kurdes en Syrie.

Depuis, deux vidéos d'Hillier sont devenues virales sur Internet. L'une d'elles montre ce natif de l'Alberta tirer au fusil d'assaut sur des miliciens de l'État islamique depuis une tranchée, et une autre le montre en train de panser la blessure d'un camarade kurde touché au visage.

Les bandages ne sont qu'un des nombreux types d'articles médicaux en rupture de stock dans la région, dit Bradbury. Compresses, gaze et garrots figurent parmi la longue liste de fournitures de base que le groupe espère fournir aux Canadiens sur le front et aux Peshmergas avec l'arrivée du prochain groupe.

En dépit d'un soutien croissant, de violentes critiques ont été adressées au groupe concernant sa mission qui pourrait attirer des mercenaires-loups solitaires, des amateurs en mal d'attention, ou « des types qui cherchent à partir en vacances à la guerre », selon les mots de Bradbury.

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« C'est bien le genre de gars dont on ne veut pas » dit-il à propos des potentiels « vacanciers de guerre », et il ajoute que l'intention du groupe n'est pas de dissuader les gens de rejoindre l'armée canadienne - dont l'implication dans le combat contre l'État islamique s'est jusqu'ici limitée à la participation aux frappes aériennes de la coalition menée par les États-Unis, et à apporter de l'aide pour l'entraînement des troupes irakiennes sur le terrain.

Bradbury affirme qu'il encourage au contraire quiconque à « rejoindre l'armée de cette nation », et veut « s'assurer que ceux que nous soutenons adoptent cette ligne ». Ce qui signifie que ceux qui ont le soutien du groupe ne se battent qu'aux côtés des Peshmergas kurdes et des autres forces considérées comme légitimes par le gouvernement canadien.

Bradbury dit que le groupe n'entretient « aucun contact » avec les Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui a été associé au Parti des travailleurs du Kudistan (PKK) - un groupe considéré comme une organisation terroriste par de nombreux gouvernements occidentaux.

Il pointe le fait que d'autres combattants occidentaux ne sont pas sur cette ligne distincte.

Gill Rosenberg, une femme israélo-canadienne et ancienne soldate de Tsahal, s'est fait connaitre sur Internet comme combattante chez les Lions of Rojava, un canal de recrutement lié aux YPG dont la mission avouée est d' « envoyer les terroristes en enfer et de sauver l'humanité ». Les Lions of Rojava sont parvenus à récupérer de nombreuses villes des mains des miliciens islamistes.

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Le 1st NAEF retirera immédiatement son soutien à n'importe quel combattant soupçonné d'avoir commis un acte criminel au combat, et « les crimes de guerre seront également signalés » assure Bradbury. « On essaie de servir d'exemple pour les combattants. »

Les Forces armées canadiennes n'ont pas pu répondre dans l'immédiat aux demandes de commentaire de la part de VICE News.

Le porte-parole des affaires étrangères canadien, François Lasalle, a affirmé à VICE News que le gouvernement canadien déconseille depuis longtemps tous les voyages en Syrie et en Irak.

« Les Canadiens qui voyagent en Syrie et en Irak, y compris ceux qui vont là-bas pour rejoindre des campagnes de lutte contre l'EI, doivent le faire à leurs risques et doivent savoir qu'aucune mission de sauvetage ne sera conduite dans ces zones dangereuses, » dit-il.

Des citoyens canadiens font également partie du contingent grandissant d'Occidentaux qui ont rejoint des groupes extrémistes au cours des derniers mois. Le week-end dernier, un canal de communication de l'EI a publié un nouveau film de propagande dans lequel figure un djihadiste d'Ottawa qui appelle les musulmans canadiens à immigrer vers le califat autoproclamé du groupe ou à commettre des attentats au Canada.

Dans cette vidéo, le combattant Abu Anwar al-Canadi, anciennement connu sous le nom de John Maguire, déclare : « Soit vous faites vos bagages soit vous préparez vos bombes. Soit vous achetez votre billet d'avion, soit vous affutez la lame de votre couteau ».

Le milicien fait aussi référence dans le message à deux attaques terroristes menées sur le sol canadien en octobre. La première a conduit à la mort de deux soldats canadiens à Montréal, et la seconde était une fusillade au Parliament Hill d'Ottawa.

Un membre de l'EI menace d'attaques sur New York dans une interview exclusive - Le Djihadiste canadien. Regardez cette vidéo de VICE News ici

Suivez Liz Fields sur Twitter: @lianzifields