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Crime

D’ici la fin de semaine, des bulldozers doivent raser un tiers de la Jungle de Calais

Près de 2 000 migrants qui vivent dans la Jungle de Calais vont être chassés de leurs tentes et de leurs abris de fortune qui vont être rasés d’ici la fin de semaine.
Photo via Mohammed, un migrant originaire d'Afghanistan qui vit dans la Jungle depuis 3 mois.

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog « Migrants »


Près de 2 000 migrants qui vivent dans la "Jungle" de Calais, un terme qui désigne le bidonville où les candidats à la traversée illégale vers l'Angleterre survivent, vont être chassés de leurs tentes et les abris de fortune devraient être rasés d'ici la fin de semaine, d'après des bénévoles présents dans le camp de réfugiés du nord de la France.

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Les autorités françaises ont pris ce lundi cette mesure de renvoi — qui concerne près d'un tiers de la Jungle — suite à l'ouverture d'un nouveau camp à proximité qui peut accueillir 1 500 personnes. D'après les autorités les conditions de vie seront meilleures dans le nouveau camp qui présente des espaces chauffés.

À lire aussi : Dans la boue et le froid, l'espoir d'un camp humanitaire à Grande-Synthe

Mais ceux qui vivent dans la Jungle estiment que les abris qu'ils se sont construits, bien que branlants et délabrés, permettent de vivre plus dignement que dans le nouveau camp voulu par le gouvernement français. Ce nouveau camp consiste en une suite de conteneurs empilés les uns sur les autres et transformés en chambres collectives. Les migrants craignent aussi que les autorités les forcent à demander l'asile en France une fois installé dans le camp « officiel ».

Une déclaration des migrants qui vivent actuellement dans la Jungle à Calais en France. (Photo via Mohammad)

Dans un communiqué envoyé à VICE News, Help Refugees, une organisation de bénévoles basée en Grande-Bretagne, déclare « Notre équipe de Calais vient d'apprendre que nous avons seulement 3 jours pour déménager et reloger environ 2 000 réfugiés, dont 300 femmes et 60 enfants, puisque le gouvernement français va raser une partie importante (près d'un tiers) du camp de Calais, soit une partie bien plus grande que ce qui avait été préalablement prévu et indiqué aux associations. »

« La zone vouée à la destruction compte près de 500 abris, que nous — et d'autres associations — avons construit. »

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Le « délai extrêmement court » donné aux associations signifie qu'elles seront uniquement capables d'aider d'un migrant sur dix à déménager, d'après l'association Worldwide Tribe. « Ce qui laisse 1 800 personnes — qui seront sans doute expulsées de leurs « maisons » par des bulldozers — sans rien, » peut-on lire dans le communiqué. « Cela signifie que 450 abris, financés par des dons et construits pas des bénévoles, seront détruits avec un mépris total. Qui sait combien d'affaires, de photos de famille, de documents importants seront perdus, comme cela s'est passé la dernière fois que des bulldozers ont envahi le camp. »

Ce mercredi, les autorités françaises ont précisé à l'AFP  que si un mouvement des personnes installées les plus proches de la voie rapide longeant la Jungle était observé, alors il pourrait y avoir des jours en plus pour déménager. Pour le moment la date butoir annoncée c'est la fin de la semaine.

Mohammad vient d'Afghanistan et vit dans la Jungle depuis 3 mois. Il nous explique que d'après lui, il n'y a pas eu de « dialogue ou de négociation » avec les migrants avant que l'ordre de destruction soit donné.

« Les réfugiés ici ont prévu de rester et ils ne vont pas accepter le plan du gouvernement, » explique-t-il, ajoutant que les gens craignent que les autorités françaises façonnent le camp officiel « à la manière d'une prison ».

Mohammad précise que nombre des abris situés dans la zone visée ont été construits grâce à des dons venus de Grande-Bretagne. « Le gouvernement britannique paye le gouvernement français pour tout détruire, » dit-il.

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Mohammad explique que les réfugiés souhaitent résister dans le calme, mais « nous ne savons pas ce qui va se passer ». Il ajoute que la population du camp ne fait aucunement confiance à la police ou aux autorités françaises.

Les migrants qui vivent dans la Jungle se plaignent d'être régulièrement visés par des gaz lacrymogènes ou d'être emmenés dans des centres de rétention, sans pouvoir prévenir leurs amis et famille.

« Quand on parle des droits de l'homme, quand on parle de la démocratie, et bien c'est pour tous les Européens mais pas pour les réfugiés, » estime Mohammad, ajoutant que « les gens savent que le gouvernement français s'en fiche [de nous], s'il se souciait de nous, ils ne [nous] feraient pas ça. »

« Il devrait y avoir une solution sécurisée ou politique, parce que cela ne vaut pas le coup de mettre tant de gens en danger. Ils doivent vraiment y repenser. »

Alors que nombre de migrants vont être forcés à se réinstaller ailleurs, le groupe Eurotunnel — qui gère la liaison sous la Manche, a mis en place une nouvelle technique pour éloigner les migrants de l'entrée du tunnel : l'inondation volontaire des terrains alentours.

Migrants de — La Voix du Nord web (@lavoixdunord)January 13, 2016

Comme le révèle le journal local, La Voix du Nord, la compagnie a détourné l'eau fluviale pour créer deux grands lacs qui font office de douves.

Suivez Sally Hayden sur Twitter : @sallyhayd