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Ebola : toujours pas de remède miracle

Une nouvelle étude aux résultats contrastés montre que le ZMapp n’est peut-être pas la solution miracle tant attendue.

En 2014, lorsque le virus Ebola a provoqué une crise sanitaire sans précédent dans l'Ouest de l'Afrique, un sérum expérimental a été utilisé pour traiter un docteur américain infecté au Liberia.

Après ce premier essai encourageant, beaucoup misaient sur ce médicament : le ZMapp. On espérait que ce remède permettrait enfin de soigner cette terrible fièvre hémorragique.

De nouveaux résultats montrent que le ZMapp n'est peut-être pas la solution miracle tant attendue.

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Pendant ses essais cliniques, le ZMapp a certes aidé des malades d'Ebola. Mais il ne semble pas avoir eu plus d'impact sur leur guérison que d'autres méthodes de soin déjà employées pour traiter les fièvres hémorragiques. C'est ce que l'on retient d'une étude publiée ce mercredi dans le New England Journal of Medecine, qui revient sur les premiers tests du médicament.

Ces essais concernaient 72 patients américains, du Liberia, de Guinée et de Sierra Leone — des pays frappés de plein fouet par l'épidémie qui a infecté 28 000 personnes. Le ZMapp est l'un des rares traitements en développement qui a encore une chance de devenir une arme cruciale dans la lutte contre Ebola. Mais les résultats de cette semaine montrent qu'il y a encore du travail à accomplir si l'on veut avoir un traitement viable en cas de nouvelle épidémie.

« Les résultats n'ont pas apporté au final de preuve indéniable qu'un seul traitement, ou qu'une combinaison de traitements, ont été incontestablement supérieurs aux [autres] types d'aide médicale généralement apportés », c'est ce que les auteurs de l'étude écrivent à propos du test, financé par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID)

Ce qui est certain c'est qu'il est sûr d'injecter ZMapp à des patients touchés par Ebola. Mais sur un plan statistique, le médicament n'est pas suffisamment puissant pour atteindre le seuil attendu des 97,5 pour cent d'efficacité.

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« On dirait que le ZMapp ne fait pas de mal, mais on ne peut pas compter dessus pour suffisamment ralentir le virus », estime Benjamin Neuman, un professeur en virologie à la Texas A&M University Texarkana. Il n'a pas participé à ces essais.

Malgré des résultats insuffisants, les chercheurs de l'étude restent optimistes parce que le ZMapp a tout de même atteint 91,2 pour cent d'efficacité. Le directeur du NIAID, le docteur Anthony Fauci a déclaré à STAT news qu'il recommande la distribution de ce sérum à des patients touchés par Ebola en cas d'urgence.

Il est vrai que l'étude a été conduite dans des conditions particulières. Les chercheurs ont eu du mal à impliquer suffisamment de patients avant la fin de l'épidémie. Certains pensent également que les patients participant à l'étude se trouvant à des stades tardifs de l'infection, ils ont constitué un objet d'étude peu concluant pour estimer l'efficacité du médicament.

La première fois que l'on a entendu parler du ZMapp dans les médias c'est en 2014. À l'époque il est utilisé sur deux missionnaires américains au Liberia. Il n'y a pas de preuve que le ZMapp a joué un rôle clé dans leur guérison, mais le traitement a fait l'objet de toutes les attentions au moment où l'épidémie faisait rage. Les autorités sanitaires américaines l'avaient alors approuvé pour des utilisations en cas d'urgence.

Le virus Ebola a été découvert en 1976. Durant les quatre décennies qui ont suivi, il est responsable de plusieurs petites épidémies en Afrique centrale. En décembre 2013, le virus apparaît en Afrique de l'Ouest. Aucun vaccin ou médicament n'a alors fait l'objet d'autorisation ou de test sur des hommes.

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Alors que les cas se multipliaient, les responsables sanitaires du monde entier se demandaient où chercher un traitement pour stopper l'épidémie qui finira par tuer 11 000 personnes. Le ZMapp a été l'une des options de traitements retenues.

Pour le moment, aucune des options de l'époque ou postérieures à l'épidémie de 2014 ne s'est imposée.

« Des médicaments miracles, les antidotes en une prise, les traitements immédiats — cela fait des films excitants […] mais la solution va être plus compliquée » conclut Neuman.


Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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