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El Chapo, le prisonnier le plus maltraité des États-Unis selon ses avocats

Le célèbre baron de la drogue est placé à l'isolement depuis le 19 janvier au Metropolitan Correctionnel Center (MCC), une prison de haute sécurité du sud de Manhattan.

Quand il était emprisonné au Mexique, le boss du cartel de Sinaloa, Joaquin « El Chapo » Guzman, avait accès à des téléphones, à des prostituées, et à des soirées délurées à base d'alcool, de bisque de homard et de filet mignon. Désormais, il ne peut pas même pas acheter une bouteille d'eau.

Le célèbre baron de la drogue est placé à l'isolement depuis le 19 janvier au Metropolitan Correctionnel Center (MCC), une prison de haute sécurité du sud de Manhattan. Il patiente ici avant son procès, qui aura lieu devant une cour fédérale de Brooklyn. Il devra répondre à une série d'accusations pour trafic de drogue et blanchiment d'argent. Ses avocats essayent d'améliorer ses conditions de vie, estimant que personne aux États-Unis n'est actuellement détenu dans des conditions aussi restrictives.

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Les avocats commis d'office du baron milliardaire ont récemment indiqué à la cour que les « conditions de détention draconiennes » imposées à leur client par le Bureau des Prisons et le Département de la Justice rendaient impossible la planification de sa défense, et violaient les droits constitutionnels de Guzman concernant le droit à une procédure équitable et le droit de pratiquer son culte.

Dans une lettre datée du 29 mars, envoyée au juge Brian M. Cogan, les avocats d'El Chapo indiquent que le gouvernement essayait de « rendre le plus difficile et désagréable possible les conditions de détention de M. Guzman. » Ils assurent que leur client est contraint de boire de l'eau du robinet ; qu'il n'a pas une vraie fenêtre dans sa chambre ; que sa femme n'a pas le droit de lui rendre visite ; et qu'il n'a toujours pas vu de « prêtre qui parle espagnol. »

« Toute interaction avec le personnel religieux s'est faite avec des gestes ou grâce à l'aide d'un garde pénitentiaire qui parle espagnol, » peut-on lire dans la lettre. Ces restrictions « nuisent au droit de M. Guzman à exercer librement sa religion. »

Le groupe de défense des droits de l'homme, Amnesty International, a envoyé une lettre au juge pour demander à avoir accès à la prison, afin d'enquêter sur les conditions de détention d'El Chapo. Les conditions de son placement à l'isolement « semblent être inutilement sévères et semblent violer les standards internationaux en matière de traitement humain, » estime l'ONG.

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El Chapo, qui est âgé de 59 ans, a seulement le droit de recevoir ses avocats et de faire une heure d'exercice par jour – dans une cellule fermée. Ses avocats disent que les conditions de détention de leur client se sont détériorées et qu'il se morfond dans son isolement.

Guzman s'est échappé deux fois de prisons de haute sécurité au Mexique. Les procureurs américains estiment que les strictes conditions de détention sont nécessaires pour éviter toute nouvelle évasion. Cela permet aussi de l'empêcher de diriger son empire et de commanditer des assassinats de personnes qui pourraient témoigner contre lui.

« Il existe un risque que les communications de l'accusé avec des personnes associées avec le Cartel, et d'autres tierces parties, pourraient entraîner la mort ou les blessures de certains individus, dont les potentiels témoins, » ont écrit les procureurs dans une lettre adressée le 21 mars au juge Cogan.

Le 3 avril, Cogan a approuvé une ordonnance de protection qui permet d'appliquer de strictes mesures de protection sur cette affaire. Elle empêche aussi aux avocats mexicains de Guzman (ou à d'autres avocats étrangers) de rejoindre son équipe de défense – sauf s'ils y sont autorisés par la cour.

Ses avocats essayent encore de négocier un droit de visite à sa femme, l'ancienne reine de beauté Emma Coronel, estimant que cela est nécessaire si El Chapo veut se débarrasser de ses avocats commis d'office et en engager un de son choix. Les procureurs répondent que Coronel ne devrait pas avoir le droit de parler à son mari parce qu'il pourrait lui transmettre des messages codés.

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Les avocats d'El Chapo se plaignent aussi d'être étroitement surveillés quand ils rendent visite à leur client à la prison. Les avocats ont confié au juge que, lors de leurs visites, ils sont « enfermés dans une cabine fermée » et « séparés par un mur qui est moitié métal, moitié Plexiglas. » Les avocats pensent que les gardes « surveillent le contenu de ce qui devrait pourtant être une communication confidentielle. »

Les procureurs continuent de dire que les conditions de Guzman ne sont pas si terribles. Ils ont assuré au juge que les fréquentes visites de ses avocats lui permettent de ne pas s'ennuyer et qu'il « a une fenêtre de verre soufflé qui permet à la lumière du jour de pénétrer dans sa cellule. »

Les avocats d'El Chapo estiment que cela est faux, indiquant qu'il y a en revanche « un espace où il y avait sans doute une fenêtre dans le passé. » Ils disent que Guzman « ne peut pas dire si la lumière du jour entre parce que les néons de sa cellule n'ont jamais été éteints. »

Guzman devrait être présenté à la cour le 5 mai, où ses conditions de détention seront fort probablement évoquées. Il a plaidé non-coupable à 17 accusations, mais une date de procès n'a pas été fixée. S'il est désigné coupable, il pourrait passer la fin de ses jours en prison.


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