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FRANCE

Élections : Ce qu’il faut retenir du second tour, région par région

Le Front national a échoué à remporter l’exécutif d’une région, mais il triple son nombre de conseillers et enregistre un record historique en termes de nombre absolu de voix.
Image via Wikimedia Commons

Le second tour des élections régionales avait lieu ce dimanche en France dans 13 nouvelles régions de France métropolitaine, ainsi qu'en Guadeloupe et à la Réunion.

Le Front national (FN), qui était arrivé en tête dans six régions au premier tour dimanche 6 décembre — et qui était présent au second tour dans toutes les régions métropolitaines —, n'en a finalement remporté aucune.

En France métropolitaine (hors Corse), suite aux élections de 2010, la gauche dirigeait les conseils régionaux de toutes les régions, sauf de l'Alsace. Elle conserve 5 régions, et la droite en remporte 7.

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Si le Front national a donc échoué à obtenir une présidence de région, il enregistre toutefois un record historique en nombre de suffrage : 6,8 millions de personnes ont glissé un bulletin Front national dans les urnes ce dimanche — soit 27,4 pour cent des électeurs qui ont voté, et environ 400 000 de plus que le record de votes précédent pour le parti, c'était lors de la présidentielle de 2012.

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Cela va permettre au Front national de tripler le nombre de ses conseillers régionaux au sein des assemblées. Ils étaient déjà 118 à siéger suite aux élections régionales de 2010, ils devraient être 358 cette fois-ci.

En tout, 26,2 millions de personnes sont allées voter ce dimanche, dont 731 000 ont voté blanc. Le taux d'abstention a été de 41,6 pour cent (contre 50 pour cent au premier tour).

Les listes électorales étaient paritaires (elles alternaient un candidat homme et une candidate femme) mais sur les 17 assemblées élues (en comptant la Guyane et la Martinique), la présidence ne revient à une femme que pour 3 d'entre elles.

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Selon le principe de la « prime majoritaire », la liste qui remportait dimanche le plus de voix dans sa région a automatiquement obtenu un quart des sièges du conseil régional. Sur le nombre de sièges restants, les conseillers des différentes listes sont répartis proportionnellement, en fonction du pourcentage de votes obtenus. Cette « prime » pour le vainqueur permet aux régions d'être, quoi qu'il arrive, dirigées par un exécutif stable, et non par un jeu d'alliances possiblement changeant.

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Ces élections étaient les premières organisées selon le nouveau découpage des régions, adopté il y a un an par le Parlement. Les assemblées vont désormais devoir élire leur président — une formalité, puisqu'il s'agira du candidat « tête de liste » de la liste qui a remporté l'élection — et, pour la plupart d'entre elles, se mettre d'accord sur un nouveau nom pour leur région.

Les résultats qui suivent sont ceux du ministère de l'Intérieur, arrondis à une décimale près.


LES RÉGIONS REMPORTÉES PAR LA DROITE (7 RÉGIONS métropolitaines + 1 RÉGION d'Outre-mer qui reste à droite).

En Alsace - Champagne-Ardenne - Lorraine, l'une des régions que le Front national avait le plus de chances de remporter, le candidat frontiste Florian Philippot a été battu par la liste d'union de la droite conduite par Philippe Richert, qui a obtenu 48,4 pour cent des voix (soit 104 sièges au conseil régional), contre 36 pour cent pour le vice-président du FN (46 sièges). Le candidat de la gauche Jean-Pierre Masseret avait refusé de se retirer au second tour, malgré les injonctions du Parti socialiste (PS). Il a recueilli 15,5 pour cent des voix (19 sièges). La région Alsace était la seule région de France a être dirigée par un conseil régional de droite après les élections régionales de 2010, ce qui n'était pas le cas de la Champagne-Ardenne ni de la Lorraine.

En Auvergne - Rhône-Alpes, les électeurs ont choisi la liste du secrétaire général du parti Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez à 40,6 pour cent (113 sièges). La liste de gauche menée par le président du conseil régional sortant de Rhône-Alpes, le socialiste Jean-Jack Queyranne, conserve 57 sièges dans le nouveau conseil régional (36,8 pour cent des voix). La liste du FN a quant à elle recueilli 12,6 pour cent des suffrages, remportant ainsi 34 sièges.

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L'Île-de-France repasse à droite après 17 ans de présidence socialiste. La liste de l'ancienne ministre et député Valérie Pécresse (LR) a remporté 43,8 pour cent des suffrages, contre 42,2 pour cent pour la liste d'union de la gauche menée par Claude Bartolone (PS). Grâce à la prime majoritaire qui confère automatiquement un quart des sièges au vainqueur, la droite remporte ainsi 121 sièges, contre 66 pour la gauche. Claude Bartolone, jusqu'alors président de l'Assemblée nationale, a déclaré remettre son poste en jeu auprès des députés socialistes. La liste Front national conduite par Wallerand de Saint Just, également présente au second tour, a remporté 14 pour cent des voix (22 sièges).

Dans le Nord-Pas-de-Calais - Picardie, le candidat du PS s'était retiré afin que les électeurs de gauche votent pour la liste d'union de la droite, conduite par l'ancien ministre Xavier Bertrand, et faire ainsi "barrage" à la liste Front national, menée par la présidente du parti Marine Le Pen. La gauche n'a donc plus aucun siège au conseil régional de cette région, mais cette stratégie semble avoir fonctionné puisque la droite a remporté 57,8 pour cent des voix (116 sièges) contre 42,2 pour cent des voix pour le FN (54 sièges).

Même cas de figure en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où le candidat de gauche s'est retiré au second tour et a ainsi permis à la liste d'union de la droite menée par le maire de Nice Christian Estrosi (54,8 pour cent des voix, 81 sièges) de devancer largement celle de la candidate frontiste Marion Maréchal-Le Pen (45,2 pour cent des voix, 42 sièges), qui était pourtant arrivée largement en tête au premier tour.

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L'élection du conseil régional de Normandie aura été la plus serrée. La liste d'union de la droite conduite par l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin remporte l'élection, à 4 750 voix près, selon le journal régional Paris Normandie (sur un total de 1,3 million de votes exprimés), avec 36,4 pour cent des suffrages (54 sièges). La liste d'union de la gauche conduite par le président du conseil régional sortant de Haute-Normandie Nicolas-Mayer-Rossignol conserve malgré tout 27 sièges. Le FN fait 27,5 pour cent, et remporte ainsi 21 sièges.

Dans les Pays de la Loire, la droite remporte 54 sièges au conseil régional avec une liste menée par le président du groupe Les Républicains au Sénat Bruno Retailleau (42,7 pour cent). La liste d'union de la gauche a recueilli 37,6 pour cent des voix (26 sièges). Loin derrière, le FN fait 19,7 pour cent (13 sièges).

À la Réunion, la liste d'union de la droite du président sortant et sénateur Didier Robert a recueilli 52,7 pour cent des suffrages (29 sièges) face à la liste divers gauche emmenée par la députée Huguette Bello (47,3 pour cent des voix, 16 sièges).


LES RÉGIONS CONSERVÉES PAR LA GAUCHE (5 RÉGIONS métropolitaines + 1 RÉGION d'outre-mer)

En Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, le socialiste Alain Rousset conserve la présidence de la région, en remportant 44,3 pour cent des voix (107 sièges). La liste d'union de la droite, conduite par Virginie Calmels, se place dix points derrière (34 pour cent des suffrages) et obtient 47 sièges. Le Front national, dont la tête de liste était le conseiller municipal à Bordeaux Jacques Colombier, a fait quant à lui 21,6 pour cent (29 sièges).

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En Bourgogne - Franche-Comté, la liste d'union de la gauche de la présidente sortante du conseil régional de Franche-Comté Marie-Guite Dufay a remporté le second tour avec 36,7 pour cent des voix (51 sièges). La liste d'union de la droite conduite par François Sauvadet — ancien ministre de la Fonction publique sous la présidence de Nicolas Sarkozy — a remporté 25 sièges (32,9 pour cent des voix), soit seulement un de plus que la liste Front national (32,4 pour cent des voix) réunie autour de la députée européenne Sophie Montel.

En Bretagne, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian (PS) a largement remporté l'élection, avec 51,4 pour cent des suffrages (53 sièges). « Dans la période actuelle, le président de la République a souhaité que pour l'instant, je continue d'exercer mes fonctions [de ministre] », a-t-il déclaré sur la radio RTL. La liste d'union de la droite a recueilli 29,7 pour cent des voix (18 sièges) autour du député Marc Le Fur. Le Front national et sa tête de liste Gilles Pennelle font quant à eux 18,8 pour cent des voix (12 sièges).

Dans le Centre - Val de Loire, la liste d'union de la gauche l'emporte de justesse avec 35,4 pour cent des voix (40 sièges), et le président sortant François Bonneau conserve ainsi la présidence du conseil régional. La liste d'union de la droite, autour du député Philippe Vigier, suit de près avec 34,6 pour cent des voix mais n'obtient, du fait de la prime majoritaire, que 20 sièges. La liste FN conduite par Philippe Loiseau arrive troisième avec 30 pour cent des voix (17 sièges), alors qu'elle était arrivée première lors du premier tour.

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Le Languedoc-Roussillon - Midi-Pyréenées reste à gauche avec la liste d'union de la gauche emmenée par la députée et ancienne secrétaire d'État au commerce Carole Delga (44,8 pour cent des voix, 93 sièges). La liste du compagnon de Marine Le Pen et député européen Louis Alliot (FN) arrive deuxième avec 33,9 pour cent des voix, et remporte ainsi 40 sièges au sein du conseil régional. La liste d'union de la droite fait, elle, 21,3 pour cent (25 sièges).

En Guadeloupe, la liste de Victorin Lurel — le président du conseil régional sortant et ancien ministre des Outre-mer — n'a remporté que 42,4 pour cent des voix, et a ainsi été battu par la liste divers gauche conduite par le député Ary Chalus (57,5 pour cent des voix (28 sièges). Ce dernier avait déjà créé la surprise en arrivant en tête au premier tour.


AUTRES RÉSULTATS

La Corse a simultanément voté pour élire l'Assemblée de Corse, selon un mode de suffrage spécifique. C'est la seule région de France où avait lieu une quadrangulaire. La liste des nationalistes, conduite par le maire de Bastia Gilles Simeoni, a créé la surprise en remportant largement l'élection, avec 35,3 pour cent des voix (24 sièges). La liste divers gauche du président sortant et député Paul Giacobbi a fait 28,4 pour cent des voix et conserve ainsi 12 sièges. La liste d'union de la droite remporte quant à elle 27 pour cent des voix (11 sièges). Le Front national y fait son score le plus bas au niveau national, avec 9 pour cent des voix (4 sièges), mais refait tout de même ainsi son entrée dans l'Assemblée, après 17 ans d'absence.

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La Martinique et la Guyane votaient, elles, pour élire les représentants d'une nouvelle collectivité territoriale unique, qui résulte de la fusion entre le département et la région.

La Guyane, passe à gauche, la liste divers gauche du président du conseil régional sortant Rodolphe Alexandre ayant remporté l'élection avec 54,6 pour cent des voix (35 sièges) face à une autre liste divers gauche — celle du président du conseil général sortant (le conseil qui dirigeait jusqu'alors le département) Alain Tien-Long — qui a recueilli 45,5 pour cent des voix, soit 16 sièges.

En Martinique, la liste indépendantiste conduite par Alfred Marie-Jeanne (54,1 pour cent des voix, 33 sièges) a dépassé la liste de gauche du président du conseil régional sortant Serge Letchimy (45,9 pour cent des voix, 18 sièges) après avoir fusionné avec la liste de droite qui s'était aussi qualifiée pour le second tour.

Suivez Lucie Aubourg sur Twitter : @LucieAbrg