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Crime

Emploi : l’Arabie Saoudite cherche 8 bourreaux

Avec 85 personnes déjà exécutées cette année, le ministère du Service Civique saoudien cherche 8 éxecuteurs supplémentaires pour répondre à la demande.
Photo par Andrew Biraj/Reuters

L'Arabie Saoudite, un pays membre du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies (et un proche allié proche des États-Unis), cherche à recruter de nouveaux bourreaux, selon le site du ministère du Service Civique saoudien.

Avec 85 personnes déjà exécutées en 2015, le pays du Golfe recrute 8 bourreaux supplémentaires dont la mission sera de procéder à des décapitations, mais aussi effectuer des amputations pour ceux qui se sont rendus coupables de délits de moindre gravité, selon l'agence de presse Reuters.

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L'offre d'emploi, qualifiée sous l'intitulé de « fonctionnaire religieux, » a été postée ce lundi sur le site du ministère du Service civique et ne requiert aucune qualification particulière. La rémunération qui l'accompagne tombe dans le tiers inférieur des barèmes de la fonction publique saoudienne, selon le formulaire de candidature.

Les exécutions sont en augmentation depuis août dernier dans le pays. L'offre publiée ce lundi arrive un jour après la 85e exécution de l'année en Arabie Saoudite. Un homme a été décapité ce dimanche pour un délit lié à la drogue. La peine capitale est une application directe du système juridique saoudien basé sur la charia, ce qui vaut au pays de multiples critiques de groupes de défense des droits de l'homme. Les activistes regrettent que les faits de sorcellerie et de trafic de drogue tombent sous le joug de la peine capitale. Les meurtres et crimes relatifs aux stupéfiants sont les principales causes des exécutions dans le pays.

Adam Coogle, un spécialiste du Moyen-Orient pour Human Rights Watch (HRW), explique à VICE News que bien que les officiels saoudiens rattachent la nécessité d'exécuter des trafiquants de drogue à l'application de la loi islamique, « aucune mention n'est faite dans la charia de la nécessité d'exécuter les trafiquants ou consommateurs de drogue. Les Saoudiens n'ont pas à exécuter des gens pour des crimes liés à la drogue. »

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« Les exécutions liées à la drogue sont particulièrement problématiques, » précise Coogle. « Exécuter des gens qui n'ont pas commis de crimes violents, c'est particulièrement audacieux. »

À lire : Des drogues auditives inquiètent les autorités saoudiennes et libanaises

Derrière la Chine et l'Iran, l'Arabie Saoudite fait partie du top 5 des pays qui effectue le plus de condamnation à mort dans le monde, selon un rapport d'Amnesty International publié en mars. En janvier, des images particulièrement macabres diffusées sur les réseaux sociaux montraient les autorités saoudiennes décapiter publiquement une femme dans la Ville sainte de La Mecque. Son exécution était la dixième de l'année.

Le nombre d'exécutions pour cette année 2015 approche donc rapidement le nombre de 88 atteint en 2014, selon les estimations de HRW. Amnesty International avait de son côté comptabilisé 90 exécutions pour cette même année.

Parmi les condamnés à mort, environ la moitié était saoudienne, alors que le reste venait du Pakistan, Yemen, Syrie, Jordanie, Inde, Indonésie, Birmanie, Tchad, Érythrée, Philippines et Soudan, selon la BBC.

L'Arabie Saoudite a aussi reçu de nombreuses critiques quant aux lourdes sanctions imposées notamment aux opposants politiques — qui risquent entre 10 et 15 ans d'emprisonnement en critiquant le régime. Un récent épisode a connu une couverture médiatique mondiale, celui du blogueur saoudien de 31 ans, Raif Badawi, condamné à 10 ans de prison, accompagnés de 1 000 coups de fouets pour avoir insulté des dignitaires religieux.

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Alors que le nombre d'exécutions continue d'augmenter en Arabie Saoudite, les officiels du pays n'ont pas donné d'explication quant à cette hausse. Certains diplomates estiment que la nomination supplémentaire de juges dans le pays permet de traiter plus de cas, donc de faire plus d'exécutions, selon Reuters. Le recrutement de bourreaux intervient 4 mois après l'accession au trône du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, et sa réorganisation de l'appareil gouvernemental, suite à la mort de son demi-frère le roi Abdallah. Le nouveau roi a mis en place une nouvelle génération d'officiels. Il doit encore se pencher sur le système judiciaire saoudien, tenu par les conservateurs du pays.

À lire : Une vidéo aérienne montre les bombardements de l'Arabie saoudite sur le Yémen

L'Arabie Saoudite est aussi engagée au Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe, par le biais de frappes aériennes. Depuis mars, Riyad mène une campagne de bombardement au Yémen, qui a fait des milliers de victimes parmi les civils. Selon Coogle, les turbulences observées dans la région peuvent être liées au taux élevé d'exécutions.

« L'insécurité dans la région influence les autorités et les encourage à être plus strictes sur les crimes. Cela permet de montrer que le système saoudien peut rendre justice, » selon Coogle.

Suivez Arijeta Lajka sur Twitter : @arijetalajka