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FRANCE

[En photos] Dans la manifestation hyper encadrée contre la loi travail

Des manifestations et des actions se sont tenues à Paris et dans le reste de la France pour cette onzième journée de mobilisation à l’appel des syndicats, alors que le texte a été voté par le Sénat ce mardi.
Pierre Longeray
Paris, FR
Une ligne de police en tenue anti-émeute devant le Jardin des Plantes (Etienne Rouillon / VICE News)

Une onzième journée de mobilisation a été organisée ce mardi par l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL contre la loi travail, alors que le texte a été voté par le Sénat à 18 heures, après deux semaines de débat. Il doit maintenant repasser devant une nouvelle commission parlementaire.

Côté rue, les manifestants parisiens s'étaient donnés rendez-vous place de la Bastille sur les coups de 14 heures avec pour objectif celui de rejoindre la place d'Italie. Ils étaient moins nombreux que la semaine dernière : 55 000 selon les syndicats, et 15 000 au maximum d'après les chiffres de la police.

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Toutes les photos sont d'Etienne Rouillon.

Le cortège syndical au départ de la place de la Bastille.

Un manifestant au niveau du bassin de l'Arsenal.

Pour pénétrer sur la place, il fallait montrer patte blanche aux gendarmes et se délester de tout casque ou masque. Selon la préfecture, trente-huit interpellations ont eu lieu ce mardi, dont vingt-sept au niveau de ces points de filtrage. En complément, une centaine de mesures d'interdiction de paraître avaient aussi été prises. 2 500 gendarmes et policiers ont été mobilisés ce mardi pour encadrer la manifestation parisienne.

Vers 14 heures 30, une tête de cortège hétérogène s'est élancée devant le carré de tête où ont défilé les différents leaders syndicaux. Bordant le long du bassin de l'Arsenal — lieu de la manifestation circulaire de la semaine dernière — les manifestants de tête ont brandi une banderole classique mêlant les deux thèmes principaux des dernières manifestations : « Tout le monde déteste le travail et sa police ».

« Bing », un manifestant a fait tomber une barrière sans faire exprès. « Ah, ça commence ! Les casseurs sont là, » a plaisanté un autre manifestant. Arrivé sur le pont d'Austerlitz, le cortège a fait une pause. Certains manifestants se sont masqués avec des t-shirts, sous les yeux d'Oliver Besancenot qui passait un coup de téléphone un peu plus loin.

Devant la gare d'Austerlitz comme dans toutes les rues perpendiculaires, des forces de police faisaient barrage.

Un manifestant face aux forces de police sur le pont d'Austerlitz.

Deux manifestants sur le pont d'Austerlitz.

Une fois le pont traversé, quelques manifestants masqués ont essayé d'enlever des planches d'aggloméré qui protègent les panneaux publicitaires d'un abri-bus posé au milieu du boulevard de l'Hôpital. Une compagnie de CRS a alors chargé pour empêcher les manifestants d'y parvenir. Résultat le cortège a été coupé en deux et la tension est montée d'un cran.

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Le cortège est ensuite reparti avec des lignes compactes de CRS et de gendarmes qui le bordaient, beaucoup sans matricule visible. Alors que des manifestants criaient « Les CRS en colère, le pastis est trop cher, » d'autres soufflaient des bulles de savon sur les visières des policiers casqués.

Deux manifestants devant le Jardin des plantes : "Marre des lendemains qui chantent, c'est aujourd'hui que nous vivons."

De nombreux policiers étaient équipés de lanceurs de balles en caoutchouc.

Un groupe de fores de l'ordre remonte le cortège.

Vers 15 heures 30, le cortège est arrivé devant l'hôpital de la Pitié Salpêtrière après de brèves tensions entre les forces de l'ordre et quelques manifestants — principalement des jets de bouteilles et de pétards.

Une unité de CRS a alors à nouveau coupé la tête du cortège en deux, pendant qu'une autre unité s'occupait d'interpeller un homme de manière musclée. L'homme et son sac ont ensuite été fouillés par les forces de l'ordre en marge du cortège qui repartait déjà.

Jusqu'à l'arrivé place de la Nation peu après 16 heures, le cortège a multiplié les pauses comme pour faire durer encore un peu cette manifestation au parcours relativement court. La dispersion s'est ensuite faite dans le calme.

Un manifestant saisi au col par un membre des forces de l'ordre.

Un manifestant est interpellé en plein milieu du cortège devant l'hôpital Pitié Salpêtrière.

Des policiers positionnés devant l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

D'après Le Monde, une centaine de manifestants, qui s'étaient réunis en assemblée générale à la Bourse du travail mardi matin, près de la place de la République, avaient cherché à rejoindre le cortège parisien. Les journalistes présents sur place ont constaté que les gendarmes et les CRS les ont encadrés et ont effectué des fouilles. La police a aussi refusé que les participants se rendent « en cortège » au lieu de rendez-vous de la manifestation. Ils ont été bloqués là pendant tout l'après-midi.

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Des manifestants ont aussi défilé dans les rues dans les villes de France. Ils étaient entre 2 000 et 7 000 à Lyon, 38 000 à Marseille selon la CGT, ou encore entre 2 800 et 15 000 au Havre.

Des manifestants avancent dans un nuage de gaz lacrymogène.

Des manifestants courent pour éviter une charge de la police.

Vue sur le cortège boulevard de l'hôpital.

Le texte de la loi Travail a été voté par le Sénat à 18 heures, après deux semaines de débat. Majoritairement à droite, la chambre a remanié et durci le texte, comme l'explique Francetvinfo. Elle a notamment adopté l'article 2, qui instaure la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche et qui est particulièrement contesté par les opposants à la loi. Le Sénat a aussi fait sauter le verrou des 35 heures ou encore rétabli le plafonnement des indemnités de licenciement aux prud'hommes à 15 mois de salaires.

Mais cette version n'est pas définitive. Le texte passera après le vote du Sénat devant une commission mixte paritaire Sénat-Assemblée, qui devra trouver un accord. Si ce n'est pas le cas, comme c'est attendu, l'Assemblée aura le dernier mot sur le projet de loi.

Le Premier ministre et la ministre du travail recevront cette semaine les organisations syndicales et patronales, pour « faire le point », selon l'AFP. « Il ne s'agit pas de la réouverture d'un cycle de négociations », a cependant précisé à l'AFP l'un des conseillers du Premier ministre. La CGT, la CFDT, FO et la CFTC seront reçus mercredi après-midi, le Medef, l'UPA et la CFE-CGC jeudi après-midi.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a déjà annoncé une nouvelle journée d'action contre la loi travail le mardi 5 juillet, jour où le texte doit être réexaminé par l'Assemblée nationale.


Solenn Sugier a participé à la rédaction de cet article.

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