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FRANCE

Manifestation sous tension des lycéens à Paris

Les lycéens parisiens ont défilé ce jeudi matin dans la capitale française pour protester contre le projet de la « loi Travail » — une réforme controversée du Code du Travail présentée le même jour en conseil des ministres.
Pierre Longeray
Paris, FR
Un policier vise des manifestants du cortège lycéen à Paris avec un flash-ball (Etienne Rouillon / VICE News)

Comme les deux dernières semaines, les lycéens parisiens ont défilé ce jeudi matin dans la capitale française pour protester contre le projet de la « loi Travail » — une réforme controversée du Code du Travail présentée le même jour en conseil des ministres.

Pour lire un résumé du projet de réforme de la loi Travail, cliquez ici.

La journée de mobilisation avait commencé par le blocus de plusieurs lycées en France — dont le lycée Bergson à Paris, qui a nécessité l'intervention de la police. Dans la matinée, des images présentées comme celles d'une arrestation musclée d'un élève de ce lycée ont été partagées sur les réseaux sociaux.

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On y voit un élève de seconde se faire frapper au visage par un policier, alors qu'il est maintenu par deux autres policiers. Joint par Francetv Info, le jeune homme raconte qu'il lançait des oeufs et de la farine avant de se faire attraper par un policier et de subir cette agression. Après avoir été menotté et pris en charge par un autre policier, il a été rapidement relâché.

En milieu d'après-midi, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) a décidé d'ouvrir une enquête suite à la diffusion de cette vidéo.

Dans le reste du pays, des rassemblements et des manifestations ont eu lieu devant des mairies ou à travers certains centres-villes. La plupart ont démarré en milieu de matinée, et ont été suivies par plusieurs centaines de manifestants dans des villes comme Toulouse, Nantes, Rennes ou Angers.

Une ligne de forces anti-émeute après que des personnes dans le cortège ont lancé des bouteilles en verre. (Etienne Rouillon / VICE News)

« À 11 heures, les blocages concernaient 57 lycées [sur toute la France]. Pour rappel, on compte environ 2 500 lycées publics en France », pouvait-on lire ce jeudi matin dans un communiqué du ministère de l'Éducation Nationale. Un chiffre officiel deux fois moins élevé que celui donné lors de la précédente journée de mobilisation, qui avait eu lieu le 17 mars.

« Il ne faut pas que le mouvement s'essouffle, » nous expliquait ce matin Charlie dans le cortège parisien. « Il faut continuer à se mobiliser. Dans mon lycée, les élèves suivent de plus en plus le mouvement. C'est notre avenir qui est en jeu — les travailleurs de demain, c'est nous », posait calmement cet élève de seconde d'un lycée du IVe arrondissement de la capitale.

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Pour cette nouvelle journée de mobilisation, les lycéens parisiens avaient choisi un autre trajet que la semaine précédente, décidant de partir de la place d'Italie pour rejoindre Montparnasse — où les attendaient notamment la CGT et les étudiants.

Parti vers 11 heures 30, le cortège lycéen est assez remuant et dissipé. De petits groupes de jeunes devancent la tête du cortège, où des manifestants équipés de masques de ski et d'écharpes remontées jusqu'au nez tiennent diverses banderoles.

Des manifestants masqués dans le cortège lycéen à Paris (Etienne Rouillon / VICE News)

"La nuit c'est fait pour baiser, pas travailler." (Etienne Rouillon / VICE News)

(Etienne Rouillon / VICE News)

"Plus de frites à la cantine" (Etienne Rouillon / VICE News)

« Jeunes et insurgés - Le monde est à nous, » peut-on lire sur la banderole la plus imposante, alors qu'une autre est barrée d'un des slogans du Paris Saint-Germain, le club de football de la capitale : « Ici c'est Paris ». Les slogans contre la police fusent alors que le cortège descend par à-coups le boulevard des Gobelins.

Quand les jeunes manifestants arrivent sur le boulevard de Port-Royal, à peine 20 minutes après le début de la manifestation, des jeunes prennent pour cibles des policiers en tenue anti-émeute qui encadrent le cortège.

S'étant emparé de deux poubelles de bouteilles de verre, des jeunes commencent à en jeter le contenu sur un groupe d'une dizaine de policiers protégés par leurs boucliers en Plexiglas. Voyant leurs collègues coincés sous une pluie de bouteilles et de pots de confiture, une autre colonne de CRS décide de charger pour faire reculer les jeunes et récupérer les poubelles de verre.

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Des personnes dans le cortège des lycéens à Paris ont pris des bouteilles de verre dans des poubelles avant de les jeter sur des policiers. (Etienne Rouillon / VICE News)

(Etienne Rouillon / VICE News)

« Les casseurs sont très cons, ça décrédibilise notre message, » souffle Charlie. « Nous, on mène une lutte pacifique pour éviter de perdre des acquis sociaux. »

Comme la semaine passée, des adultes de divers syndicats prennent alors la tête du cortège, après l'affrontement avec la police. Le cortège remonte le boulevard au pas de course. Certains jeunes entonnent l'Internationale sur un fond de djembé, alors que les serveurs des cafés ramassent d'un air inquiet les verres et assiettes des tables dressées pour le service de midi.

Les slogans anti-loi Travail sont répétés en coeur notamment un « Qui ne saute pas est pour la loi » emprunté aux tribunes des clubs de football français ou le désormais célèbre « Hollande, on vaut mieux que ça. »

Une manifestante dans le cortège des lycéens à Paris (Etienne Rouillon / VICE News)

(Etienne Rouillon / VICE News)

(Etienne Rouillon / VICE News)

(Etienne Rouillon / VICE News)

Vers 13 heures, le cortège des lycéens arrive à Montparnasse, où les attendent les étudiants, la CGT et les stands de hot-dogs. Alors que certains lycéens retournent bloquer leurs lycées, d'autres partent en direction des Invalides avec le cortège syndical et étudiant.

Vers 14 heures 30, les manifestants sont arrivés aux Invalides, où tout le monde s'est donné rendez-vous au 31 mars pour la grande manifestation intersyndicale.

(Etienne Rouillon / VICE News)

Après la dispersion, la situation a quelque peu dégénéré, notamment avenue Bosquet, où se trouve le siège du Medef (le principal syndicat patronal français). Des CRS ont été pris à parti et deux voitures ont commencé à brûler avant que les pompiers n'interviennent. Quinze personnes auraient été interpellées par les forces de l'ordre au cours de la manifestation de ce jeudi.

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À la sortie du Conseil des ministres ce jeudi midi, la ministre du Travail avait déclaré aux journalistes que son projet de loi représente un « vrai élan pour la démocratie sociale ». « Ce texte marche sur deux jambes, il est équilibré », a-t-elle ajouté.

Une version actualisée de ce projet de loi sera étudiée par les parlementaires de l'Assemblée Nationale début avril. Pour ce qui est du Sénat, Jean-Baptiste Lemoyne (LR), co-rapporteur du projet de Loi travail, a prévenu ce jeudi matin via un communiqué qu'une réécriture de ce texte est d'ores et déjà envisagée.

Une nouvelle journée de mobilisation contre le projet est prévue le 31 mars.


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