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FRANCE

En pleine manifestation contre la loi Travail, Manuel Valls dégaine à nouveau le 49.3

Après quatre mois de manifestations, les opposants à la loi Travail défilaient ce mardi pour la dernière fois avant la pause estivale.
Des CRS devant le cortège syndical de la manifestation du 5 juillet à Paris. (Regis Duvignau/REUTERS)

Après quatre mois de manifestations, les opposants à la loi Travail défilaient ce mardi pour la dernière fois avant la pause estivale. Au même moment, du côté de l'Assemblée nationale, le Premier ministre Manuel Valls annonçait avoir recours une nouvelle fois au 49.3 pour faire passer la loi en se passant du vote des parlementaires.

« Ce texte est un texte de progrès, de progrès social, il a fait l'objet d'une large concertation, » s'est défendu Valls face à l'hémicycle, que les députés Les Républicains ont quitté quand le Premier ministre a annoncé le 49.3. « Pas à pas, nous avons bâti un compromis, » a continué Valls.

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Pour empêcher la loi de passer, il ne reste désormais qu'une option : la motion de censure contre le gouvernement. Pour cela, il faut réunir les signatures de 58 députés afin de pouvoir déposer une motion de censure. Il faudrait ensuite que 289 députés la votent pour qu'elle soit adoptée.

Dans un communiqué publié cet après-midi, le groupe Europe Écologie Les Verts a dit soutenir cette initiative, alors que Les Républicains avaient déjà fait savoir qu'ils ne déposeraient pas de motion de censure. Reste désormais à savoir ce que les députés du Parti Socialiste comptent faire — sachant que ceux qui signent cette motion de censure risquent l'expulsion du PS.

Dans la rue, la mobilisation contre la loi Travail n'a pas attiré les foules. À Paris, la préfecture de police a recensé entre 6 500 et 7 500 manifestants qui ont défilé entre la place d'Italie et la place de la Bastille. Pour les syndicats, ils étaient 45 000.

Comme les deux dernières manifestations, les contrôles et les fouilles étaient systématiques pour pouvoir pénétrer sur la place d'Italie où les manifestants avaient été invités à se rassembler vers 14 heures. Selon la préfecture de police, 7 personnes ont été interpellées lors de ces fouilles.

Vers 14 heures 15, un cortège clairsemé s'est élancé sur le boulevard de l'Hôpital, mené par des manifestants non-syndiqués, suivis par le carré de tête syndical et les chars des organisations syndicales.

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Pour animer ce début de manifestation plus silencieuse que les précédentes, il y avait un valeureux guitariste de la CGT perché sur la remorque d'un camion qui entonnait quelques chansons.

Au son des « Gouvernement minoritaire, gouvernement autoritaire » entonné par des manifestants, certains taguaient des « Cacapipitalisme » sur des toilettes publiques pendant que plusieurs observateurs de l'ONG Amnesty International observaient la manifestation.

« Nous sommes là pour voir comment se déroule la manifestation, notamment parce qu'il y a eu beaucoup d'accusations de dérives, » a expliqué l'ONG à Buzzfeed.

Arrivé sur le pont d'Austerlitz, le cortège a marqué une pause. Certains ont enfilé des Kways noirs et se sont masqués le visage avant de se placer en début de cortège devant les caméras et objectifs des journalistes. Plusieurs personnes masquées ont alors intimé l'ordre aux journalistes d'arrêter de les filmer « pour leur sécurité ».

Le cortège est finalement reparti en direction du bassin de l'Arsenal où quelques policiers ont chargé des manifestants qui essayaient apparement de les nasser.

« Si t'as pas de matricules, t'as pas de testicules, » se sont mis à chanter des manifestants. Les forces de l'ordre encadrant la manifestation ne portaient pas — pour la plupart — leurs matricules, ce qui est pourtant interdit depuis 2004.

Vers 15 heures 30, alors que la tête de cortège arrivait sur la place de la Bastille, la nouvelle du recours au 49.3 s'est mise à circuler parmi les rangs — une nouvelle accueillie par quelques huées.

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Une fois sur la place, la chaine d'information iTélé a tenté de faire un direct au milieu des manifestants, ce qui n'a manifestement pas plu à certains. La petite équipe s'est alors trouvée être la cible de plusieurs dizaines de manifestants qui leur ont ordonné « de se casser » en chantant « Tout le monde déteste iTélé ».

Au moment de la dispersion vers 16 heures, plusieurs manifestants ont appelé à se rejoindre devant l'Assemblée nationale à 19 heures pour manifester leur mécontentement contre le recours au 49.3.

Pour déposer une motion de censure, les députés opposés à la loi Travail ont désormais 24 heures pour le faire. Si celle-ci est signée par 58 députés, elle doit être votée dans les deux jours par 289 députés pour être adoptée.


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