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Crime

Avant les JO, la police de Rio procède à des exécutions extrajudiciaires

Au cours des nombreuses opérations anti-criminalité menées dans l'État de Rio en préparation des Jeux Olympiques, la police semble avoir la gâchette facile, d'après un nouveau rapport de l'ONG Human Rights Watch publié ce jeudi.
Photo de Antonio Lacerda/EPA

Au cours des nombreuses opérations anti-criminalité menées dans l'État de Rio en préparation des Jeux Olympiques, la police semble avoir la gâchette facile, d'après un nouveau rapport de l'ONG Human Rights Watch publié ce jeudi.

Dans ce rapport de 109 pages, on apprend que la police de l'État de Rio de Janeiro a tué en moyenne 2 personnes par jour en 2015. D'après HRW, la plupart sont des exécutions extrajudiciaires.

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Le ciel continue de s'assombrir pour la ville de Rio dont l'image a déjà été écornée par l'épidémie de Zika et la crise politique qui règne dans le pays.

L'ONG a pu s'entretenir avec 34 officiers de police (anciens et actuels) qui ont fait part de cette « culture de l'affrontement » qui récompense l'élimination plutôt que l'arrestation des suspects.

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« Nous considérions qu'une opération était fructueuse dès l'instant où elle se finissait avec des criminels morts, » a expliqué en décembre dernier à HRW le major Roberto Valente, qui commande une Unité de police pacificatrice (un poste de police installé dans une favela).

D'après HRW, nombre des suspects tués l'ont été alors qu'ils étaient en détention, ne portaient pas d'armes ou essayaient de fuir. Si les autorités brésiliennes assurent que dans la plupart de ces affaires la police était sous le feu, HRW a étudié 64 de ces cas et s'est rendu compte que pour la moitié d'entre eux cette hypothèse ne collait pas avec les analyses médico-légales. D'après les autopsies, les cadavres de 20 affaires présentent des plaies typiques de tirs à bout portant — ce qui est rare en cas de fusillades entre criminels et policiers.

Les officiers interrogés ont aussi révélé comment ils ont dû maquiller des exécutions extrajudiciaires — notamment en plaçant des armes sur des suspects, en retirant les victimes des scènes de crimes ou encore en détruisant des preuves.

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Les meurtres commis par la police sont aussi en augmentation. En 2015, la police a tué 645 personnes — contre 416 en 2013.

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Cette augmentation du nombre de meurtres touche aussi de manière disproportionnée les Brésiliens noirs. Ces derniers représentent 52 pour cent la population de l'État, mais 77 pour cent de ceux qui ont été tués par la police. Les blancs représentent 47 pour cent de la population, mais seulement 15 pour cent des victimes de la police.

Une représentation des proportions détaillés ci-dessus sur la répartition des personnes tuées par la police en fonction de leur couleur de peau. (Via HRW)

Pour l'année 2015, le pays affiche un taux d'homicides commis par la police de 3,9 pour 100 000 personnes — soit 10 fois plus qu'aux États-Unis.

La sécurité est un des points chauds de l'organisation des JO. Le mois dernier, des officiers de police, des pompiers et des ambulanciers ont manifesté à l'aéroport de Rio à cause de leurs salaires impayés et de leurs mauvaises conditions de travail.

Ils portaient une bannière sur laquelle on pouvait lire en anglais : « Bienvenue en enfer… Tous ceux qui viennent à Rio ne seront pas en sécurité. »

À lire : « Bienvenue en enfer » : Le message d'accueil des policiers de Rio à un mois du début des Jeux


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