FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Les autorités du Salvador s'attaquent au gang des MS-13 en commençant par leurs poches

Les autorités du Salvador ont arrêté plus de 75 membres des « Mara Salvatrucha », dont leur trésorier. De nombreux commerces, bus et maisons closes ont aussi été saisis.
Photo de Salvador Meléndez/AP Photo

Les autorités du Salvador ont arrêté plus de 75 membres et associés du gang des « Mara Salvatrucha » lors d'une série de raids. Les autorités du pays assurent que les réseaux financiers des leaders du groupe ont aussi été ciblés — et ce, pour la première fois.

La police a déclaré avoir gelé 30 comptes bancaires et s'être emparé de nombreux commerces, bus et maisons closes contrôlés par le gang, plus connu sous le nom de « MS-13 ».

Publicité

L'opération — appelée « Jaque », le mot espagnol signifiant tenir un adversaire en échec aux échecs — a débuté mercredi dernier. Il s'agit de la dernière action entreprise par les autorités pour se débarrasser des gangs qui terrorisent nombre de zones urbaines à travers le pays.

La guerre qui dure depuis des années entre le MS-13 et le gang rival du « Barrio 18 » s'accompagne de son lot de meurtres et d'assassinats. Le Salvador est ainsi devenu le pays le plus meurtrier en temps de paix au monde. Le pays a même battu de nouveaux records au début de l'année 2016. Selon de nombreux activistes pour les droits de l'homme, la répression violente du gouvernement pourrait bien avoir fait empirer la situation. Cependant, le taux d'homicide a chuté de façon spectaculaire ces derniers mois.

« Sur les huit principaux chefs de bande, nous en avons capturé cinq, dont leur trésorier », a déclaré jeudi aux journalistes le procureur général du Salvador, Douglas Meléndez.

Meléndez a expliqué qu'en plus de gérer les comptes de gangs, le trésorier des MS-13, Marvin Adaly Ramos Quintanilla, travaillait en tant que prédicateur évangélique, ce qui était en réalité une couverture pour accéder aux leaders des gangs emprisonnés.

Le MS-13 a longtemps dirigé ses opérations depuis l'intérieur des prisons salvadoriennes, qu'ils contrôlent et utilisent souvent comme des forteresses. Le gouvernement soutient que ses dernières mesures répressives ont isolé les chefs emprisonnés et ont forcé les gangs à développer un commandement parallèle à l'extérieur, connu sous le nom de « La Fédération », dont les membres constituent la majorité des personnes arrêtées la semaine dernière.

Publicité

Des groupes de défenses des droits de l'homme ont vivement critiqué les précédentes phases de la répression du gouvernement. Le gouvernement a par exemple encouragé l'utilisation de la force létale, la formation de nouvelles unités spéciales visant à livrer un combat contre les gangs dans les zones rurales, et le transfert de leaders de gangs vers de nouvelles prisons.

En mai, la police a, de manière controversée, arrêté 18 personnes pour des liens présumés avec des gangs, dont certains avaient aidé à organiser une trêve il y a quatre ans, qui avait permis de faire chuter le taux d'homicide durant un moment.

Les militants s'opposent aussi à une nouvelle législation, votée en mars, qui définit les gangs comme des organisations terroristes. Ils craignent que cette nouvelle disposition juridique serve à étouffer toute critique dirigée contre le gouvernement.

Les arrestations de la semaine dernière font craindre que le gouvernement utilise la lutte contre les gangs pour évincer ses opposants. Dany Romero, qui dit être un ancien membre de gang et fait campagne pour les droits de l'homme, fait partie de personnes interpellées la semaine dernière.

L'ambassadeur britannique au Salvador, Bernhard Garside, a déclaré sur Twitter être inquiet que la police ait arrêté « un ex-membre de gang qui travaillait avec une ONG britannique pour la paix ».


Suivez Nathaniel Janowitz sur Twitter : @ngjanowitz


Regardez notre reportage Les gangs du Salvador