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Syrie

Face à David Pujadas, Bachar al-Assad se défend d’avoir utilisé des armes chimiques

Le président syrien répond dans un entretien diffusé ce lundi soir à la télévision française au journaliste qui lui montre des documents qui attesteraient de l’utilisation de chlore contre son peuple.
Capture d'écran vidéo internet France 2

Dans une interview vidéo qui doit être diffusée ce lundi soir, le journaliste et présentateur du 20 heures de France 2, David Pujadas, lui montre des documents photos qui pourraient prouver que le régime syrien utilise des bombes chimiques contre son peuple. Le président syrien Bachar al-Assad affirme que ce sont des faux, et nie l'utilisation d'armement non-conventionnel par son armée. Cette séquence, diffusée ce lundi matin, est extraite de la première interview accordée par le président syrien à une chaîne de télévision française depuis le début d'une guerre sanglante, qui a débuté en mars 2011, et qui aurait fait plus de 220000 morts d'après le dernier bilan de l'OSDH.

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La vidéo complète de l'entretien, qui dure 25 minutes, sera diffusée ce lundi soir. Il a été réalisé à Damas ce week-end, dans un ancien palais qui sert à organiser des réceptions officielles. Le journaliste David Pujadas affirme que le lieu et la date de l'entretien ont été gardés secrets jusqu'au dernier moment.

La chaîne du service public français a annoncé les thèmes abordés dans cette interview : les relations diplomatiques entre Paris et Damas, les armes chimiques, la répression par le régime de la rébellion, ou encore l'avenir de Bachar al-Assad à la tête du pays. La mort du journaliste de la chaîne, Gilles Jacquier,est aussi traitée dans le document de France 2. Il a été tué à Homs le 11 janvier 2012 dans des circonstances qui n'ont jamais été éclaircies — certaines voix se sont élevées pour dire qu'elles estimaient que le journaliste pourrait avoir été tué par le régime dans le but de diaboliser la rébellion alors naissante.

Dans deux séquences déjà publiées par France 2, les questions des liens entre les services secrets français et Damas, et l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien sont abordées.

Bachar al-Assad : «Dans notre armée, nous n… par libezap

« Il y a des documents vidéos ou photo comme celle-ci, où l'on voit des barils d'explosifs jetés par des hélicoptères, » commence David Pujadas dans la vidéo ci-dessus. Le journaliste, qui rappelle que seule l'armée syrienne possède des hélicoptères, demande à Bachar al-Assad ce qu'il a à répondre. « Ça ne prouve rien, ce sont deux images de deux choses différentes, » réplique le dirigeant, qui affirme ne jamais avoir rien vu de tel dans son armée. « Dans notre armée, nous n'utilisons que des bombes conventionnelles, qui nécessitent de viser, nous n'avons aucun armement qui puisse être utilisé de façon aveugle, » explique Bachar al-Assad.

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Ce jeudi, des médecins syriens ont témoigné, vidéos à l'appui, d'attaques qui seraient faites au chlore devant le conseil de sécurité de l'ONU. Dans l'une des vidéos, à laquelle VICE News a eu accès, qui a été tournée à Sermine, dans la province d'Idlib, le 16 mars dernier, on voit trois enfants apparemment victimes d'une attaque au chlore. L'ambassadrice américaine Samantha Power avait alors déclaré aux journalistes présents à cette réunion de jeudi : « Tout porte à croire qu'elles ont été menées avec des hélicoptères et seul le régime Assad a des hélicoptères ».

En août 2012, Barack Obama avait affirmé que l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement syrien serait considérée comme le franchissement d'une « ligne rouge», qui ne laisserait pas d'autre choix aux États-Unis que celui d'une intervention par la force.

À lire: Notre chronologie pour comprendre les quatre années de conflit en Syrie

Depuis la montée en puissance, cet été, de l'organisation État islamique (EI), certains dirigeants occidentaux, à l'instar de John Kerry, ont affirmé qu'il fallait « négocier » avec Bachar al-Assad. Pour le journaliste David Pujadas, c'est ce nouveau contexte — dans lequel le dirigeant syrien est moins isolé — qui peut expliquer pourquoi il a accepté de répondre favorablement à une interview que France 2 demande depuis 1 an et demi. « Cela dit dans l'interview, il ne se montre pas du tout conciliant ni ne cherche à améliorer son image. Il n'était pas non plus aux abois. Il est plutôt droit sur ses positions, » analyse David Pujadas dans les colonnes de 20 minutes.

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Aujourd'hui, la position officielle du gouvernement français vis-à-vis de la Syrie est de ne pas collaborer, ni de discuter avec Bachar al-Assad, même dans le cas de la lutte contre l'EI. Mais il y a des contacts entre les services secrets français et Damas, apprend-on dans le second extrait vidéo diffusé ce lundi par France 2.

David Pujadas demande au dirigeant syrien si les services de renseignement des deux pays sont en contact, ce à quoi Bachar al-Assad répond : « Il y a des contacts, mais il n'y a pas de coopération. »

« Ils sont venus en Syrie, mais nous ne sommes pas allés en France. Ils sont peut-être venus pour échanger des informations, mais quand vous voulez avoir ce type de collaboration, il faut de la bonne volonté des deux côtés, », poursuit Bachar al-Assad, qui suggère que le gouvernement français ne peut pas à la fois demander l'aide du régime et aider les rebelles qui « soutiennent les terroristes et tuent [les] citoyens » syriens.

En février dernier, une délégation parlementaire française s'était rendue à Damas pour rencontrer Bachar al-Assad. Le gouvernement français a condamné cette initiative, le Premier ministre Manuel Valls avait qualifié ce déplacement de « faute morale ».

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho

Image via France 2