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Crime

Arrestation d'un groupe néofasciste italien qui prévoyait des attaques pour Noël

Les membres de « l’avant-garde d’Ordre Nouveau », sont soupçonnés d'avoir prévu des actions coordonnées sur le métro de Rome, des hommes politiques et des tribunaux.
Image via Arma dei Carabinieri

La police italienne a arrêté un groupe d'aspirants terroristes d'extrême-droite. Ils prévoyaient des attentats — dont certains pendant les fêtes de fin d'année — contre des politiques, la police, des magistrats et des migrants.

Quatorze personnes ont été arrêtées et 48 autres mises en examen à travers le pays. Toutes sont, de près ou de loin, liées à ce complot,et sont membres d'un groupe néofasciste qui s'est donné comme nom « L'avant-garde d'Ordre Nouveau ». Ce groupe s'est constitué sur le modèle du mouvement d'extrême droite Ordre Nouveau, à l'origine de nombreuses violences politiques pendant des décennies en Italie, surtout dans les années 1970, et qui a inspiré une flopée d'extrémistes.

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Les membres de l'avant-garde d'Ordre Nouveau ont été inculpés pour tentative d'acte terroriste, tentative de renversement de la démocratie, et instigation de violence raciste — notamment via Facebook.

Ce coup de filet sur ce nouveau groupe — dirigé par Stefano Manni, un ancien policier de 48 ans qui diffuse depuis longtemps une propagande raciste — a soldé 18 mois d'enquête de la police. Des mises sur écoute et des infiltrations ont mené à bien cette opération nommée « aigle noir ».

La police a agi après que le groupe a commencé à amasser des armes dont certaines avaient été enfouies après la Seconde Guerre mondiale, a déclaré Mario Parente, un général italien qui dirige une cellule antiterroriste, lundi après les arrestations.

« Nous pensons que nous sommes intervenus avant que l'organisation ne mette son plan en marche » a ajouté Fausto Cardella, le procureur de l'affaire. « Les plans étaient en place et nous ne pouvions pas courir le risque d'attendre qu'ils se concrétisent. »

« Pour faire bouger les gens, les discours ne suffisent pas. On a besoin de bombes. »

Le groupe avait une stratégie double d'après les procureurs. D'un côté, il projetait des actions violentes, avec pour but « de déstabiliser l'ordre public et l'État, » et de l'autre, « infiltrer le système à travers des élections et la mise en place d'un nouveau parti politique. »

Le groupe avait notamment prévu d'attaquer le métro romain, de s'en prendre à des politiques se déplaçant sans gardes du corps, des commissariats et des tribunaux, et à Equitalia, l'agence étatique de collecte de l'impôt. Ils avaient aussi prévu d'assassiner un ex-membre du groupe soupçonné de collaborer avec les forces de l'ordre.

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Le leader du groupe a aussi appelé à attaquer un certain nombre de politiques dont le président italien Giorgio Napolitano. « C'est le moment idéal pour mettre le feu à Napolitano et à sa garde rapprochée, » aurait écrit Manni dans un post Facebook. « La libération de l'Italie commence ici. »

Cécile Kyenge, la première ministre noire d'Italie était une autre des cibles.

Dans les communications interceptées, les membres du groupe évoquent des détails stratégiques, comme le genre de sac à dos à utiliser pour attaquer un métro, ainsi que des plans pour mettre en place de grandes actions coordonnées, car « les médias ne parleraient pas de quelques bombes qui exploseraient à Equitalia, » a déclaré l'un des membres du groupe quand il était sur écoute.

Ces derniers mois, la tension est montée d'un cran en Italie et les discours anti-migrants ont pris de l'ampleur, tandis que le chômage, déjà important, a lui atteint des sommets.

Dans l'un des coups de fil interceptés par les forces de l'ordre, on entend le leader du groupe s'adresser à une femme en charge du recrutement de nouveaux membres. Il lui explique la meilleure manière d'exploiter les peurs et l'exaspération des gens en matière d'immigration ; Manni accuse aussi le gouvernement de mettre en place des mesures pour les migrants qui « mettent en danger la sécurité publique ».

« Bientôt, les gens vont vraiment commencer à s'armer et réagir à la moindre chose, » dit-il. « On va arriver à un point où quelqu'un verra un Congolais et le tuera sans qu'il n'ait rien fait. »

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« Pour faire bouger les gens, les discours ne suffisent pas. On a besoin de bombes, » dit aussi une femme dans les enregistrements.

L'Italie a un long passé d'assassinats et d'attentats politiques. C'est particulièrement vrai des années 1980, une période à laquelle les membres de l'avant-garde d'Ordre Nouveau font référence avec nostalgie.

Dans l'un des coups de fil intercepté, un des membres du groupe parle de l'attaque à la bombe de la gare de Bologne en 1980, qui a causé la mort de 85 personnes, comme d'une « oeuvre d'art ».

La même personne appelle à plus d'attaques ciblées, sur des bâtiments institutionnels, et entend que ces attaques soient réalisées simultanément. « Un matin, à 8 heures 20, 500 personnes appuieront en même temps sur 500 boutons, » peut-on l'entendre dire dans un coup de fil à un autre membre du groupe. « La seule façon de vraiment déstabiliser, c'est de frapper des cibles spécifiques, et pas seulement des gares. »

Suivez Alice Speri sur Twitter: @alicesperi