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Frais de scolarité US : le plan d’Hillary Clinton ressemble beaucoup à celui de Bernie Sanders

La candidate démocrate est passée de propositions plus consensuelles pour aider les étudiants endettés à un plan de financement public de l’éducation supérieur qui est lui très proche des propositions de son adversaire à la primaire.
Photo via AP

Lorsque son adversaire à la primaire pour le camp démocrate, Bernie Sanders, a proposé la gratuité des frais de scolarité des grandes écoles gérées par les États américains, Hillary Clinton avait tout balayé d'un revers de main. « Feu mon père disait : 'Si quelqu'un propose quelque chose gratuitement, il vaut mieux bien lire les petits caractères du contrat'. »

Aujourd'hui, la candidate démocrate a repris une bonne partie du projet de Bernie Sanders. Lundi dernier, son équipe a publié un « calculateur » sur son site, permettant aux étudiants d'estimer combien ils économiseraient si son projet est appliqué.

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L'idée de Clinton n'est pas exactement le plan de gratuité universelle avancé par Sanders, mais elle a fait un grand pas dans cette direction.

Elle propose de couvrir les frais de scolarité pour les familles dont le revenu est inférieur ou égal à 85 000 dollars par an (75 650 euros) et dont les enfants veulent s'inscrire dans une grande école gérée par un État américain, comme l'université de Californie ou l'université du Texas. Pareil pour les familles avec un revenu inférieur ou égal à 125 000 dollars par an (111 250 euros), à l'horizon 2021.

« Il est impératif que le prochain président mette en avant un plan ambitieux pour que tout citoyen n'ait pas besoin de s'endetter pour poursuivre ses études », annonce le communiqué d'Hillary Clinton. « Mon calculateur pour l'université fera justement cela — en étant sûr que les familles ouvrières peuvent envoyer leurs enfants et proches à l'université, sans s'inquiéter des frais de scolarité ou en soulageant les étudiants qui se sont endettés. »

Les partisans de la mesure espèrent qu'elle donnera un coup de pouce à l'enseignement public et qu'elle rendra les universités aussi accessibles que les lycées publics.

Mais est-ce que la proposition de Clinton est possible financièrement ? Et politiquement ? S'agit-il de paroles en l'air ?

« La question du financement est très simple et j'irai droit au but », explique Sara Goldrick-Rab, professeure en politiques d'éducation supérieure et en sociologie à l'Université de Temple. « Nous pouvons le financer, absolument, et même aller au-delà. »

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La candidate démocrate n'a pas détaillé le financement de la mesure. Elle a seulement fait allusion à la taxation des hauts revenus et des fonds spéculatifs. Selon Mme Goldrick-Rab, ce n'est pas un problème. « Il y a beaucoup de pertes dans le système actuel et les gens l'ignorent, par exemple l'argent qui va vers des entreprises privées comme l'Institut technique ITT, qui vient de fermer », dit-elle. « Et bien sûr, l'éducation crée des vrais retours sur ce genre d'investissements. Ce serait rentable. »

Mais Robert Kelchen, professeur adjoint en éducation supérieure à l'Université de Seton Hall, n'y croit pas.

« Cette proposition ne va probablement jamais voir le jour », lance-t-il. « Le projet entier coûte plus de 500 milliards de dollars [Ndlr, environ 444 milliards d'euros] sur dix ans. Ce serait très difficile à faire passer au Congrès, sans une majorité absolue. »

Il y a aussi le risque que les États républicains ne jouent pas le jeu et refusent le partenariat avec le gouvernement fédéral. Pendant la campagne des primaires, Hillary Clinton avait déjà soulevé ce point face à Bernie Sanders.

M. Kelchen pense aussi que sa mise en oeuvre peut être contre-productive.

« La gratuité des frais de scolarité, c'est quelque chose qui peut finir par encourager les étudiants à entrer à l'université — mais ça pourrait également diminuer la présence des classes défavorisées dans les grandes écoles des États », a-t-il expliqué.

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Pour Mme Goldrick-Rab, cet argument est basé sur une fausse supposition, à savoir que la capacité des établissements n'augmentera pas. « Il y a eu des études prouvant que lorsque des États financent des universités locales, leur capacité connaît un bond. »

Elle estime cependant que le plan de Clinton n'est pas tout à fait solide. « Cette histoire de calculatrice est trop confuse, ce n'est pas bien expliqué. »

Côté républicain, Donald Trump n'a jamais rien dit sur ce sujet, mais son colistier, Mike Pence, est depuis longtemps entré dans une guerre contre le financement de l'éducation par l'État.


Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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