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Crime

Israël pourrait aider des rebelles syriens sur le plateau du Golan

Un nouveau rapport de l’ONU et des événements dont une équipe de reporters de VICE News a été témoin semblent indiquer qu’Israël aide des rebelles syriens dans cette région disputée.
Photo par Sebastian Scheiner/AP

D'après un nouveau rapport de l'ONU corroboré par l'équipe de VICE News qui s'est rendue sur place en novembre, Israël continue d'interagir avec les rebelles syriens du plateau du Golan et les autorise à passer la frontière. L'équipe de VICE News a été témoin d'autres événements qui n'ont pas été décrits dans le rapport de l'ONU.

Israël occupe le plateau du Golan depuis la guerre des Six jours en 1967, quand l'État hébreu a pris cette région à la Syrie. En 1974, une mission de maintien de la paix de l'ONU baptisée FNUOD (la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement) avait été mise sur pied pour contrôler la zone de désengagement longue de 80 kilomètres, qui séparait les lignes israéliennes « Alpha » et les lignes syriennes « Bravo ». Au plus étroit de la zone de désengagement, la distance entre les deux lignes peut être de moins d'un kilomètre.

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Un rapport du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon remis au Conseil de sécurité la semaine dernière relève plusieurs événements qui décrivent des prises de contact entre l'Armée de défense d'Israël (ADI) et des rebelles syriens. Le 27 octobre, des casques bleus de l'ONU ont pu voir des soldats de Tsahal ouvrir un portail et autoriser deux individus à passer des lignes syriennes Bravo aux lignes israéliennes Alpha.

Israël affirme n'autoriser le passage qu'aux blessés pour des motifs humanitaires, mais le rapport de l'ONU ne mentionne pas le fait que les individus étaient blessés d'une manière ou d'une autre, et indique qu'ils semblent être passés du côté israélien par leurs propres moyens.

En août dernier, les rebelles ont pris possession d'importants passages frontaliers, rendant pratiquement obsolète la zone dégagement à certains endroits. Au cours des combats dans certaines parties de la zone, des obus ont atterri en Israël, et l'ADI a répliqué en faisant feu au delà de la frontière. En septembre, Israël a abattu un avion de l'armée de l'air syrienne dont le pays affirme qu'il aurait dévié au delà des lignes Alpha. Dans son rapport, Ban Ki-moon affirme que d'après le personnel de l'ONU, l'avion n'est pas entré dans l'espace contrôlé par Israël et s'est écrasé côté syrien.

Le 28 août, Jabhat Al-Nosra, un groupe affilié à Al-Qaida, a capturé 45 casques bleus Fidjiens et tendu une embuscade à 72 casques bleus philippins. Après un échange de tirs avec les rebelles, les soldats philippins ont pu s'échapper. Le 11 septembre, Al-Nosra a relâché les Fidjiens. Après ces incidents, la FNUOD a replié le gros de ses troupes dans la partie contrôlée par Israël, à l'ouest des lignes Alpha.

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Dans son rapport de la semaine dernière, Ban Ki-moon indique qu'après l'évacuation, le personnel de la FNUOD a « observé sporadiquement des membres armés de l'opposition interagir avec l'ADI en franchissant la ligne de cessez-le-feu. »

Le secrétaire général de l'ONU a également rapporté que durant la retraite des troupes onusiennes, les casques bleus ne sont pas parvenus à sécuriser tout leur « matériel et équipement ». Laissé à l'abandon, ce matériel est susceptible d'être tombé entre les mains des combattants d'Al-Nosra qui contrôlent certaines parties de la zone de désengagement.

En novembre, VICE News a envoyé une équipe de tournage sur le plateau du Golan lieu des échanges décrits par l'ONU et les a filmés. Notre équipe a vu des soldats de l'ADI soigner des soldats syriens blessés. Ces soldats avaient les cheveux longs, une caractéristique que l'on attribue généralement aux membres d'Al-Nosra.

Une fois les patients stabilisés, les forces israéliennes les ont emmenés hors du Golan dans le territoire d'Israël. Dans un hôpital, VICE News a parlé à un patient qui a dit appartenir aux forces de l'armée syrienne libre. Il a dit qu'une fois rétabli il espérait retourner au combat en Syrie. L'armée syrienne libre serait l'alliée d'Al-Nosra dans certaines régions du Golan.

Le rapport de Ban Ki-moon n'est que le dernier en date à décrire le transfert de blessés de la Syrie vers un territoire sous le contrôle d'Israël. Dans un rapport de décembre 2013, l'ONU a déclaré avoir observé « au moins dix blessés transférés par des membres armés de l'opposition du côté Bravo à travers la ligne de cessez-le-feu vers l'ADI. » Les rapports, publiés tous les trois mois, disent à peu près la même chose. Parmi ceux qui ont traversé la frontière, on compte des bergers et des civils fuyant les bombardements, mais les rapports de l'ONU indiquent clairement que l'ADI et les rebelles syriens sont en contact pour des échanges coordonnés.

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Dans un rapport datant de juin, l'ONU a déclaré avoir observé « l'ADI du côté Alpha tendre deux boîtes à des membres armés de l'opposition sur la ligne Bravo. » On ne sait pas vraiment ce que contenaient ces boîtes.

Le gouvernement syrien s'est plaint de ce qu'il considère comme une tentative israélienne d'agir contre leurs militaires et de chasser l'ONU hors de la zone de désengagement. La présence de ces casques bleus dans le Golan a longtemps servi de rappel que la communauté internationale considère toujours ce territoire annexé comme faisant partie de la Syrie.

« Israël veut surtout que les casques bleus soient évacués du Golan occupé pour qu'ils n'aient plus à agir sous surveillance internationale, » a déclaré à des journalistes en septembre Bashar al Jaafari, l'ambassadeur syrien à l'ONU.

Dimanche, la Syrie a accusé Israël d'avoir bombardé des zones à l'extérieur de Damas, notamment près de l'aéroport international de la capitale syrienne.

« Cette agression est la preuve de l'implication directe d'Israël dans le soutien à des groupes terroristes en Syrie au côté de pays de la région et de pays occidentaux dont on sait qu'ils soutiennent des groupes terroristes, notamment Al-Nosra, » a déclaré l'armée syrienne dans un communiqué publié par l'agence de presse gouvernementale SANA.

Pendant ce temps, les forces de la FNUOD diminuent. En septembre, les Philippines ont retiré leurs 344 casques bleus - un quart de la présence onusienne - de la mission. Au début du mois de novembre, seuls 929 soldats originaires des îles Fiji, de l'Inde, de l'Irlande, du Népal et des Pays-Bas étaient présents.

Simon Ostrovsky et Andrew Glazer, journalistes à VICE News ont contribué à cet article. 

Suivez Samuel Oakford sur Twitter: @SamuelOakford