FYI.

This story is over 5 years old.

FRANCE

« Accueillez-moi en France », la France rejette la demande d'asile de Julian Assange

Le fondateur du site WikiLeaks a écrit au président de la République quelques jours après les révélations de FranceLeaks, dans un texte publié par Le Monde ce vendredi. La Présidence a répondu non.
Julian Assange le 18 aout 2014. Image via Wikimedia Commons / David G. Silvers

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, demandait ce vendredi matin l'asile à la France dans une lettre envoyée au président François Hollande, et publiée par le journal Le Monde. Sur les coups de midi, la présidence de la République française a fait savoir qu'elle ne pouvait pas donner suite à sa demande, arguant que la situation d'Assange ne présentait pas « danger immédiat ».

.— Aurélien Breeden (@aurelienbrd)July 3, 2015

Publicité

En réalité, Assange n'utilisait jamais dans cette lettre de 6 pages le terme d'asile, il demandait seulement à la France de « lui offrir la protection nécessaire contre, et exclusivement contre, les persécutions politiques dont [il fait] aujourd'hui l'objet. » Une sorte « d'appui diplomatique» selon le journal Le Monde.

Depuis désormais 3 ans, le ressortissant australien réside à Londres au sein de l'ambassade d'Équateur, où il a obtenu l'asile. Problème, Assange ne peut pas sortir de la résidence de l'ambassade, risquant une extradition. Il raconte ses conditions de vie dans la lettre adressée à François Hollande.

« J'y dispose de cinq mètres carrés et demi pour mes usages privatifs. L'accès à l'air libre, au soleil, m'a été interdit par les autorités du Royaume-Uni ; ainsi que toute possibilité de me rendre à un hôpital, » détaille Assange.

Julian Assange fait en effet l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour des accusations de viol et d'agression en Suède. Il pourrait donc être arrêté à tout moment par la police britannique, s'il sort de l'ambassade équatorienne.

Le fondateur de WikiLeaks s'était fait connaitre en 2010 en publiant une vidéo intitulée « Collateral murder » qui montre le meurtre de civils par des soldats américains en Irak. S'en était suivie la révélation de câbles diplomatiques américains, qui avait causé des maux de tête aux diplomaties du monde entier. 500 000 documents classés secret défense sur l'Irak et l'Afghanistan et 250 000 communications diplomatiques avaient été révélés. À ce titre il est aussi recherché par les États-Unis.

Publicité

Le 23 juin dernier, on apprenait grâce à WikiLeaks, au journal Libération et au site d'information Mediapart, que les trois derniers présidents français — dont François Hollande — avaient été espionnés par les États-Unis. Ces révélations, basées sur des documents de la NSA (National Security Agency), étaient suivies quelques jours plus tard par l'annonce du fait que la France avait été victime d'espionnage économique de la part des États-Unis — toujours selon des documents révélés par WikiLeaks.

À lire : FranceLeaks : D'autres révélations à venir

Ce vendredi, Assange en appellait donc au président français, rappelant : « Ma vie est aujourd'hui en danger, Monsieur le président, et mon intégrité, physique comme psychologique, est, chaque jour qui passe, un peu plus menacée. » Ainsi en lui accordant l'asile, la France ferait un geste « humanitaire » selon le fondateur de WikiLeaks.

Au long des 6 pages, il rappelle son attachement à la France, notamment parce que « son plus jeune enfant et sa mère sont français. » Il n'hésite pas à rappeler aussi que la France est un « pays engagé par toute son histoire dans la lutte pour les valeurs que j'ai faites miennes. »

Il y a quelques jours, Christiane Taubira, ministre de la Justice, avait déclaré qu'elle « ne serait pas choquée » si la France accueillait Assange ou Edward Snowden (l'autre lanceur d'alerte de la NSA, installé pour le moment à Moscou). Un point de vue qui n'est pas réellement partagé par le Premier ministre, Manuel Valls qui avait répondu que la « question ne se pose pas ». Quoi qu'il en soit, il revenait au président, François Hollande, de prendre une telle décision, décision prise donc ce matin, elle est négative.

À lire : FranceLeaks : comment les États-Unis espionnaient l'économie française

Suivez VICE News FR sur Twitter

Julian Assange le 18 aout 2014. Image via Wikimedia Commons / David G. Silvers